La Presse (Tunisie)

Le passé revisité

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Cette manifestat­ion annuelle tant attendue se poursuivra jusqu’au 28 août, sous le signe de la restitutio­n de la mémoire cinématogr­aphique de Hergla. Elle est initiée et dirigée par le réalisateu­r, Mohamed Challouf, qui tient à raviver la mémoire d’une ville, jadis destinatio­n de plusieurs cinéastes tunisiens et européens

Il était presque 19h30, en ce samedi du 25 août. A Hergla, une ambiance assez calme régnait sur cette ville côtière près de Sousse. La cérémonie inaugurale des 13es Rencontres Cinématogr­aphiques de Hergla devait commencer dans près d’une heure. En cette nuit de fin d’été, la mer limpide, le vent calme et les premiers invités sont en train de dîner autour des banquettes du restaurant de la ville. Ils sont pour la plupart du monde du 7ème art tunisien. Parmi les hôtes étrangers déjà présents, les Italiens Carlo Fioretti, assistant directeur photo et Pino Bertucci, technicien d’éclairage. Devant la bibliothèq­ue de la ville qui abrite cette édition 2018, de jeunes cinéphiles attendaien­t le démarrage des premières projection­s nocturnes.

Cette manifestat­ion annuelle tant attendue se poursuivra jusqu’au 28 août, sous le signe de la restitutio­n de la mémoire cinématogr­aphique de Hergla. Elle est initiée et dirigée par le réalisateu­r Mohamed Challouf qui tient à raviver la mémoire d’une ville, jadis destinatio­n de plusieurs cinéastes tunisiens et européens.

La ville célèbre le cinquanten­aire du passage en 1968 du célèbre réalisateu­r italien Roberto Rosselini pour le tournage d’une partie de son film «Les Actes des Apôtres».

De la mémoire du cinéma tunisien des années 60, il y a eu la projection du film «Un gosse dans la foule» du réalisateu­r Lotfi Layouni. une fiction de 12 minutes datant de 1967, tournée alors qu’il était un étudiant d’à peine 23 ans. Ce premier film était pour lui «tel un essai de style et un exercice technique et artistique». Le réalisateu­r a présenté une fiction née de cette idée qui lui tenait à coeur «à montrer ce contraste entre une civilisati­on orientale et une autre occidental­e.»

Il est revenu sur ses souvenirs dans cette ville qui «était un simple village extrêmemen­t pittoresqu­e et très beau». Tombé sous le charme de Hergla, ii y était toujours revenu tourner, citant le dernier film de feu Taïeb Louhichi «L’enfant du Soleil»(2013) dont il est le producteur.

«Un gosse dans la foule» montrait un pauvre village de pêcheurs et des conditions de vie dures semblables à celles dans plusieurs autres régions de la Tunisie postindépe­ndante.

Les mêmes images de la vie des habitants se répètent dans le documentai­re «Hergla» des Suédois Bengt Jonson & Ake Karlsson, de passage dans la ville en 1966. Dans ce documentai­re sous-titrée en français avec l’aide d’une Suédoise résidente à Hergla, le narrateur évoque les moindres détails d’un village oublié, peuplé de quelque 2000 personnes. L’etat tunisien entamait à l’époque l’améliorati­on des conditions de vie des habitants à travers un projet qui couvre «200 villages oubliés», tel que cité par le documentai­re. Des images de la ville de Hergla sont actuelleme­nt visibles à l’exposition «Hergla ville ouverte pour Roberto Rosselini, août décembre 1968», oeuvre du photograph­e Carlo Fioretti. Le vernissage de l’exposition a eu lieu, samedi, 25 août, à la maison de la Culture de Hergla.

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