Belmadi nouveau sélectionneur
L’ancien capitaine des Fennecs succède à Madjer.
Le président de la Fédération algérienne de football (FAF), Kheïreddine Zetchi, a mis fin au feuilleton du sélectionneur national, en embauchant Djamel Belmadi à la tête de l’équipe nationale, en remplacement de Rabah Madjer. Après 40 jours sans sélectionneur, les choses se sont accélérées mercredi dernier à la FAF. Après l’échec des négociations qu’il a eues avec plusieurs techniciens, Zetchi s’est envolé pour Paris afin de rencontrer Belmadi et lui proposer de driver les Verts. L’accord entre les deux hommes a été conclu et la FAF s’est empressée d’annoncer la nouvelle sur son site internet récemment : « Djamel Belmadi est le nouveau sélectionneur de l’équipe nationale algérienne suite à l’accord trouvé entre lui et le président de la FAF (…) », écrit l’instance fédérale.
La Gambie comme baptême du feu
La FAF précise que l’ancien capitaine des Verts (20 sélections /5 buts) « signera très prochainement un contrat qui le liera à la FAF jusqu’à la Coupe du monde 2022, prévue au Qatar », sans évoquer les objectifs assignés à l’ex-coach d’Al-Duhaïl (Div.1 qatarie), ni la composition du staff technique qui l’assistera dans sa mission. L’annonce intervient à cinq semaines du match en déplacement face à la Gambie, comptant pour la 2e journée (Gr. D) des qualifications de la Coupe d’Afrique de nations 2019, dont la phase finale est prévue au Cameroun. Le feuilleton du nouveau coach des Verts a tenu en haleine l’opinion sportive et même les pouvoirs publics, représentés par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Hattab, qui a déclaré qu’il était « temps de nommer un nouveau sélectionneur » à la place de Madjer, dont la mission avait pris fin après à peine huit mois de collaboration. La Fifa vient de clôturer une édition plutôt réussie — selon ses critères évidemment — de son produit phare: la Coupe du monde. Loin de toutes les inquiétudes diverses qui s’accumulaient au-dessus de la Russie, Gianni Infantino peut se frotter les mains. « Il y a quelques années, j’avais dit que ce Mondial serait le meilleur de l’histoire et je peux aujourd’hui le dire avec conviction : c’est la meilleure Coupe du monde de tous les temps » . Gianni Infantino ne finira pas prof d’histoire, c’est certain. Mais d’une certaine façon, son emphase très soviétique se révèle à la mesure du bonheur qu’il doit ressentir et du petit sentiment de revanche qu’il éprouve envers ceux qui l’attendaient au tournant de cette première grande épreuve de son règne. En effet, point de hordes de hooligans semant la désolation dans les rues de Moscou. Des millions de touristes satisfaits. Aucune polémique politique — une opposition bâillonnée n’a, il est vrai, jamais gêné la Fifa — et le tsar Poutine fut même d’une discrétion peu habituelle, sûrement divinement étonné du parcours de sa sélection nationale. Sans oublier que l’élimination précoce des Allemands a évité d’avoir à gérer les relations houleuses entre Angela Merkel et son hôte potentiel. Les Britanniques ont eu le bon goût de leur côté de ne pas gâcher la fête avec leur imbroglio d’espions, mode guerre froide. Le foot a primé. Personne n’est venu rompre le charme.
Trafic d’influence
Seulement, il faut maintenant se projeter. Si en 2019, la version féminine dans l’Hexagone s’avèrera sûrement tout aussi paisible, la suite des festivités risque de laisser un arrière-goût amer après pareille fête. Dans quatre ans, en effet, le Mondial atterrira au Qatar, un joyeux cadeau légué par Sepp Blatter et son ami d’alors Michel Platini. Un choix qui demeurera sûrement dans les annales comme l’une des plus lourdes erreurs jamais commises par l’institution sise à Zurich. Et ce pour de multiples raisons qui vont progressivement véroler le monde du foot jusqu’en 2022. A peine avait-on débarrassé les bouteilles de champagne en Russie que la presse anglaise sortait un énième dossier à charge, affirmant que l’Emirat n’avait pas hésité à recruter d’anciens agents de la CIA pour miner la candidature de ses adversaires, dont les Etats-Unis... Si ces faits méritent d’être corroborés, ils s’inscrivent dans un flux tendu de révélations, entre corruption et trafic d’influence, qui entachent depuis des années cette étrange désignation. Rien de très nouveau, diraient les sceptiques, qui pensent qu’au bord des lacs helvètes, la probité a toujours été un concept à géométrie variable, mâtinée d’enjeux diplomatiques. A l’instar de toute multinationale, les actionnaires s’achètent, et les Etats les soudoient. Sinon comment expliquer qu’en dépit de la raison éthique et de l’évidence culturelle, le Qatar ait pu recevoir ce cadeau inattendu? Si la Russie de Poutine s’avérait aussi une décision stratégique et le fruit de rapports de force entre nations, sa légitimité en matière de football était sans commune mesure avec celle de Doha. Certes, les Qataris avaient depuis longtemps appuyé leur soft power sur la conquête du sport. Mais on ne pensait pas que la Fifa ne puisse y résister. Quant à l’argument d’enfin débarquer dans un pays arabe, on doit surtout penser du côté de Rabat que le vert du pétrodollar pèse davantage que celui du drapeau. Rien d’insurmontable pourtant pour Gianni Infantino. Presque la routine. Toutefois, les temps changent aussi. Le Qatar est par exemple la cible permanente des organisations des droits de l’Homme et des travailleurs, des syndicats et autres ONG, au sujet du sort, morbide, réservé aux travailleurs immigrés qui « disparaissent » pour que tout soit prêt en temps et en heure. Des centaines de cadavres, népalais, indiens ou autres (leur nombre reste encore impossible à connaître) qui vont continuer à en hanter les préparatifs. Certes, l’OIT (Organisation internationale du travail) prétend avoir obtenu des concessions importantes et elle a assuré que l’an prochain la terrible kafala, régime de quasi-esclavage imposé aux ouvriers étrangers, serait abolie. Une promesse qui tarde à se concrétiser pendant que les consulats signent les actes de rapatriement des corps. Enfin, dernier point noir : le décalage de la compétition, pour des raisons climatiques évidentes (qui veut jouer quand le thermomètre flirte avec les 50 degrés ?) en automne va inaugurer des phases de négociations et de conflits avec les grands championnats et gros clubs, essentiellement européens et pour le moins tendus. Il faudra, ensuite, se demander qui ira se faire rôtir, même dans des stades climatisés (bonjour les compétitions écoresponsables), dans un pays où ni l’alcool ni les réjouissances habituelles du supporter en goguette ne sont en odeur de sainteté. N’oublions pas, aussi, les tensions extrêmement vives entre le Qatar et ses voisins, surtout l’Arabie saoudite, avec pas très loin l’Iran dans le viseur US. Bref, un faisceau de suspicions, d’indignations et de rapports de force qui peuvent entraîner des campagnes de boycott, citoyennes ou étatiques, autrement plus virulentes et argumentées que par le passé, notamment en Europe.
Le triptyque Canada-USAMexique comme médicament
Depuis lors, toutes les décisions prises par la Fifa semblent des tentatives maladroites pour rattraper le coup. Une Ligue des nations aux allures de dédommagement financier pour l’Uefa. Une coupe à 48 dès 2026 pour élargir un peu le quota de l’Afrique sans entamer les positions du Vieux continent. L’attribution de cette même édition à un triptyque Canada-USA-Mexique, qui permet à la fois de se faire pardonner la précédente éviction en 2022, de donner l’impression d’un pied de nez « chicano » à l’internationalement impopulaire Donald Trump, et en même temps, de revenir dérouler l’événement phare du trademark Fifa en des terres plus accueillantes et sûres. D’ici là, Gianni Infantino aura le sommeil agité à chaque fois que son alerte Google tirera une occurence «Qatar/Mondial» de son chapeau.