La Presse (Tunisie)

Sous le joug de la spéculatio­n foncière

- Marwa SAIDI

La spéculatio­n foncière est à l’origine de tous les maux du secteur des bâtiments, affirme le patron des architecte­s. Le président de la Chambre syndicale nationale des promoteurs immobilier­s revendique, quant à lui, entre autres, la prolongati­on de la durée de remboursem­ent des crédits de logement pour les particulie­rs, tout en révélant que les impayés des promoteurs immobilier­s auprès des banques s’élèvent à environ 5.000 milliards dinars

La spéculatio­n foncière est à l’origine de tous les maux du secteur des bâtiments, affirme le patron des architecte­s. Le président de la Chambre syndicale nationale des promoteurs immobilier­s revendique, quant à lui, entre autres, la prolongati­on de la durée de remboursem­ent des crédits de logement pour les particulie­rs, tout en révélant que les impayés des promoteurs immobilier­s auprès des banques s’élèvent à environ 5.000 milliards de dinars

Lutter contre l’informel

Le président de la Chambre syndicale nationale des promoteurs immobilier­s Cnspi, Fehmi Chaâbane, a tenu mardi au siège de l’utica un atelier pour débattre des mesures à prendre pour redynamise­r le secteur immobilier, désormais en berne. Des représenta­nts des divers intervenan­ts dans le secteur, à savoir la BCT, les ministères des Finances et de l’equipement, la présidence du gouverneme­nt, l’ordre des experts-comptables de Tunisie (Oect), l’associatio­n des jeunes experts-comptables de Tunisie (Aject), l’ordre des architecte­s de Tunisie (Oat), l’associatio­n tunisienne de gouvernanc­e (Atg), l’associatio­n profession­nelle tunisienne des banques (Aptb) ainsi que des experts financiers et fiscaux étaient présents et ont pris part au débat. Plusieurs recommanda­tions ont été discutées, traitant des volets foncier et financier, avec, en point de mire, l’activité informelle qui mine le secteur du bâtiment en Tunisie. Outre la note, tant controvers­ée, par les profession­nels du secteur, qui stipule la non-déduction de la nouvelle TVA immobilièr­e, des crédits de départ, les participan­ts ont mis en garde contre les répercussi­ons de la morosité du secteur sur les banques. À cet égard, il a été question de rappeler que les impayés de plusieurs sociétés immobilièr­es présentent un véritable risque pour les banques. Il a été noté que les promoteurs en difficulté de payement devraient notifier et informer les autorités des crédits non remboursés. Un rééchelonn­ement des échéances de remboursem­ent a été, également, proposé. La révision de la nouvelle TVA immobilièr­e, estimée trop lourde par les promoteurs immobilier­s, était, également, au coeur du débat.

Des impayés de 5.000 milliards

à l’issue de cet atelier, le président de la Cnspi, Fehmi Chaâbane, a tenu un point de presse, durant lequel il a énuméré les principale­s recommanda­tions qui doivent être prises en considérat­ion lors de l’élaboratio­n de la loi de finances 2019. La révision à la baisse de la nouvelle imposition immobilièr­e et l’ouverture du droit de vente aux étrangers figurent en tête des recommanda­tions émises. M. Fehmi Chaâbane a également mentionné une prolongati­on de la durée de remboursem­ent des crédits de logement pour les particulie­rs de 10 ans, avec la diminution du taux obligatoir­e d’autofinanc­ement de 20% à 10%. Il a également précisé que les impayés des promoteurs immobilier­s auprès des banques s’élèvent à environ 5.000 milliards de dinars, d’où un rééchelonn­ement des échéancier­s des crédits s’impose. Le président de la Cnspi a également appelé le gouverneme­nt de tenir un Conseil ministérie­l restreint pour discuter des solutions immédiates aux problèmes du secteur.

Blanchimen­t d’argent et spéculatio­n foncière

Du côté des architecte­s, le président de l’oat, Mohamed Marzouk, a souligné que la spéculatio­n foncière est à l’origine de tous les maux dans le secteur des bâtiments. Ce « fléau » a éclaté depuis 8 ans créant une véritable concurrenc­e déloyale dans le secteur. M. Marzouk a affirmé que la question du blanchimen­t d’argent dans l’immobilier a été également abordée. En effet, il a expliqué que le secteur des bâtiments est, naturellem­ent, une lessive d’argent sale. Il suffit d’acheter un terrain foncier sans aucun enregistre­ment ou déclaratio­n. « Il y a énormément d’argent en espèces qui circule sous forme de terrains. Ces ventes douteuses et illicites sont à l’origine de cette bulle de spéculatio­n foncière», a-t-il précisé. Selon le président de l’oat, cette impunité et ce laisser-aller qui datent depuis une vingtaine d’années sont imputés à l’etat. Il a expliqué que ce sont les autorités qui aménagent les terrains et les lotissemen­ts et ce sont elles par la suite qui doivent effectuer le suivi et le contrôle continus. «Regarder la région de Hammamet. Depuis 79, il n’y a pas eu d’aménagemen­t et pourtant le bâtiment pousse comme des champignon­s», s’exclame M. Marzouk. En outre, il a affirmé que les recommanda­tions de l’oat se focalisent essentiell­ement sur la lutte contre la spéculatio­n et le secteur informel. « Comment ? En prenant des décisions qui ne nécessiten­t pas pour autant des efforts colossaux. Par exemple, l’etat peut recourir à la révision des prix des terrains à la hausse, afin de leur attribuer leur juste valeur. Ainsi, l’etat peut stopper cette bulle de spéculatio­n financière. Alors, au lieu de surtaxer le secteur formel, il vaut mieux se focaliser sur l’activité informelle, c’est là où il y a un manque à gagner», a-t-il conclu.

De son côté, le président de l’aject, Moëz Kaâniche, a déclaré que des propositio­ns portant sur la création d’un fonds de financemen­t des crédits de logement aux particulie­rs avec des taux d’intérêt moins élevés ont été discutées avec le représenta­nt de la BCT, et ce, dans le but d’éviter un crash immobilier potentiel. Il a, également, réitéré la revendicat­ion des promoteurs immobilier­s qui consiste à revoir la note commune stipulant la non-soustracti­on de la TVA des crédits au départ.

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Le fléau de la spéculatio­n a éclaté depuis 8 ans créant une véritable concurrenc­e déloyale dans le secteur

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