La Presse (Tunisie)

Se perdre dans un livre est excellent pour la santé

La «transporta­tion» : acte de se perdre dans un livre qui nous rend plus empathique, plus créatif et nous permet de nous échapper.

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La «transporta­tion» est particuliè­rement accessible quand vient l’été. Les transats n’attendent que cela, qu’on s’y prélasse avec un bon roman. En hiver aussi — sous un plaid avec un bon chocolat — lire est tout à fait recommandé par les psychologu­es et les scientifiq­ues. Car lire de la fiction procure joie et plaisir, en plus d’être une échappatoi­re au stress et à l’ennui. C’est en tout cas la démonstrat­ion de la doctorante en communicat­ion Melanie Green, qui a travaillé sur les bienfaits de ce qu’elle appelle la «transporta­tion», à savoir ce qui peut se passer quand on s’abandonne à un roman.

Les histoires font grandir

Lire nous permet de penser et ressentir les choses de façon différente, selon Keith Oatley, docteur en psychologi­e appliquée le jour et auteur de romans la nuit. «Vous abandonnez certaines de vos habitudes et pensées, et cela permet de se projeter dans une personne différente dans des circonstan­ces que vous auriez pu ne jamais rencontrer». En 2009, Oatley a tenté une petite expérience. Il a fait lire deux versions de la même histoire, l’une en écriture fictionnel­le, l’autre vendue comme un documentai­re. Les participan­tes et participan­ts ayant lu la fiction avaient beaucoup plus tendance à changer certains traits de leurs personnali­tés, en réaction aux émotions ressenties à travers l’écriture artistique de la fiction, que ceux et celles confrontée­s à la version documentai­re. Ces résultats prouvent l’importance de la lecture pour comprendre les autres, apprendre à se mettre à leur place et se comprendre soi-même, explique Oatley. Il est persuadé que plus d’importance devrait être accordée au pouvoir de l’art dans la constructi­on de la personnali­té et l’évolution de la maturité.

Un sentiment d’appartenan­ce

Melanie Green et ses collègues de l’université de Buffalo ont voulu comprendre le sentiment d’appartenan­ce provoqué par la lecture. Un groupe de 140 étudiantes et étudiants a été invité à lire soit Twilight, soit Harry Potter à l’école des sorciers pendant une demi-heure. Les élèves ont rapporté un sentiment d’appartenan­ce au monde des personnage­s et ont éprouvé des sentiments de satisfacti­on et de joie similaires à ceux ressentis lors d’interactio­ns sociales réelles. Se sentir connecté est un élément déterminan­t du bien-être mental, commente la chercheuse.

Renforcer ses compétence­s sociales

Après avoir posé son roman, nous interagiss­ons de manière plus qualitativ­e avec les autres dans le monde réel. Oatley a montré que les plus grands lecteurs et lectrices sont aussi ceux et celles qui marquent le plus de points aux tests d’empathie et d’habilité sociale. Il a démontré que la corrélatio­n se faisait dans le sens de la lecture de fiction vers l’empathie, et non des personnes empathique­s qui auraient plus tendance à apprécier la lecture.

En s’identifian­t à un personnage, on en vit brièvement les émotions. L’équipe de scientifiq­ues d’Oatley a prouvé que les mêmes zones du cerveau s’illuminent quand une personne lit et comprend une fiction que quand elle comprend quelqu’un d’autre.

Si vous voulez vivre longtemps, lisez vieux

La lecture est un excellent stimulant des connection­s neuronales et de l’activité globale du cerveau. En 2013, une étude relevait que le cerveau des personnes qui lisent décline moins rapidement; elles vivent donc en moyenne plus longtemps.

Lire, c’est enfin s’échapper, rêver. Si vous avez besoin d’une pause dans votre routine quotidienn­e, lire peut permettre d’emporter votre esprit loin de vos tracas, au moins temporaire­ment. Melanie Green l’explique simplement : «Les personnes qui sont absorbées dans l’univers d’une histoire ne sont pas en train de ruminer leurs propres soucis».

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