Et l’évaluation du Mondial ? !
Comme d'habitude, des décisions hatives et des zones d'ombre autour de maintes questions. Mais, d'abord, a-t-on évalué ce Mondial raté ?
Pratiquement plus d’un mois après le dernier match au Mondial, et on n’a pas entendu parler du rapport d’évaluation confié à Youssef Zouaoui et à une commission restreinte. Ce rapport d’évaluation a-til été rédigé et, le plus important, discuté au niveau fédéral et puis communiqué aux médias ?
On en doute fort, d’autant que le départ précipité de Maâloul et l’arrivée «express» de Faouzi Benzarti montrent bien que l’on a voulu tourner une fois pour toutes la page du Mondial. C’est comme si on a voulu l’enterrer et mettre fin à toutes les attaques et critiques venant de partout.
Ce n’est pas la première fois que la sélection rate un mondial, et ce n’est pas la première fois aussi qu’on «enterre» la phase d’évaluation et qu’on change de sélectionneur sans que l’on comprenne pourquoi il s’en est allé et quel était son bilan. C’est typiquement tunisien et ça ne concerne pas seulement le football. On ne veut pas de «feedback» après une participation et savoir si ça a bien marché ou non, et le plus important pourquoi.
Youssef Zouaoui : un silence mystérieux
Le DTN est quelqu’un qui connaît très bien les rouages de la sélection et de la FTF. Actuellement, il est l’homme fort de la sphère technique, et l’homme de confiance de Wadï El Jary. L’ex-sélectionneur national (1984 et 1993) est celui qui a son mot à dire en ce qui concerne la sélection. Il était sur place en Russie, et, de par sa fonction de patron de la structure technique, c’est lui qui a assuré l’évaluation.
Mais jusqu’à maintenant, rien de concret et surtout un mystérieux silence de Zouaoui. Cette évaluation du mondial est-elle faite? Si oui, pourquoi la cacher? A-t-on peur de dire que le bilan est faible par rapport aux espérances? Que Maâloul a mal géré le mondial? Ou que c’est le niveau réel de nos joueurs qui restent moyens? Bref, la façon dont Faouzi Benzarti a débarqué comme étant le sauveur, et celui qui va mettre de l’ordre dans la maison, laisse des soupçons que l’on veut «oublier» ou «marginaliser» la question de l’évaluation. Pour l’histoire, Faouzi Benzarti est le 6e sélectionneur en 5 ans, en chiffre en dit long sur la précarité du métier au sélectionneur national. Wadï El Jary a joué intelligemment la carte Benzarti en ce moment précis, alors qu’il était pour la piste de sélectionneur étranger. Il a vu juste sur le plan «timing» et retombées politiques de sa décision. Il réussit à clore la page triste de Nabil Maâloul et satisfaire une partie du public de la sélection qui croit encore que les méthodes «archaïques» de Faouzi Benzarti vont améliorer les performances de l’équipe de Tunisie. C’est donc à Youssef Zouaoui en premier lieu de nous dire qu’est-ce qu’il a mis dans son rapport sur la participation de l’équipe de Tunisie au Mondial. C’est à lui aussi d’assumer ses responsabilités pour dire qui sont le fautifs et comment peut-on dépasser les problèmes et insuffisances. C’est à lui d’ouvrir les horizons du débat et d’évaluer l’expérience du football tunisien et pourquoi le championnat et la formation des jeunes traînent depuis des décennies. Celui qui pense que Maâloul et ses joueurs sont les seuls responsables de la mauvaise prestation contre l’Angleterre et la Belgique se trompent. On a été «ridicule» face aux meilleurs du monde parce que nos entraîneurs manquent de vécu et d’accès aux nouvelles méthodes de travail et qu’ils consacrent leur temps à «bavarder» sur les plateaux télé et sur les radios et journaux. C’est parce que nos joueurs traînent de terribles lacunes de formation à tous les niveaux et qu’ils partent sur les championnats européens avec le statut de «stars» gâtées qu ne veulent pas suer pour réussir. C’est parce que les championnats des jeunes et les équipes des jeunes aux clubs sont un vrai «folklore» où tout s’achète et se vend et où les vrais talents dans les parents ne sont pas cadres ou commerçants sont «grillés» et à leur place, les enfants «pistonnés» qui jouent mieux le foot avec les mains en «play-station» qu’avec les pieds. Tout cela, c’est à Youssef Zouaoui, qui a des années et des années d’exercice et de «postes» à la FTF, d’étudier et de discuter dans son fameux rapport d’évaluation d’après-mondial. Nous avons beaucoup de respect pour Youssef Zouaoui, mais là, son silence et sa «passivité» sont plus que suspicieux.
Pour l’histoire...
Maintenant que Benzarti a succédé à Maâloul, parti vite et à son gré au championnat qatari (son second pays), l’image est claire. Ce qui s’est passé est un feuilleton que nous avons évoqué il y a des mois. Après le nul au goût de défaite contre la Libye en novembre, Maâloul a vu sa cote baisser auprès d’El Jary. Ce dernier l’a rappelé à l’ordre après le stage de Qatar (limogeage de Nader Daoued et blocage du dossier Coulibaly). Maâloul aurait pu être remercié avant le Mondial au profit de Lamouchi, mais finalement il a obtenu la chance de continuer jusqu’au mondial. Son départ après le mondial était consommé depuis mai. Il s’est mis d’accord avec le club de «Dehil» en plein consentement du président de la FTF, qui a déjà choisi Benzarti à Moscou. Tout était arrangé avant et pendant le mondial. Ce qui s’est passé par la suite était une exécution d’un scénario concocté d’avance et qui a pratiquement «arrangé» tout le monde. Le «politique» l’a emporté sur le sportif en sélection. Les vrais dossiers de la sélection, on ne va pas les ouvrir, car ça traîne des polémiques. Et même si on ouvre ces dossiers et qu’on déclenche un débat, ceux qui vont intervenir vont-ils apporter leur contribution objectivement et sans chercher à régler des comptes ? Quelque temps après, Faouzi Benzarti, un nom qui se vend bien dans les médias, protégera la FTF et la DTN et permettra de clore le passage de Maâloul. Après un beau parleur (pas plus), voilà un monsieur émotif et qui charme une partie du public. Et c’est comme ça que la sélection évoluera. L’évaluation, ça sera casé dans les archives.