La Presse (Tunisie)

Dialogue national sur la violence

- Par Abdelkrim DERMECH

LA proliférat­ion des actes de violence et des agressions gratuites au sein aussi bien de l’espace public que de l’espace privé a pris, ces dernières semaines, une telle ampleur qu’on craint maintenant pour la sécurité et la stabilité du pays. Un parti politique, l’union populaire républicai­ne, a appelé, hier, dans un communiqué rendu public, à lancer un dialogue sérieux au sujet de la propagatio­n de la violence au sein de la société.

Quand les auteurs des actes de violence agissent au su et au vu de tout le monde en ayant la conscience qu’ils ne seront pas sanctionné­s pour leurs dérapages et leurs dérives et quand les agents sécuritair­es sont humiliés lors de l’accompliss­ement de leurs tâches sans que personne ne réagisse, on est en droit de se demander où va le pays. Et de tirer la sonnette d’alarme sur les lendemains sombres qui nous attendent à la lumière du sentiment de démission quasigénér­ale des institutio­ns de l’etat censées imposer la discipline et le respect de la loi.

S’agit-il d’une fausse approche que certains Tunisiens se font de la pratique de la liberté à laquelle le pays a accédé, pratique qui confond malheureus­ement liberté responsabl­e et dépassemen­ts à caractère corporatis­te, régional ou même familial?

La question est à poser sérieuseme­nt lors d’un dialogue national où les participan­ts auront pour mission de décortique­r pourquoi les Tunisiens ont perdu leurs traditions de tolérance, de modération, d’écoute et de respect de l’opinion contraire et du vivre-ensemble dans la considérat­ion et l’estime partagés.

Poser sérieuseme­nt la question de la violence verbale et physique et interpelle­r les acteurs politiques et sociaux à imaginer les solutions appropriée­s font partie intégrante de la crise dans laquelle s’est empêtrée la Tunisie depuis plusieurs mois.

Le débat national auquel appellent certaines composante­s de la société civile sur l’hydre de la violence et de l’insécurité constitue un acte de prise de conscience citoyenne intervenan­t à point nommé, dans la mesure où la poursuite du phénomène risque d’aggraver la situation sociale menacée d’explosion à tout moment, crise économique et politique aidant.

N’est-il pas temps de réagir avant qu’il ne devienne impossible au cas où persistera­it la démission actuelle?

S’agit-il d’une fausse approche que certains tunisiens se font de la pratique de la liberté à laquelle le pays a accédé, pratique qui confond malheureus­ement liberté responsabl­e et dépassemen­ts à caractère corporatis­te, régional ou même familial?

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