Une bataille toujours d’actualité
La Tunisie célèbre aujourd’hui la Journée nationale de la Femme dans sa 62e édition. Une exception tunisienne qui a porté haut l’étendard de la Tunisie moderne, libre et ouverte sur l’émancipation de la femme en tant qu’égale de l’homme en termes de droits et de devoirs. L’exception fait qu’en Tunisie la femme est célébrée deux fois l’an, le 8 mars avec la communauté internationale et le 13 août avec l’inédit (jusqu’à ce jour) Code du statut personnel, un legs historique de droits de la femme, de la famille et de l’enfant, né d’une dynamique réformatrice insolite qui a engagé une révolution de la société tunisienne avant même la proclamation de la République en 1957.
Depuis, du chemin a été parcouru par les femmes dans tous les domaines où elles ont grimpé tous les échelons. Et aujourd’hui, malgré les paradoxes, les manquements et les quotas encore indispensables pour permettre à la femme d’investir le champ politique et briguer les avantpostes du pouvoir, l’histoire de la Tunisie avec la femme est et demeure une histoire de vision stratégique et de construction continue d’une société moderne, malgré les tentatives successives de retour vers l’arrière sous le prétexte de son enracinement culturel
plus de soixante ans après la promulgation du Csp, les droits de la femme tunisienne demeurent au coeur d’un débat de société inachevé et d’une révolution aux relents identitaires
et religieux.
Et à ce titre, la fête de la Femme est célébrée cette année dans un climat de division, de protestation et de menaces contre le projet d’un nouveau code de la famille plus ouvert, plus audacieux et contre ses concepteurs. La publication en juin dernier du rapport de la Colibe a divisé les Tunisiens et remis au goût du jour l’ambiance « jihadiste » menaçante et les discours extrémistes et haineux qui ont marqué les années Troïka et qui ont contribué à sa capitulation.
Le discours de circonstance du président de la République est très attendu aujourd’hui. Un an auparavant, jour pour jour, le président de la République avait annoncé l’initiative et la création d’une commission pour réfléchir, consulter et associer les diverses compétences nationales pour proposer des idées pouvant faire avancer davantage les droits humains, notamment ceux de la femme, et les libertés individuelles. La responsabilité qui lui échoit aujourd’hui est à la dimension du fait historique. Il devra faire le bon choix, celui qui contribuera à calmer les ardeurs extrémistes, à réunir les Tunisiens autour de questions qui touchent les générations actuelles et futures et à donner à la Tunisie l’occasion d’engager une nouvelle révolution culturelle dans la sérénité.