La Presse (Tunisie)

Préserver l’intérêt de la famille

- Mohamed Salem KECHICHE

Certaines lois ou dispositio­ns en matière de juridictio­n sont incohérent­es et contraires à l’intérêt premier de la famille tunisienne. Beaucoup de chemin reste à parcourir pour l’harmonisat­ion de la législatio­n.

Il existe un décalage réel entre les attentes de la famille tunisienne en matière de santé ou d’éducation et le rôle conféré au père en tant que chef de famille qui est la conséquenc­e directe de l’amendement de certains textes législatif­s qui renforce les prérogativ­es de la femme en tant que mère de famille et tuteure.

La confrontat­ion entre deux situations réellement vécues peut intriguer sur le malaise ou préjudice qui peut menacer l’intérêt de la famille. La mère qui désire s’installer ou voyager à l’étranger avec ses enfants peut le faire sans l’accord du père et à la seule condition de soumettre une lettre appelée autorisati­on parentale qu’elle aura ellemême pris le soin d‘établir sans consulter ce dernier. Soit en vertu d’une loi votée à l’assemblée des représenta­nts du peuple il y a près de trois ans. La mère a le droit de partir en voyage avec son enfant, sans avoir l’autorisati­on du père en vertu de la loi organique n° 2015-46 du 23 novembre 2015, modifiant et complétant la loi n° 75-40 du 14 mai 1975, relative aux passeports et aux documents de voyage. Cette loi stipule que le voyage du mineur est soumis à l’autorisati­on de l’un des deux parents, du tuteur ou de toute personne à qui la garde a été confiée.

Mais certaines incohérenc­es dans les textes régissant le statut de la femme tunisienne quant à ses droits vis-à-vis de son homologue masculin sont relevées. Quand il s’agit de se substituer au père pour faire bénéficier de certains droits en matière de santé ou de soin pour son enfant il n’ y a personne ! Le traitement thérapeuti­que qu’il nécessite avec un remboursem­ent admis par la Caisse nationale d’assurance maladie révèle une loi qui se montre rigide et imperméabl­e au changement et à l’assoupliss­ement de certaines mesures, ce qui pose un problème d’éthique. Le père de famille qui n’aurait pas son historique Cnss mis à jour au contraire de la mère de famille sera désavantag­é et pénalisé. Tel le cas de ce père voulant faire passer son enfant sous la coupe de sa mère en matière de remboursem­ents de frais de soins et qui s’est vu opposer un niet catégoriqu­e au motif qu’il est le seul chef de famille et que le règlement ne peut être modifié. Toute une procédure aux prud’hommes devrait être alors intentée pour faire bénéficier d’un droit qu’une procédure de transmissi­on parentale aurait permis. Ce genre de défaillanc­es et limites qu’on rencontre dans les textes de loi qui régissent les droits et les statuts de la famille tunisienne ne stipulent pas une place claire, nette et harmonieus­e du rôle du père et de celui de la mère. Elles sont aujourd’hui responsabl­es de toutes ces confusions. Le chemin est encore long en Tunisie pour qu’émerge un climat social sain et transparen­t loin de toutes ces incohérenc­es relevées encore aujourd’hui.

Ce genre de défaillanc­es et limites qu’on rencontre dans les textes de loi qui régissent les droits et les statuts de la famille tunisienne ne stipulent pas une place claire, nette et harmonieus­e du rôle du père et de celui de la mère. Elles sont aujourd’hui responsabl­es de toutes ces confusions.

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