Raids russes sur la province d’idleb
Les frappes aériennes ont tué 9 civils, d’après l’osdh.
AFP — Au moins neuf civils, dont cinq enfants, ont péri hier dans des raids russes contre la province d’idleb, dernier grand bastion insurgé du nord-ouest de la Syrie qui fait l’objet d’un ballet diplomatique pour éviter une offensive du régime, selon une ONG.
«Les avions russes ont de nouveau bombardé la province d’idleb après une pause de 22 jours», a indiqué à L’AFP le directeur de l’observatoire syrien des droits de l’homme (Osdh), Rami Abdel Rahmane. Selon l’osdh, les frappes ont ciblé 24 régions, tuant au moins neuf civils, dont cinq enfants appartenant à une même famille, et faisant dix blessés. Dans la ville de Mhambal, dans le sud-ouest de la province d’idleb, un grand incendie s’est déclenché dans une station-service touchée par un raid, alors qu’une équipe de secouristes s’efforçait de l’éteindre, a constaté un correspondant de L’AFP. Des avions de guerre survolaient toujours cette région dans l’après-midi, a-t-il ajouté.
Les avions russes ont pris principalement pour cible des secteurs du sud et du sud-ouest de la province, selon l’osdh, qui cite notamment Ariha, contrôlée par les rebelles, et Jisr al-choughour, dominée par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-cham (HTS, exbranche syrienne d’al-qaïda). Les raids interviennent «au lendemain des frappes rebelles contre des positions des forces du régime dans la province voi- sine de Lattaquié qui ont fait trois morts», selon M. Abdel Rahmane. La province côtière de Lattaquié est l’un des principaux fiefs du régime syrien dont est originaire la famille Assad.
Le régime de Bachar el-assad masse depuis plus d’un mois d’importants renforts aux abords de la province d’idleb et des poches adjacentes sous contrôle rebelle ou jihadiste, en vue d’une opération militaire d’envergure. Des bombardements sporadiques contre le bastion anti-assad avaient commencé le 10 août, avant de perdre en intensité. Moscou accuse les rebelles d’être à l’origine des drones envoyés vers la base militaire russe de Hmeimim, dans la province de Lattaquié, souvent abattus par les forces russes.
Selon les experts, une éventuelle offensive contre Idleb serait limitée et ne viserait que des secteurs périphériques, à proximité des zones tenues par le régime syrien. HTS contrôle environ 60% de la province, tandis que d’importants groupes rebelles islamistes y sont regroupés au sein du Front national de libération (FNL).
Le régime syrien cherche à reconquérir ce bastion après avoir chassé rebelles et jihadistes de plusieurs autres grands bastions qu’ils contrôlaient en Syrie. Selon L’ONU, une offensive contre Idleb pourrait faire jusqu’à 800.000 déplacés et provoquer «une catastrophe humanitaire».
Le conflit en Syrie, déclenché en 2011 avec la répression par le régime de manifestations prodémocratie, a déjà fait plus de 350.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.