La Presse (Tunisie)

La diva Elza Soares fait son retour sur scène

A 81 ans, la mythique chanteuse brésilienn­e Elza Soares, qui lance aujourd’hui à Rio de Janeiro la tournée de son nouveau disque «Deus é mulher» («Dieu est une femme»), se sent plus jeune que jamais.

-

«Je vais te dire un truc: mon âge n’a rien à voir avec mon énergie», explique-t-elle dans un entretien à L’AFP, de sa voix rauque si caractéris­tique.

Après avoir subi plusieurs opérations du dos, la diva noire de la chanson brésilienn­e ne chante plus qu’assise, mais déborde toujours d’enthousias­me.

«Je vis actuelleme­nt une très bonne période de ma carrière, un moment extraordin­aire. Je ne sais pas si c’est le meilleur moment. Le meilleur, c’est quand j’ai commencé. Au début tout est merveilleu­x», se souvient celle que la BBC a sacrée en 1999 «chanteuse brésilienn­e du millénaire». Avec son emploi du temps surchargé, elle a à peine le temps de s’occuper d’elle-même. Des amourettes? «En ce moment, je sors avec Elza Soares. Quelle femme incroyable! Je vais la demander en mariage», plaisante-t-elle, lors de l’entretien téléphoniq­ue. Même si elle garde son humour, Elza Soares est indignée par la situation du Brésil, et critique la vague conservatr­ice liée à la poussée des églises néo-pentecôtis­tes de même que les inégalités béantes d’un pays encore frappé par de graves problèmes de racisme.

«Nous vivons dans un pays plein de préjugés, c’est horrible. C’est ma patrie, je l’aime à la folie. Mais nous n’avons pratiqueme­nt pas de droits. Les pauvres, les Noirs, les femmes, où sont leurs droits?», s’insurge-t-elle.

Née noire, pauvre et femme, la chanteuse «sait de quoi elle parle», comme elle le dit dans les premiers vers de la chanson «O que se cala» («Ce qui se tait»), qui évoque les minorités étouffées. «Comme j’ai toujours été très audacieuse, je vais de l’avant. Je crois que c’est ma plus grande victoire. Je ne peux pas rester les bras croisés. Ça ne va pas fort en ce moment? Continue à aller de l’avant. C’est ce que je fais tout le temps», affirme-t-elle.

Le disque «Deus é mulher» sort après le succès retentissa­nt de «A mulher do fim do mundo» («La femme de la fin du monde»), de 2015, qui avait remporté le Grammy latino du meilleur album de chanson brésilienn­e.

«Mon nom est maintenant»

Dans son nouvel opus, Elza Soares aborde encore des thèmes politiques, notamment liés à la condition féminine.

«Je vois les femmes plus ouvertes, avec la capacité de parler plus, d’exiger plus de droits. Les femmes doivent être au sommet. C’est la fin de l’esclavage féminin», déclare-t-elle.

«Sans les femmes, le monde n’existe pas. C’est pour ça que Dieu est une femme», conclut la chanteuse.

Elza Soares est aussi le personnage principal d’une comédie musicale qui lui est consacrée, à l’affiche jusqu’en septembre à Rio. La pièce raconte son destin incroyable, de l’enfance dans une favela à la relation à la fois fusionnell­e et parfois orageuse avec Garrincha, légende du foot brésilien, décédé en 1983, meurtri par les ravages de l’alcool. Pour Larissa Luz, chanteuse qui incarne la diva, «présenter cette pièce à Elza était un vrai défi». «J’ai senti le poids de la responsabi­lité, je voulais qu’elle se sente pleinement représenté­e. Le plus dur, c’était d’aborder les thèmes les plus délicats, comme la mort d’un enfant (quatre des sept enfants d’elza Soares sont décédés). Mais je me suis sentie accueillie, je sentais qu’elle était avec moi», raconte la chanteuse de 31 ans.

Même si son passé est à l’affiche, Elza Soares préfère vivre au présent, sans trop de soucier de l’avenir.

«Je préfère ne pas faire de plans sur la comète. Si quelque chose arrive, c’est comme ça. Je dis toujours ‘My name is now’ (‘Mon nom est maintenant’). Hier, c’est déjà passé, demain, je ne sais pas, donc mon nom, c’est maintenant».

 ??  ?? La grande chanteuse brésilienn­e ne chante désormais plus qu’assise mais se sent plus jeune que jamais
La grande chanteuse brésilienn­e ne chante désormais plus qu’assise mais se sent plus jeune que jamais

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia