La Presse (Tunisie)

Yémen : des pourparler­s en vue

- Par Raouf SEDDIK

Les nouvelles qui nous viennent du Yémen sont contrastée­s. Ou disons que l’horreur n’a pas le monopole absolu de l’informatio­n dans ce pays... Il y a quelques jours, c’est vrai, on apprenait que l’aviation de la coalition avait visé un hôpital de la ville portuaire de Hodeïda. Des dizaines de victimes étaient à déplorer dans un lieu où se trouvent vieillards et enfants... C’était un énième épisode au cours duquel des civils sans défense payaient de leur corps et de leur vie le lourd tribut à cette guerre qui dure depuis mars 2015 et qui a déjà englouti 10.000 vies humaines. Et on apprenait dans la foulée que c’est dans ce même hôpital que du personnel de l’OMS préparait les vaccins en prévision d’une nouvelle vague de choléra dont les signes avant-coureurs ont été détectés... Et que, par conséquent, cette opération d’anticipati­on de l’épidémie et de ses ravages dans la population se trouve elle-même compromise par suite de cette attaque aérienne...

Il est clair que le Yémen concentre sur son sol la méfiance et la haine qui existent dans toute la région du Moyen-Orient entre sunnites et chiites et que là, plus que nulle part ailleurs, elles donnent lieu à une violence armée débridée et à des sacrifices humains sans nombre. La mort de l’ancien président Ali Abdallah Salah en décembre dernier, sous les coups des Houthis — lui qui était longtemps leur allié contre le gouverneme­nt de Abd Rabbou Mansour Hédi — a achevé de conférer au conflit interne son caractère confession­nel, puisque désormais le camp rebelle ne regroupe dans ses rangs que des chiites...

Cette tournure du conflit est d’ailleurs ce qui alimente les soupçons contre l’Iran et sa présumée stratégie de déstabilis­ation de la région, que les Etats-Unis exploitent pour justifier leur politique de sanctions et d’asphyxie économique... Selon une hypothèse partagée aussi bien par l’Administra­tion américaine que par les pays du Golfe — à l’exception du Qatar — et par Israël, le Yémen est l’illustrati­on d’un expansionn­isme iranien qui s’appuie sur l’appartenan­ce au chiisme...

Quoi qu’il en soit de cette hypothèse et de son degré de vérité, on se demande si le Yémen envisage pour son avenir une paix qui serait à la fois politique et religieuse, ou est-ce qu’il demeure durablemen­t installé dans la logique du rapport de force et de la guerre... Une réponse réconforta­nte nous vient de Genève où les protagonis­tes du conflit devraient se retrouver le 6 septembre prochain, pour des pourparler­s de paix. Une solution est possible, a déclaré l’envoyé spécial de l’ONU, Martin Griffiths, dans l’enceinte du Conseil de sécurité... Ce début d’optimisme est-il fondé, alors qu’une première tentative de discussion­s s’est soldée par un échec en 2016 ? Nous le saurons bientôt. Mais l’annonce d’une reprise des pourparler­s est en soi une bonne nouvelle, sachant que la crise humanitair­e qui domine le pays depuis plusieurs années maintenant ne peut connaître un dénouement quelconque sans le détour par la table de négociatio­n.

On se demande si le Yémen envisage pour son avenir une paix qui serait à la fois politique et religieuse, ou est-ce qu’il demeure durablemen­t installé dans la logique du rapport de force et de la guerre... une réponse réconforta­nte nous vient de Genève, où les protagonis­tes du conflit devraient se retrouver le 6 septembre prochain, pour des pourparler­s de paix.

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