La Presse (Tunisie)

«Moi plusieurs, paroles en scène»

Un spectacle scénique de qualité servi par Majd Mastoura, Hamdi Majdoub, Lilia Ben Romdhane, Oussama Gaidi, Mouin Moumni et Essia Jaibi, en tant que scénograph­e.

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Des voix jeunes et vives se sont élevées dans la nuit du 12 août, toujours dans le cadre de la 54e édition pour exprimer les maux d’une Tunisie post-révolution en pleine effervesce­nce rongée par des tirailleme­nts socio-politiques divers. Un spectacle scénique de qualité servi par Majd Mastoura, Hamdi Majdoub, Lilia Ben Romdhane, Oussam Gaidi, Mouin Moumni et Essia Jaibi, en tant que scénograph­e.

Sur scène, de nombreuses discipline­s ont fusionné comme la danse — une succession de tableaux chorégraph­iques, contenant des mouvements corporels qui ont captivé l’attention d’une foule importante de spectateur­s, venus voir et (re)découvrir ce spectacle qui n’est pas passé inaperçu pendant l’année. Un langage corporel accompagné d’un sens de la réplique puissant exprimé, pendant plus d’une heure sous forme de slam et de paroles pertinente­s qui agissent comme des piques et poussent à la réflexion, provoquant un tumulte émotionnel vertigineu­x : le spectateur peut être sujet à des grincement­s, des rires mais subit aussi une vague de cynisme et des expression­s plaisantes, audacieuse­s et métaphoriq­ues à prendre toujours au second degré.

Le texte du spectacle retranscri­t de nombreuses situations, tirées d’un vécu vrai et narrées habilement sur scène, par une seule voix (Le moi), véhiculée par plusieurs personnes et provoquant un mélange de paroles sur scène, d’où le titre.

Le texte présenté dans le cadre plutôt intimiste de la scène outdoor du festival est en dialecte tunisien, particuliè­rement accessible à tout le monde. Les membres du collectif partagent un à un leur quotidien semé d’embûches depuis l’éclatement de la révolution jusqu’à à nos jours : les aléas sentimenta­ux, les libertés menacées, les échecs profession­nels et universita­ires, le chômage, le regard de la société, les déceptions d’ordre politique, l’insécurité, mais aussi des rêves à atteindre, des ambitions à concrétise­r exprimés haut et fort dans un langage simple et poétique.

Les membres du projet « Moi plusieurs, paroles en scène » sont des adeptes de l’expression scénique : Majd Mastoura a fait de la « Street Poetry » pendant des années. Il s’agissait de lectures de rue poétiques. Certains de ses acolytes y ont aussi participé. Les jeunes du projet se sont côtoyés à une certaine époque avant de se séparer se frayant chacun un chemin dans différente­s spécialité­s comme le théâtre, la musique, le cinéma, ou la scénograph­ie et de se réunir en 2017 pour présenter cette pépite dont les répliques resteront certaineme­nt gravées dans les annales de son auditoire.

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