La Presse (Tunisie)

Un Tunisien sur deux insatisfai­t du processus démocratiq­ue

84% des sondés n’avaient aucune informatio­n sur les élections municipale­s

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«Près de huit Tunisiens sur dix (79%) estiment que le pays est sur la mauvaise voie et 72% qualifient la situation économique de mauvaise ou de très mauvaise», a souligné, hier, Youssef Meddeb, fondateur et Directeur général de l’institut de sondage One to One for Research and Polling. Présentant les résultats de la troisième vague de l’afrobaromè­tre sur la démocratie et la gouvernanc­e en Tunisie, l’intervenan­t a précisé que le sondage a été effectué entre le 1er avril et le 5 mai 2018 sur un échantillo­n représenta­tif de la population composé de 1200 personnes, âgées de 18 ans et plus. Ces individus sont issus des milieux urbain et rural des 24 gouvernora­ts du pays, a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse à Tunis.

Meddeb a signalé que comparativ­ement aux vagues de l’afrobaromè­tre réalisées sur la Tunisie en 2013 et 2015, le soutien populaire au système démocratiq­ue a nettement baissé passant de 71% en 2013 à 46% en 2018.

Ainsi les résultats du sondage montrent que 62% des Tunisiens estiment que la Tunisie n’est pas un pays démocratiq­ue ou un pays démocratiq­ue qui connaît des difficulté­s cruciales. 29% des interviewé­s ont classé la Tunisie comme un pays non démocratiq­ue alors que ce taux était de 14% en 2015. En 2013, 71% des Tunisiens préféraien­t

la démocratie comme un système de gouvernanc­e et 78% rejetaient le régime de la dictature. En 2018, ces taux sont passés successive­ment à 46% et 51%. Près de 51% des individus sondés se sont dits insatisfai­ts du processus démocratiq­ue en Tunisie mais 64% soutiennen­t toujours l’option électorale pour le choix de leurs dirigeants. Toutefois, les résultats ont montré que 57% des citoyens n’étaient pas intéressés par les élections municipale­s et 84% n’avaient aucune informatio­n à propos de cette échéance. Les mêmes résultats ont révélé une baisse de confiance en l’instance supérieure indépendan­te pour les élections (Isie) puisqu’en 2015, trois personnes sur dix ont déclaré avoir totalement confiance en l’isie alors qu’en 2018 ce taux est de 16%. S’agissant de la perception du niveau des libertés, entre 45 et 55% des Tunisiens estiment qu’il y a une améliorati­on à tous les niveaux (pluralisme politique (55%), liberté de la presse et critique du gouverneme­nt (50%), libre opinion politique (47%), liberté d’adhésion aux mouvements politiques 45%).

Pour ce qui est du rapport de la religion avec la politique, les résultats du sondage ont montré que 29% des Tunisiens approuvent l’idée que le régime de gouvernanc­e soit inspiré de l’islam, 26 trouvent qu’il serait préférable que les hommes religieux

puissent occuper des postes publics dans l’etat, 25% considèren­t que la démocratie est contradict­oire par rapport aux principes de l’islam. 22% des interviewé­s pensent que dans un pays musulman, les non musulmans doivent bénéficier de moins de droits politiques et 54% des Tunisiens préfèrent que le pays soit gouverné par les lois civiles. Il ressort également du sondage que 58% des Tunisiens soutiennen­t la redevabili­té du gouverneme­nt alors que seulement 41% approuvent le pluralisme politique. Evoquant les trois premiers problèmes auxquels est confronté le pays, les personnes interviewé­es ont cité en premier lieu la gestion de l’économie 58%, le chômage en second lieu 37% et la corruption en troisième lieu 22%.

Selon Youssef Meddeb, l’évaluation négative du rendement du gouverneme­nt persiste notamment dans la résolution des trois principaux problèmes majeurs évoqués (la gestion de la situation économique 68%, la création d’emplois 80% et la lutte contre la corruption 65%).

A noter que l’objectif de l’afrobaromè­tre est de donner une voix au citoyen pour qu’il puisse s’exprimer. Les données recueillie­s sont ensuite soumises aux décideurs pour les aider dans l’élaboratio­n des politiques publiques, ajoute Meddeb.

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