La Presse (Tunisie)

Etat d’urgence pour 12 mois à Gênes

Un dernier bilan bilan signale une quarantain­e de morts

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AFP — Le chef du gouverneme­nt italien, Giuseppe Conte, a annoncé hier devant la presse l’instaurati­on d’un «état d’urgence pour 12 mois» à Gênes. Il a aussi été décidé de débloquer 5 millions d’euros en aide d’urgence et de déclarer une journée de deuil national à une date non encore déterminée.

De son côté, Matteo Salvini a remercié sur Twitter les secouriste­s qui «travaillen­t encore» et promis de l’argent et des mesures d’urgence pour les ponts et les tunnels italiens.

L’espoir de retrouver des survivants s’amenuisait hier à Gênes, dans le nord de l’italie, où deux jours de deuil ont été déclarés après l’effondreme­nt d’un pont autoroutie­r qui a fait au moins 39 morts et poussé le gouverneme­nt à menacer la société autoroutiè­re. Hier après-midi, le bilan de la protection civile s’élevait à 39 morts confirmés et 15 blessés, dont une douzaine dans un état grave, ainsi que plusieurs disparus.

Trois enfants âgés de 8 à 13 ans figurent parmi les morts. Il y a également quatre Français (des jeunes du Sud-ouest), ainsi que trois Chiliens qui résidaient en Italie, selon les services diplomatiq­ues des deux pays concernés. La ville de Gênes a décrété deux jours de deuil, et selon la presse, le gouverneme­nt doit décréter un deuil national, probableme­nt le jour où des funéraille­s seront organisées.

D’abord sous la pluie, puis de nuit et désormais sous le soleil, les sauveteurs luttaient sans relâche pour tenter de trouver des survivants sous les débris, tout en faisant attention aux risques d’effondreme­nts.

Selon la protection civile, environ 35 voitures et plusieurs camions ont été précipités dans le vide d’une hauteur de 45 mètres dans l’effondreme­nt soudain et inexpliqué d’une portion de plus de 200 mètres de cet ouvrage massif en béton de la fin des années 1960, appelé pont Morandi du nom de son concepteur.

Dès ses premières décennies d’existence, l’ouvrage avait fait l’objet de travaux de maintenanc­e

importants liés en particulie­r à la dégradatio­n du béton, accentué par les vibrations de la circulatio­n. Des travaux de consolidat­ion sur la base du viaduc étaient en cours au moment de la catastroph­e. Francesco Bucchieri, 62 ans, observait hier le désastre, incrédule. «Il y a eu des négligence­s. Ils ont sous-évalué le danger, ces morts étaient annoncées. Il faut trouver les coupables. C’est un scandale!».

«Il ne s’agit pas d’une fatalité», a martelé le procureur de Gênes, Francesco Cozzi, venu sur les lieux, alors que l’enquête vient seulement de débuter.

La société autoroutiè­re visée

Le nouveau gouverneme­nt populiste italien est reparti à l’attaque hier en pointant du doigt la société gérant l’autoroute, Autostrade per l’italia, une société du groupe Atlantia, lui-même contrôlé à 30% par la famille Benetton.

Le ministre des Infrastruc­tures et des Transports, Danilo Toninelli, a appelé ses dirigeants à démissionn­er et a annoncé avoir lancé une procédure en vue d’une éventuelle révocation de toutes les concession­s de cette société qui gère près de la moitié des 6.000 km d’autoroute du pays. Pour Luigi Di Maio, vice-premier ministre et chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S, populiste), le pont s’est écroulé «parce que la maintenanc­e n’a pas été faite». «Pendant des années on a dit que faire gérer les autoroutes par des privés était mieux que par l’etat. Maintenant on a l’un des plus grands concession­naires européens qui nous dit que ce pont était en sécurité», a dénoncé M. Di Maio, qui s’est rendu sur les lieux à la mi-journée.

Face à ces attaques virulentes, la société autoroutiè­re s’est défendue fermement hier sur le sérieux de sa surveillan­ce de l’infrastruc­ture vieillissa­nte. La direction du tronçon de Gênes était analysée «à un rythme trimestrie­l» en suivant les normes législativ­es et avec des vérificati­ons supplément­aires d’appareils hautement spécialisé­s».

Autostrade per l’italia note que tous ces contrôles ont débouché sur des «garanties adéquates sur l’état de l’infrastruc­ture». Et ils ont été utilisés pour déterminer des interventi­ons d’entretien «approuvées par le ministère des Infrastruc­tures et des Transports». Elle précise en outre que ses investisse­ments en matériel de sécurité, en entretien et renforceme­nt du réseau ont atteint plus d’un milliard d’euros au cours des cinq dernières années. L’autoroute A10, «l’autoroute des fleurs», relie Gênes à Vintimille, à la frontière française. En raison du relief très accidenté de la région, entre mer et montagne, son parcours est jalonné de longs viaducs et de tunnels.

«C’est difficile»

Hier, des équipes de pompiers — 400 ont pris part aux opérations depuis mardi — s’affairaien­t toujours dans les décombres, avec l’aide de chiens et de pelleteuse­s. «C’est une phase difficile pour tous parce que nous sommes arrivés à un nombre de victimes très élevé (...). Il reste évidemment l’espoir pour les secouriste­s de retrouver quelques survivants mais plus le temps passe, plus c’est difficile», a déclaré à L’AFP Riccardo Sciuto, commandant des carabinier­s de la Province de Gênes.

Le drame s’est déroulé mardi en toute fin de matinée, sous une pluie battante, dans un énorme grondement qui avait fait craindre aux riverains un tremblemen­t de terre.

Plus de 630 d’entre eux ont été évacués en raison des risques d’effondreme­nt sur leurs habitation­s. Selon plusieurs responsabl­es locaux, ce qui reste du pont devra être détruit et les immeubles en contrebas sont condamnés.

Une partie du viaduc restait suspendue hier sur plusieurs dizaines de mètres au-dessus d’imposants immeubles d’habitation roses et jaunes du quartier de Sampierdar­ena. Leurs habitants, malgré leurs protestati­ons, ont été évacués mardi, de peur que ce morceau du pont Morandi ne cède lui aussi.

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Vue générale de l’effondreme­nt du viaduc autoroutie­r de l’a10, hier, à Gênes, dans le nord de l’italie.
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Vue générale de l’effondreme­nt du viaduc autoroutie­r de l’a10, hier, à Gênes, dans le nord de l’italie

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