Un «Mondial» des -19 en Tunisie, c’est bien, mais…
Lorsqu'un pays décide d'organiser un « Mondial », quelle que soit sa catégorie, il le fait dans le cadre de la politique qu'il s'est fixée. Ce n'est pas seulement le prestige que confère l'organisation qui compte, mais ce qu'on se propose de faire de cet événement. En prenant en charge ce « Mondial » des jeunes, que vise la Ftvb ? Le prestige ou la relance ?
Ainsi donc la Tunisie accueillera le Championnat du monde de volleyball masculin des moins de 19 ans en 2019, alors que l’egypte organisera le Mondial féminin des moins de 18 ans. Relevons au passage que l’on a tout fait pour insister sur la compétition masculine, alors que les féminines en ont eu pour leur grade. Elles ont été complètement ignorées. Comme d’habitude, elles passent au second plan et Dieu seul sait si nous y participerons et dans quelles conditions.
Cette décision prise par la Fivb émane de la nouvelle politique adoptée par cet organisme et qui consiste à soutenir les fédérations nationales qui « promettent » et à assurer la stratégie du président de la Fivb, le Dr Ary Graca, qui vise à encourager le développement du volley-ball en Afrique.
La procédure a commencé au début de 2017, lorsque le président de la Fivb était venu pour rencontrer le président du parlement tunisien Mohamed Ennaceur lors de sa visite en Tunisie pour soutenir la candidature du pays au Championnat du monde Fivb U19 2019.
La Tunisie en sera à sa onzième participation. Elle a pris part à cette compétition en 1975,1997, 1998, 2001, 2005, 2007, 2009, 2011, 20013 et 2017 avec plus ou moins de réussite. C’est ainsi qu’elle s’est classée 6e en 2009, 8e en 2001, 9e en 1997 et en 1999.
Mais ne gâchons pas cette … joie et avouons que cette marque de confiance ne peut que rejaillir sur le sport national tunisien et bien entendu sur le volley-ball en Tunisie.
Prestige et relance
Lorsqu’un pays décide d’organiser un « Mondial », quelle que soit sa catégorie, il le fait dans le cadre de la politique qu’il s’est fixée. Ce n’est pas seulement le prestige que confère l’organisation qui compte, mais ce qu’on se propose de faire de cet événement.
Dans ces mêmes colonnes, nous avions relevé il y a quelque temps que le volley-ball tunisien était en nette décadence. Les seniors sont certes présents là où il y a des compétitions qui comptent, mais hélas, depuis des années à l’ombre de leurs homologues égyptiens. Le volley-ball tunisien, qui était jadis la figure de proue de cette discipline dans le continent, s’est laissé rejoindre pas son principal adversaire, l’egypte, et parfois par l’algérie et le Nigeria qui représentent de véritables menaces. C’était tout simplement la conséquence d’un repli sur soi-même qui a enfermé les volleyeurs tunisiens dans un protectionnisme pur et dur au sein de leurs clubs d’abord, dans ses frontières ensuite. C’est le seul sport qui ne possède presque pas d’éléments de haut niveau international, alors que ce n’est pas le cas du football, handball ou même basketball.
En prenant en charge ce « Mondial » des jeunes, que vise la Ftvb ? Le prestige ou la relance ?
Si c’est le prestige, le tourisme tunisien en a besoin et avec l’assistance du département concerné, on peut dès à présent vanter le charme de la « destination Tunisie ». Nous pourrions faire de jolies recettes, mais…le volley-ball national n’aura rien à en tirer.
Si c’est la relance (c’est ce que nous souhaitons de tout coeur), conformément à un véritable programme d’action (il faudrait que la direction technique s’y mette sérieusement), cela nous enchante et sert les intérêts de cette discipline qui mérite et qui vaut bien plus que ces brèves apparitions dans quelques compétitions internationales.
Une situation alarmante
La situation du volley-ball tunisien est alarmante : elle est celle d’un pays qui s’adonne à ce sport en véritable amateur de loisirs: le championnat « cadets » englobe onze équipes divisées en trois poules. La catégorie des « minimes » en groupe treize, alors que les « écoles » ne comptent que douze. Ces dernières catégories constituent, en fait, les « réserves » de ces futurs mondiaux. Dans le nordouest du pays, on relève trois équipes cadets, autant en « écoles ». La situation des féminins est pire. On connaît beaucoup plus sur le volley-ball des plages que sur ce qui se passe dans les grandes compétitions nationales. Ce sont les mêmes équipes, les même prétendants, les mêmes informations qui animent la scène. On ne ressent aucune vie dans ce sport qui ne profite pas des avantages dont il pourrait se prévaloir. D’ailleurs, cette frénésie qui s’empare des jeunes à l’occasion du beach-volley n’a pas de suivi. Les équipes, qui s’y engagent une fois les tournois et la saison terminée, se perdent dans la nature. C’est un nombre important de jeunes qui sont voués au désoeuvrement sportif. Il y a pourtant bien des choses à en tirer, tout comme des équipes scolaires qui sont présentes dans toutes les régions du pays.
Spécialiser
Il faut certes des moyens et c’est à la fédération de défendre ses prétentions, son programme d’action et d’accroître le nombre de ses pratiquants. Avec de pareilles réserves, nous ne pouvons aller loin. C’est la raison pour laquelle nous appelons à la mise en place d’un programme de relance. Cela devrait être la condition qu’aura à poser la tutelle pour relancer cette discipline que nos jeunes apprécient, que notre public aime voir et que les jeunes côtiers pratiquent de manière naturelle. On devrait opter vers la spécialisation pour éviter aux sections de volleyball de se faire aspirer par les autres disciplines ou essayer de survivre en se suffisant des miettes. Les tournois de beach-volley devraient avoir lieu au moins pendant six mois de l’année dans les villes en bord de mer. Les scolaires devraient venir grossir les rangs des équipes civiles et non se recroqueviller dans leurs seuls établissements. De cette base de pyramide, on pourra mieux prospecter et enrichir les potentiels de ce sport. La DTN doit bouger et tirer le plus de profit de ce « Mondial ».