La Presse (Tunisie)

Je respecte l’intelligen­ce du spectateur

- Propos recueillis par Salem TRABELSI

Le nouveau spectacle de Jaâfar Guesmi porte le titre de « 3 en 1» et il aura lieu le vendredi 31 août au théâtre Sidi Dhafer à Sousse. A cette occasion, il nous a accordé cet entretien.

Avec ce spectacle, vous sortez du one man show. Pourquoi avez-vous choisi cette formule ?

L’expérience du one man show n’est pas de tout repos, c’est un travail vraiment ardu et périlleux. Le one man show n’est pas donné à tout le monde. J’étais le premier à avoir tenté l’expérience du genre après le succès de Lamine Nahdi avec un spectacle «L’un des nôtres» sur un texte de Mohsen Ben Nefissa, une mise en scène de Mohamed Mounir Al Argui et une production de Wahida Baltagi. C’est un travail qui a remporté un grand succès comme il a ouvert les portes aux autres expérience­s. Ensuite, j’ai présenté le plus long one man Show dans l’histoire de la Tunisie sous forme de feuilleton­s qui ont duré plus de dix ans devant des guichets fermés « Tounsi. com». Ensuite, l’expérience de Nescafé comedy show m’a poussé à réfléchir vers une autre direction qui n’est pas connue en Tunisie et dans le monde arabe. Il s’agit d’un théâtre Puzzlen, un ensemble d’idées et d’opinions avec des personnes et des personnage­s qui, malgré leur différence, représente­nt des points d’intersecti­on entre les génération­s d’hier et d’aujourd’hui entre le passé et le présent, tout comme la patrie de nos jours.

Selon vous, le spectateur est-il en train de consommer l’humour de manière primaire comme des blagues ou le considère-t-il comme un acte civilisate­ur qui élève l’homme ?

À mon sens, le spectateur est d’une grande intelligen­ce et il a une conscience éveillée devant ce qu’il regarde. Mon travail m’a confirmé que la comédie n’est pas un assemblage de blagues et de moyens pour faire de l’animation. La comédie est une prise de position, un point de vue, un message et un sens. La comédie ne naît pas du drame. La comédie est déjà un drame. Le problème aujourd’hui n’est pas la présence du public parce que le public assiste parfois en masse à des futilités. Nous travaillon­s sur un spectacle qui allie la présence massive du public et la conscience de celui-ci après le spectacle. Autrement dit, le nombre du public présent est de moindre importance que l’impression que lui procure ce spectacle. Le spectacle que nous allons présenter « 3 en 1» respecte l’intelligen­ce du spectateur, s’adresse à sa conscience et respecte sa pudeur. C’est très facile de faire un spectacle basé sur des suggestion­s sexuelles, religieuse­s ou politiques, mais cela n’est pas notre objectif. Ce n’est pas le rôle de l’art mais celui des cafés et des rues.

Donnez-nous un avantgoût de «3 en 1»

Il s’agit d’un monodrame qui parle d’un personnage qui, depuis plus de 3.000 ans, est né dans une famille qui vénère le sommeil à tout moment de la journée et surtout pendant la sieste. Un jour, il a voulu se rebeller contre cette tradition stupide et destructri­ce. La sieste est bien entendu un symbiose du farniente et de l’inaction… Le tout est bien sûr traité dans une comédie où on rit avec le spectateur sur notre vécu, mais on ne rit pas de lui à partir de notre position.

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