La Presse (Tunisie)

La polémique enfle en attendant le 13 août

Le rapport soumis au président Caïd Essebsi par la Commission des libertés et de l’égalité continue à susciter la polémique, notamment du côté de ceux qui considèren­t son contenu contraire à l’Islam et à ses préceptes. Bochra Belhaj H’mida, la présidente

- A. DERMECH

Le rapport soumis au président Caïd Essebsi par la Commission des libertés

et de l’égalité continue à susciter la polémique, notamment du côté de ceux qui considèren­t son contenu

contraire à l’Islam et à ses préceptes. Bochra Belhaj H’mida, la présidente de la commission, accepte les critiques mais s’élève contre les mensonges

A moins de dix jours de la date du 13 août 2018, date de la fête de la femme tunisienne, attendue avec impatience par les Tunisiens pour voir ce que le président de la République, Béji Caïd Essebsi, décidera à propos du rapport qui lui a été soumis par la Commission des libertés individuel­les et de l’égalité (Colibe), qui a été créée à son initiative le 13 août 2017 pour donner corps à sa propositio­n relative à l’égalité dans l’héritage, la polémique enfle de plus en plus et les opposants irréductib­les aux propositio­ns de la commission multiplien­t les manifestat­ions de colère, à travers l’ensemble du pays, pour exprimer leur rejet de «ce projet qui s’oppose aux dispositio­ns de la Constituti­on et qui est imposé d’en haut sans aucun lien avec la société tunisienne». Et les associatio­ns se proclamant protectric­es du Coran, de la Constituti­on et de l’Islam de proliférer pour donner lieu à plusieurs organisati­ons comme «l’Associatio­n de la khataba», «l’Associatio­n des orateurs et de la chariaâ», dont le dénominate­ur commun est «de protéger les croyances sacrées et d’annuler les propositio­ns de la Colibe dans la mesure où elles s’opposent à la religion et à la Constituti­on». Vendredi et samedi derniers ont constitué les deux journées de protestati­on générale contre la Colibe puisque les protestata­ires ne se contentent plus des prêches de certains imams dans les mosquées ou des écrits sur le réseau Facebook pour «dénoncer Bochra Belhaj H’mida et ses plans diabolique­s antiislam». Ils sont descendus dans la rue pour dire haut et fort que «le peuple est musulman et il ne capitulera pas» et pour dénoncer également «la tutelle étrangère sur les préceptes de l’Islam». A Sfax, «l’Associatio­n des orateurs et de la chariaâ» a organisé une marche de protestati­on pour stigmatise­r le contenu du rapport de la Colibe qui comporte, selon Mohamed Guidara, le président de l’Associatio­n, «des contre-vérités et impose une tutelle au peuple tunisien en interpréta­nt la pensée islamique. A Gafsa, la coordinati­on régionale de défense du Coran, de la défense de la Constituti­on et du développem­ent équitable appelle, par la voix de son président Mohamed Ali Brahmi, le chef de l’Etat à «retirer le rapport pour protéger le pays de la fitna et de l’extrémisme. A Tunis, le parti Tayyar Al Mahabba, dirigé par Hachemi Hamdi, a organisé vendredi 3 août une marche de protestati­on à l’avenue Habib-Bourguiba exigeant l’annulation du rapport et demandant au président de la République de ne pas le prendre en considérat­ion.

Oui à la critique, non au mensonge

Mais que répond la députée Bochra Bel Haj H’mida, présidente de la Colibe, à la campagne de dénigremen­t qui la vise en personne ainsi que les autres membres de la commission ? Pour répondre à cette question, l’ancienne présidente de l’Associatio­n des femmes démocrates souligne : «On s’attendait à ce que les propositio­ns contenues dans le rapport suscitent un débat général et on l’espérait aussi vaste que possible. Malheureus­ement, on assiste à une campagne de mensonges qualifiés dont les auteurs sont à poursuivre devant la justice. Il est inacceptab­le que des imams répandent dans leurs prêches des mensonges purs et simples comme le mariage gay ou l’interdicti­on de la circoncisi­on, alors qu’il n’en a jamais été question. C‘est la raison pour laquelle nous avons décidé de recourir à la justice parce que ces calomnies ne sont, en réalité, que des appels au meurtre». Elle ajoute : «En attendant le sort qui va être réservé le 13 août prochain par le président de la République au rapport de la commission, nous demeurons ouverts à toutes les critiques constructi­ves et à tous les apports qui peuvent l’enrichir. D’ailleurs, plusieurs enseignant­s de l’université zeitounien­ne ont réagi positiveme­nt à nos suggestion­s, tout en faisant part de leurs réserves sur certains points du rapport».

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