Des «ingérences» bénéfiques
Le directeur du département des études du Fonds monétaire international, Maurice Obsfeld, vient justement de lancer un appel aux «pays dont la marge de manoeuvre en matière de budget public se rétrécit, pour qu’ils mettent en place des politiques monétair
Le directeur du département des études du Fonds monétaire international, Maurice Obsfeld, vient justement de lancer un appel aux «pays dont la marge de manoeuvre en matière de budget public se rétrécit, pour qu’ils mettent en place des politiques monétaires et financières rigoureuses
La gauche et quelques partis centristes tunisiens qui ont été de tous les combats farouchement favorables aux multiples augmentations salariales, intégration d’employés précaires et mouvements revendicatifs à caractère social, en appui à l’Ugtt, se trouvent être, au même moment, les champions d’un rejet systématique de tout dialogue avec les deux grandes institutions financières et monétaires mondiales. Or, il s’agit d’institutions ayant couru à notre secours aux pires moments de la désarticulation post-révolution de notre économie et de nos finances. Et ces organisations de type bancaire tiennent à s’assurer que leur argent leur reviendra un jour, et le plus tôt possible. D’où leur attachement à nous souffler les moyens d’une bonne allocation des deniers publics et d’une bonne conduite de l’économie nationale. Ces institutions nous permettent de bénéficier de taux d’intérêt minimes, conseillent et encadrent nos institutions bancaires, nos économistes et nos politiciens. Le directeur du département des études du Fonds monétaire international, Maurice Obsfeld, vient justement de lancer un appel aux «pays dont la marge de manoeuvre en matière de budget public se rétrécit, pour qu’ils mettent en place des politiques monétaires et financières rigoureuses. Dans son article publié par le site électronique du FMI, le conseiller économique a insisté sur la «volonté des gouvernements de réduire leur déficit budgétaire et d’encourager les ménages à l’épargne, dans les pays où les comptes courants extérieurs sont en dessous du niveau requis». « Les réformes encourageant l’investissement et l’épargne, explique Obsfeld, peuvent favoriser, à travers l’effacement des obstacles devant l’accès au marché ou la solidification de la sécurité sociale, le retour à l’équilibre extérieur dans les pays ayant des taux d’intérêt excessifs». Et l’expert du FMI d’indiquer que l’amélioration de la productivité et des compétences de la main-d’oeuvre figure parmi les solutions les plus adéquates dans les pays qui enregistrent de forts déficits extérieurs.
Combattre les déficits externes excessifs
Obsfeld estime, par ailleurs, que les déséquilibres externes excessifs des pays du Sud — déficits ou excédents — présentent des risques pour les pays et pour l’économie mondiale. Une telle situation, a-t-il indiqué, peut fermer les portes de l’emprunt face aux ménages excessivement endettés, et les économies qui ont tendance à trop emprunter de l’extérieur, vu les forts déficits dans leur compte courant, pourraient encourir un arrêt soudain des flux de capitaux, ce qui pourrait provoquer une instabilité tant au niveau national que mondial. L’expert fait observer que les comptes courants des pays sont restés inchangés durant les cinq dernières années à hauteur de 3,25% du PIB mondial, sachant que les analyses du FMI montrent que près de 40% à 50% de ces comptes mondiaux sont excessifs et concentrés dans les économies les plus avancées. Nous voici, ainsi, aux prises avec des conseils et «ingérences» fort judicieux qui s’élèvent au rang d’encadrement de haut niveau. Un niveau qui aurait pu nous éviter mille catastrophes. Notamment la gigantesque dévaluation du dinar.