Et s’il était bien l’homme de la situation ?
Ce technicien, connu pour son caractère sulfureux et ses colères au bord de la touche, est aussi réputé pour son savoir -faire.
La réaction, tout à fait respectable, de bien des personnes, techniciens affirmés ou… simples observateurs de la vie sportive, après la désignation de Faouzi Benzarti à la tête du staff de l’équipe nationale nous rappelle celle d’Abdelmajid Chetali : il avait été contacté, après la performance de 1978, par un officiel pour prendre en charge l’équipe égyptienne. Avec son humour habituel Chetali lui répondit «vous disposez de 70.000.000 de techniciens. Vous n’avez pas besoin de moi !». Il entendait par là qu’il était impossible de travailler dans un milieu où tout le monde se permet de se mettre dans la peau d’un technicien et où chacun a sa propre façon de voir les choses dans un football où le commun des mortels se prétend connaisseur. Et c’est vrai. Aussitôt l’information officielle donnée, ce fut un affolement aussi bien sur la Toile que dans les milieux où on pense qu’il est facile de refaire le monde.
C’était pour le moins qu’on puisse dire surprenant, car si nous remontons les différentes collections des médias, Faouzi Benzarti avait les faveurs d’une large frange des techniciens qui le défendaient (parce qu’ils n’aimaient pas tout simplement les fanfaronnades de son prédécesseur ?) et de la «population» sportive. Remettre en question cette désignation, à quelques mois d’intervalle est le moins que l’on puisse dire surprenant. En effet, ce technicien, connu pour son caractère sulfureux et ses colères au bord de la touche, est aussi réputé pour son savoir-faire.
Son expérience et ses résultats plaident en sa faveur
Il a réussi certes là où il est passé, mais les observateurs avertis et les vrais techniciens formés à bonne école sont d’accord pour relever qu’il est de ces professionnels, toujours hantés par les résultats, qui ont peu de patience pour former et attendre le meilleur rendement de la part d’un joueur, qui savent «gonfler» une équipe, en tirer le maximum avant de s’en aller. Le plus souvent, sur un coup de tête.
L’histoire ne pardonne pas. Ces frasques ne sont jamais oubliées par ceux qui parfois les subissent. Mais paradoxalement à cette constatation, Faouzi Benzarti, même s’il a réussi avec les meilleures équipes tunisiennes et étrangères, les titres qu’il a remportés ne sont quand même pas des titres virtuels, nous semble beaucoup plus un technicien qui pourra réussir avec une équipe nationale ! Pour une raison toute simple : il disposera de joueurs figurant théoriquement parmi les meilleurs de la place. Et comme c’est un gagneur, il est de ceux qui convoqueraient même le diable s’ils sont sûrs qu’il leur fera gagner un match. Autrement dit et… crûment, il n’acceptera jamais d’omettre de convoquer un Harbaoui, pour «obéir» à des consignes ou pour incompatibilité d’humeur. C’est un homme qui présentera sur-le-champ sa démission et partira en préservant sa fierté et son prestige.
Indépendamment de cet aspect, la préparation qui se fait au sein d’une équipe nationale n’a rien à voir avec celle que l’on fait dans un club. En équipe nationale, on «affûte» et on corrige sur le plan de la technique collective pour entrer dans le moule des stratégies mises en place. Cela revient à dire qu’on ne peut parler d’usure ou de fatigue générale. De toutes les façons, ce technicien au crépuscule de sa carrière, mérite qu’on lui fasse confiance. Ceux qui connaissent son savoir-faire le respectent. S’il est un tantinet conservateur lorsqu’il tient son onze, il sait aussi s’adapter. Son caractère de gagneur, sa façon de mobiliser ses troupes, sont des éléments qui plaident en sa faveur. Et nous devons lui faire confiance, car il est déraisonnable de commencer à mettre en doute sa capacité d’adaptation et son long parcours au service d’équipes prestigieuses, avant même qu’il n’ait eu pleinement sa chance.