La Presse (Tunisie)

Un cessez-le-feu précaire

La trêve semble globalemen­t respectée par les groupes armés impliqués dans les combats qui ont fait au moins 63 morts et 159 blessés depuis le 27 août, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé

-

AFP — L’annonce par L’ONU d’un fragile cessez-le-feu près de Tripoli ne résout pas les dissension­s entre les multiples groupes armés en l’absence d’une solution pérenne au chaos, dans un pays où la communauté internatio­nale semble naviguer à vue, selon des analystes. Malgré des échanges de tirs sporadique­s dans la soirée d’avant-hier, au sud de la capitale, ce cessez-le feu semble globalemen­t respecté par les groupes armés impliqués dans les combats qui ont fait au moins 63 morts et 159 blessés depuis le 27 août, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé. Les analystes jugent toutefois cette trêve très précaire, et la Mission de L’ONU (Manul), qui affirme avoir rassemblé avant-hier tous les belligéran­ts, a elle-même admis le caractère minimalist­e de sa démarche.

La réunion «ne visait pas à résoudre tous les problèmes de sécurité de la capitale» mais à «s’accorder sur un cadre» pour des pourparler­s plus larges, a-t-elle commenté.

AFP — L’annonce par L’ONU d’un fragile cessez-le-feu près de Tripoli ne résout pas les dissension­s entre les multiples groupes armés en l’absence d’une solution pérenne au chaos, dans un pays où la communauté internatio­nale semble naviguer à vue, selon des analystes. Malgré des échanges de tirs sporadique­s dans la soirée d’avant-hier, au sud de la capitale, ce cessez-le feu semble globalemen­t respecté par les groupes armés impliqués dans les combats qui ont fait au moins 63 morts et 159 blessés depuis le 27 août, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé.

Les analystes jugent toutefois cette trêve très précaire, et la Mission de L’ONU (Manul), qui affirme avoir rassemblé avant-hier tous les belligéran­ts, a elle-même admis le caractère minimalist­e de sa démarche. La réunion «ne visait pas à résoudre tous les problèmes de sécurité de la capitale» mais à «s’accorder sur un cadre» pour des pourparler­s plus larges, a-t-elle commenté.

Issu d’un accord politique libyen (APL) signé fin 2015 au Maroc sous l’égide de L’ONU, le gouverneme­nt d’union nationale (GNA) a échoué à mettre en place des forces de sécurité unifiées et a continué à s’appuyer sur des milices, pour sa sécurité et celle de la capitale.

Les grandes milices tripolitai­nes se sont dès lors transformé­es en cartels, infiltrant les cercles du pouvoir politique et de l’économie.

Il est en particulie­r reproché au GNA de ne pas avoir mis en oeuvre des «arrangemen­ts de sécurité» de l’accord de 2015, qui prévoyaien­t le départ des groupes armés des grandes villes et l’intégratio­n des miliciens dans des forces de sécurité régulières.

«Statu quo insoutenab­le»

«Les combats ont bouleversé ce qui constituai­t un statu quo insoutenab­le à Tripoli», affirme à L’AFP Wolfram Lacher, chercheur à l’institut allemand de politique internatio­nale et de sécurité (SWP). Coauteur d’un récent rapport intitulé «capitale des milices», il relève que des groupes armés de certaines villes ont constaté leur mise à l’écart «dans l’accès aux richesses et au pouvoir» dans la capitale.

Les combats au sud de Tripoli ont ainsi opposé des groupes venus, notamment, de Tarhouna et de Misrata à des milices tripolitai­nes théoriquem­ent sous l’autorité du GNA. Pour M. Lacher, «bien que catastroph­iques, les combats actuels ont aussi ouvert une fenêtre d’opportunit­é pour négocier des arrangemen­ts de sécurité plus durables à Tripoli». Mais «cette opportunit­é peut se refermer rapidement», car «le cessez-le-feu est très fragile et le risque d’une nouvelle escalade est réel», prévient-il.

L’ONU «pourrait aider à superviser de tels arrangemen­ts», à la condition qu’ils se doublent de négociatio­ns politiques et du soutien actif des pays occidentau­x, dit encore M. Lacher.

«Nouveau plan de sécurité»

Mais «il semble évident que la communauté internatio­nale, après avoir failli à toutes ses obligation­s envers la Libye, est aujourd’hui impuissant­e et dépassée par les événements», affirme Karim Bitar, directeur de recherche à l’institut des relations internatio­nales et stratégiqu­es (Iris). Tahar El-sonni, un conseiller de Fayez al-sarraj, chef du GNA, a fustigé ceux qui ont «failli, selon lui, à leurs promesses» de mettre fin aux divisions, et demandé des comptes à ceux qui veulent saper le processus politique en Libye, sans mentionner de noms.

«Au-delà d’un cessez-le-feu immédiat, il faut maintenant un nouveau plan de sécurité pour la capitale et une forme de remaniemen­t politique», juge Claudia Gazzini, du centre de réflexion Internatio­nal Crisis Group (ICG).

Omran Khalil, un analyste libyen, déplore toutefois la politique à courte vue de la communauté internatio­nale dont la priorité est, selon lui, de «préserver ce qui reste du GNA».

Dans une déclaratio­n commune publiée avant-hier soir, les Etatsunis, la Grande-bretagne, la France et l’italie ont réaffirmé leur soutien à ce gouverneme­nt.

Sept ans après la chute de la dictature de Mouammar Kadhafi au terme d’une interventi­on armée, ils n’en continuent pas moins de diverger sur les origines du chaos, et les moyens d’y remédier.

Avant-hier, le ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, a lancé une nouvelle charge contre Paris. La France, qui pousse à l’organisati­on — illusoire à ce jour — d’élections d’ici la fin de l’année, s’est défendue de toute visée personnell­e sur l’ancienne colonie italienne, dont les ressources pétrolière­s aiguisent les convoitise­s.

 ??  ?? Un site visé par un tir de mortier à Tripoli, le 30 août 2018
Un site visé par un tir de mortier à Tripoli, le 30 août 2018

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia