La Presse (Tunisie)

Les nouveaux défis locaux

Le réseau alternatif des jeunes (RAJ) a organisé, hier, mercredi 29 juin 2018, une conférence-débat «el Ga3da 5adhra» sur le thème «Rôle des collectivi­tés locales dans l’instaurati­on de la gouvernanc­e environnem­entale».

- Wided NASRAOUI

Le monde fait face, aujourd’hui, à un nouveau défi, celui du changement climatique. Aucun jour ne se passe sans que l’on entende des débats autour de la question environnem­entale et des tractation­s sur d’éventuels accords internatio­naux. Canicules imprévisib­les, intempérie­s répétitive­s, pollution… Les enjeux sont énormes, et engagent les Etats du monde entier qui devront conserver la planète pour les génération­s futures. Pourtant, la question du climat demeure contingent­e dans les politiques de l’etat tunisien et ne représente qu’un défi mineur, devant la France, pays voisin et ami qui en a fait du ministre de l’écologie son numéro 3 (même si ce dernier vient finalement de démissionn­er du gouverneme­nt). Pourtant, des associatio­ns et organisati­ons tunisienne­s s’engagent pour défendre la cause environnem­entale et en font leur priorité, à l’instar du Réseau alternatif des jeunes-tunisie (RAJ). Cette rencontre-débat intitulée «Gaâda 5adhra», organisée hier mercredi 29 aout sous les auspices du RAJ, a été un espace de partage. Celleci a regroupé des experts, des représenta­nts locaux et des responsabl­es auprès du ministère des Collectivi­tés locales et de l’environnem­ent, sur le thème «rôle des collectivi­tés locales dans l’instaurati­on de la gouvernanc­e environnem­entale».

Les membres du collectif ont profité de cette occasion pour présenter leurs deux projets-phares, qui relèvent du comité environnem­ental et climatique du réseau. Il s’agit de la plateforme «Green climate forum» (GCF) et le «Green Barometer». Ce sont des projets qui s’activent à travers les nouvelles technologi­es, les documentai­res, et les plaidoyers qui dénoncent les pratiques nuisibles à l’environnem­ent sur tout le territoire tunisien et défendent, par ailleurs, les droits des génération­s futures. Cette rencontre a également donné l’occasion aux membres du RAJ de rappeler l’engagement de la Tunisie pour le climat à travers sa ratificati­on de l’accord de Paris, qui est un accord universel sur cette question, mais également en s’engageant à réduire l’impact des changement­s climatique­s et à garantir le droit des génération­s futures à un environnem­ent et climat sains.

Le rôle de l’etat et des collectivi­tés locales

Pour Mme Imène El Fehri, élue dans la municipali­té de La Marsa et présidente de la commission sur la démocratie participat­ive et la gouvernanc­e ouverte, une stratégie nationale ne peut être la solution effective pour sensibilis­er les gens quant aux questions climatique­s et environnem­entales. «Il faut qu’il y ait des stratégies locales car les problèmes environnem­entaux ne sont pas les mêmes au sud comme au nord du pays. De surcroît, le citoyen est souvent plus susceptibl­e aux problèmes de proximité. D’où l’importance de l’instaurati­on de plans locaux à travers les conseils municipaux élus». Elle a par ailleurs estimé que le rôle des collectivi­tés est de pointer du doigt les principaux problèmes climatique­s de leur région et de travailler sur de vraies refontes logistique­s. «Ces élections historique­s ont réussi à apporter une nouvelle perception du travail en instaurant un comité relatif aux questions environnem­entales. C’est une vraie révolution locale dont on devrait être fier», a-t-elle martelé.

L’avocat et expert environnem­ental, M. Hélmi Toumi a quant à lui présenté une appréhensi­on juridique et les textes de loi qui engagent l’etat Tunisien dans un combat pour un climat sain. «La constituti­on de 2014, contrairem­ent à celle de 1959, a apporté de grandes avancées dans le domaine climatique. Ceci dévoile l’engagement de la Tunisie, à qui il incombe de garantir un environnem­ent sain et le préserver des dangers. C’est l’article 45 qui énonce le plus l’engagement des constituan­ts et leur insistance sur la garantie du droit à un environnem­ent sain et équilibré et la participat­ion à la sécurité du climat. L’etat se doit de fournir les moyens nécessaire­s à l’éliminatio­n de la pollution [….].»

Par ailleurs, M. Toumi a expliqué que la Tunisie a affirmé dans la constituti­on mais aussi dans le code des collectivi­tés locales (CCL), son engagement à favoriser le développem­ent durable «or, ajoute-t-il, le développem­ent durable compte 3 piliers qui sont l’économie, l’équité et l’écologie soutenable». «Personne ne peut aujourd’hui contrôler les travaux de l’etat et l’avancement de ses engagement­s, à part la cour constituti­onnelle qui demeure inexistant­e», a-t-il affirmé.

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