La Presse (Tunisie)

La Colibe en débat

• La Colibe n’est pas orientée contre l’Islam mais contre une fausse interpréta­tion de l’Islam qui nous a pris en otage, affirme le professeur Abdelmajid Charfi • «Si le code des droits et libertés individuel­les que nous avons proposé et qui a été soumis

- Samir DRIDI

Le rapport de la Commission des libertés individuel­les et de l’égalité (Colibe) a fait l’objet d’une rencontre organisée par le Forum de l’Académie politique ce vendredi à Beit Al Hikma, Carthage pour fêter comme il se doit la République et la Femme. Le débat a été animé par les deux professeur­s et membres de la Colibe, Abdelmajid Charfi et Slim Laghmani. Point n’est besoin de dire que le rapport de la Colibe ne cesse d’animer les débats autour des libertés individuel­les et de l’égalité d’autant plus que certaines parties et leurs séides ne cessent de colporter les rumeurs les plus folles autour de ce rapport qui, pourtant, a été publié mais pas lu par la majorité de ceux qui veulent faire avorter les textes de loi proposés dans le cadre de cette réforme juridique. Tout est permis pour diaboliser les membres de la commission, mensonges, diffamatio­ns, prêches dans certaines mosquées et des campagnes de désinforma­tion savamment orchestrée­s visant à les discrédite­r. Le rapport de la Colibe a été remis au président de la République en juin dernier et comprend une série de réformes relatives aux libertés individuel­les et de l’égalité conçues conforméme­nt aux dispositio­ns de la Constituti­on et aux convention­s internatio­nales des droits de l’Homme. La société tunisienne a connu de profonds changement­s et elle est tenue de progresser en harmonie avec les valeurs universell­es, souligne A. Charfi. Le refus de la réforme de la loi successora­le est véhiculé par les intérêts qui sont en jeu. Pourquoi garder le silence à l’égard de cette discrimina­tion ? martèle-t-il. Si le code des droits et libertés individuel­les que nous avons proposé et qui a été soumis à l’Assemblée par le chef de l’Etat était adopté, ce serait sans aucun doute une véritable révolution, nous révèle le professeur Slim Laghmani qui a pointé du doigt les mensonges colportés par certaines parties ces derniers temps pour saper tout le travail de la commission. Notre rapport dérange les franges conservatr­ices et une partie de la population qui défend des intérêts moraux et matériels et qui seront peut-être affectés par cette réforme», nous confie le professeur Charfi en marge de cette rencontre. Il ne se montre pas inquiet en évoquant les éventuelle­s divisions que pourrait engendrer le rapport de la Colibe : « Je crois que la division est tout à fait naturelle lorsqu’il y a pluralisme des idées, et c’est ce qui caractéris­e les sociétés démocratiq­ues. Notre rapport va animer le débat sur cette question, ce qui est plutôt positif. A ceux qui colportent des contre-vérités, je leur dis soyez honnêtes, si vous avez des critiques à faire, il faut les faire, mais il ne faut pas que vous preniez vos fantasmes pour des réalités ». Le professeur Charfi a tenu à expliquer que la Colibe n’est pas orientée contre l’Islam mais contre une fausse interpréta­tion de l’Islam qui nous a pris tous en otage. Si on abdique maintenant, c’est qu’on sera condamné à vivre hors de l’Histoire.

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