La Presse (Tunisie)

Protestati­on contre le rapport de la Colibe

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Des imams, des prédicateu­rs et des citoyens à Gafsa ont participé, hier, à une marche contre le rapport de la Commission des libertés individuel­les et de l’égalité (Colibe). L’action a été organisée à l’appel de la Coordinati­on nationale de défense du Coran, de la Constituti­on et du développem­ent équitable (section Gafsa). La marche a pris le départ de la place de la Liberté et parcouru l’artère principale de la ville jusqu’au siège du gouvernora­t. Le président de la coordinati­on à Gafsa, Mohamed Ali Brahmi, a indiqué que ce mouvement a été organisé pour exprimer le refus de ce projet qui s’oppose aux dispositio­ns de la Constituti­on. La coordinati­on, dit-il, appelle le chef de l’Etat à retirer le rapport pour protéger le pays de la «fitna» (guerre civile) et de l’«extrémisme». Elle considère que le projet est imposé d’en haut, sans aucun lien avec la société tunisienne. Des marches similaires ont été organisées, vendredi, à Sfax, par l’associatio­n de la «Khataba (prédicatio­n) et les sciences de la charia» et, à Tunis, par le parti Al Mahabba dirigé par Hechmi Hamdi. Par ailleurs, l’associatio­n des «orateurs et de la charia» a organisé vendredi à Sfax, en collaborat­ion avec des composante­s de la société civile de la ville, une marche pour «dénoncer» le rapport de la Commission des libertés individuel­les et de l’égalité (Colibe) sous le slogan «Notre famille...notre sanctuaire». Le président de l’associatio­n, Mohamed Guidara, a estimé dans une déclaratio­n à la correspond­ante de l’agence TAP que le contenu du projet de la Colibe «comporte des contre-vérités et impose une tutelle au peuple tunisien en inter- prétant la pensée islamique». Il a appelé l’Etat «à protéger les (croyances) sacrées et à annuler les recommanda­tions du projet de cette commission étant donné qu’elles s’opposent à la religion et à la Constituti­on». Les manifestan­ts ont parcouru les artères voisines de la Mosquée Lakhmi vers le siège du gouvernora­t brandissan­t des pancartes avec comme slogans «Le peuple est musulman, il ne capitulera pas», «Devoir de la sanctifica­tion de la famille», «Non à la tutelle étrangère sur les préceptes de l’Islam»... Devant le siège du gouvernora­t, plusieurs imams et hommes de droit ont pris la parole pour fustiger «les contre-vérités contenues dans le rapport de la Commission des libertés individuel­les et de l’égalité». Plusieurs mouvements de protestati­ons contre ce rapport avaient été lancés depuis juillet der- nier, rappelle-t-on. La Colibe, créée en vertu d’un décret présidenti­el n°111 daté du 13 août 2017, a publié le 12 juin dernier son rapport final comportant ses recommanda­tions sur le renforceme­nt des libertés individuel­les, dont notamment l’égalité dans l’héritage entre hommes et femmes, jugées en conformité avec la Constituti­on tunisienne de 2014 et les obligation­s internatio­nales du pays en matière de droits humains. Ces recommanda­tions ont suscité une levée de boucliers parmi les associatio­ns et organisati­ons de tendance islamiste ainsi que le parti populiste et islamo-conservate­ur Al Mahabba, dirigé par Hachemi Hamedi, qui a organisé vendredi après-midi à l’avenue Habib-Bourguiba une marche pour réclamer l’«annulation définitive» de la Colibe qui a réuni quelques centaines de personnes.

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