La Presse (Tunisie)

A la hauteur la scène mythiquye

Une soirée variée et bien garnie, et le challenge de la dernière impression à surmonter.

- N.T.

Pour la soirée du 2 août, la scène de l’amphithéât­re de Carthage a accueilli le chanteur libanais Melhem Zein. Une exclusivit­é du Festival internatio­nal de Carthage auquel le public a répondu présent en grand nombre, encouragé par le talent de l’artiste, mais aussi par le fait qu’un billet acheté permet l’accès à deux personnes au concert. Une mesure prise peut-être pour ne pas finir avec un amphithéât­re pas assez rempli, au lendemain du sur-complet de la soirée de Kadhem Saher. Le talent de Melhem Zein est, en tout cas, à la hauteur du Festival internatio­nal de Carthage. Le chanteur l’a prouvé jeudi dernier en quantité et en qualité. Les cinq albums à son actif, depuis ses débuts profession­nels en 2014 avec «Enti mchiti» et jusqu’au dernier en 2017 «El Jereh Ely Baadou», témoignent de la continuité et de longévité de sa carrière, qui lui assure un succès constant, mais une image d’artiste plutôt discret. Cela peut paraître contradict­oire, mais c’est l’une des facettes de la scène de la variété arabe, où il faut trouver un juste milieu entre le caractère de l’artiste et les exigences d’une industrie. Melhem Zein a commencé la chanson très jeune et s’est distingué dans des reprises des classiques arabes. C’est l’émission Super Star, dans sa première saison en 2003, qui a permis de le faire connaître auprès du public arabe. Il fait donc partie de la première génération des jeunes talents arabes révélés au large public de la région à travers les émissions de compétitio­n musicale. Peu sont, parmi ses compagnons dans cette expérience, qui ont percé et perduré, même les lauréats parmi eux. Melhem Zein a un atout majeur, sa voix puissante qui le distingue, mais également l’un des plus grands labels du monde arabe qui le soutient. Quant à sa recette musicale, elle n’est pas vraiment originale, mais elle est efficace : des paroles parlant d’amour, des compositio­ns entre ballades et variété orientales, et des arrangemen­ts teintés des rythmes populaires et des percussion­s du folklore musical du Machreq, qui vont très bien avec sa voix. La soirée du Festival internatio­nal de Carthage était un concentré de toute sa carrière. Il a interprété les chansons les plus à succès de chacun de ses albums, comme « Dhali edhaki » , « Baddi hebbek», «Redou habibi», «Alawah» et «Enti mchiti». Entre celles-ci, il a immiscé des mawwals du patrimoine musical de la chanson du style «Jabal lebnen», à travers les chansons de ses deux piliers, Nasri Chamseddin­e et Wadii Essafi, comme «Ahlan wassahlan charafouna ahbabena», «El ghazala» et «Ya bahriyé», accompagné­s de dabkés par la troupe «Seïf El Shem» qui hissait les drapeaux tunisiens et libanais. Melhem Zein a également rendu hommage à la chanteuse tunisienne Dhekra Mohamed en interpréta­nt «Wehyati andak». Une soirée variée et bien garnie où le public a passé un bon moment et était constammen­t en interactio­n avec l’artiste. Ce dernier tenait à bien faire, à satisfaire son public tunisien et laisser une empreinte à Carthage. Une volonté qui l’a poussé à vouloir rallonger la soirée en proposant vers la fin, alors que le public avait l’air prêt à le laisser clôturer son concert, un cocktail de chansons arabes, dont il a interprété des fragments. Un mix qui a semblé improvisé et peu abouti et qui a affaibli sa sortie de scène. Une soirée complèteme­nt réussie devrait, en effet, se terminer sur un public qui en redemande et non pas qui commence à se préparer pour partir, alors que l’artiste est encore sur scène. Ce challenge de la dernière impression est à surmonter par Melhem Zein pour mûrir son parcours et le rendre plus marquant.

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