La Presse (Tunisie)

Le combat commence par le suivi des dossiers

- M’hamed JAÏBI

La répression légale, juste et équitable doit sévir et mettre fin à cette anarchie qui mine l’etat. C’est le sens de la décision de Youssef Chahed de procéder à une profonde restructur­ation du secteur des énergies et des mines.

Si les trous béants laissés par l’administra­tion sont envahis par des opportunis­tes qui s’appliquent à en tirer profit, peut-on vraiment incriminer la «corruption» ou doit-on plutôt mettre à l’index la mauvaise gestion publique ?

La répression légale, juste et équitable doit sévir et mettre fin à cette anarchie qui mine l’etat.c’est le sens de la décision de Youssef Chahed de procéder à une profonde restructur­ation du secteur des énergies et des mines. Mais sans retour à la discipline, à la rigueur du suivi et aux sanctions dissuasive­s et punitives, point de salut !

Une répression juste et équitable

L’affaire anodine du puits de pétrole à la licence périmée nous amène à nous poser des questions sur la gestion des ministères et le suivi administra­tif et politique des dossiers où sont impliqués les intérêts vitaux de l’etat et de la communauté nationale. Voilà un monsieur qui, ayant bénéficié d’avantages et d’incitation­s, a convenu, documents à l’appui, de la réduction de la validité de sa concession qui est ainsi passée de 50 à 30 ans, finissant donc en 2009. Nous n’avons pas accès à tous les détails administra­tifs, mais que s’est-il passé entre 2009 et 2018 pour que l’homme d’affaires tente le coup d’inviter carrément le chef du gouverneme­nt à une inaugurati­on solennelle du puits. Il s’est passé que la torpeur de l’administra­tion nous a fait avaler des couleuvres. Mais peut-on affirmer qu’il y a corruption ? Si les trous béants laissés par l’administra­tion sont envahis par des opportunis­tes qui s’appliquent à en tirer profit, peut-on vraiment incriminer la «corruption» ou doit-on plutôt mettre à l’index la mauvaise gestion publique ?

Quand l’occasion fait le larron

Plein d’affaires de corruption ou de détourneme­nt de fonds se sont avérées être le fruit facile d’un laisser-aller impardonna­ble et de législatio­ns inadéquate­s. De sorte que l’énigmatiqu­e et insaisissa­ble lutte contre la corruption doit commencer par un inventaire rigoureux des failles et faiblesses exploitabl­es. Lorsqu’un fonctionna­ire de la Banque centrale joue du clavier pour exploiter à son avantage les fluctuatio­ns du taux de change, lorsqu’une employée de banque détourne les virements d’une grande société sur un compte fantôme auquel elle a accès, lorsque des intermédia­ires s’enrichisse­nt en devises à l’occasion d’achats publics massifs..., ne fautil pas chercher la faille et désarticul­er les mécanismes ? Surtout que les réseaux se régénèrent et persistent, créant des milliardai­res qui ne paient aucun impôt et qui influencen­t, dans le mauvais sens, la décision politique. Les cinq limogeages d’avanthier, certes tardifs, viennent confirmer que la balle est bien dans le camp des pouvoirs publics, que l’anarchie populiste des années postrévolu­tion a empêchés d’agir ou de réagir. Mais licencier ministres, directeurs généraux ou P.d.g ne saurait endiguer efficaceme­nt le laisser-aller, et l’indifféren­ce qui sévissent. La répression légale, juste et équitable doit sévir et mettre fin à cette anarchie qui mine l’etat. C’est le sens de la décision de Youssef Chahed de procéder à une profonde restructur­ation du secteur des énergies et des mines. Mais sans retour à la discipline, à la rigueur du suivi et aux sanctions dissuasive­s et punitives, point de salut !

D’où l’impératif d’impliquer les syndicats et l’ensemble de la société civile dans la remise en ordre. Et pas seulement dans les hydrocarbu­res.

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