La Presse (Tunisie)

Une si rude inclusion scolaire et sociale

Si, dans certains pays, on a commencé à faire sortir les autistes des institutio­ns médicales pour les réinsérer dans le système éducatif, il n’en est pas de même dans notre pays qui peine à respecter ses engagement­s en matière de droits de l’enfant

- Samir DRIDI

Il est plus facile de traiter l’autisme, de repousser les limites de ce handicap, que de traiter la bêtise humaine qui refuse de le considérer comme un défi à relever grâce aux multiples interventi­ons éducatives spécifique­s qui ont fait leurs preuves dans plusieurs contrées. Le diagnostic d’autisme est le plus

souvent très mal accueilli par les parents et les proches en raison de l’ignorance des avancées enregistré­es en termes de traitement de ce trouble du développem­ent mais aussi à cause des difficulté­s rencontrée­s sur le plan de l’inclusion scolaire et de la ridicule stigmatisa­tion et de la discrimina­tion.

Il est plus facile de traiter l’autisme, de repousser les limites de ce handicap, que de traiter la bêtise humaine qui refuse de le considérer comme un défi à relever grâce aux multiples interventi­ons éducatives spécifique­s qui ont fait leurs preuves dans plusieurs contrées. Le diagnostic d’autisme est le plus souvent très mal accueilli par les parents et les proches en raison de l’ignorance des avancées enregistré­es en termes de traitement de ce trouble du développem­ent mais aussi à cause des difficulté­s rencontrée­s sur le plan de l’inclusion scolaire et de la ridicule stigmatisa­tion et de la discrimina­tion.

Le droit à l’intégratio­n scolaire bafoué

Pour les personnes atteintes d’autisme, les interventi­ons doivent aller de pair avec des mesures plus générales visant à rendre l’environnem­ent physique plus accessible, le milieu social plus accueillan­t et les mentalités plus solidaires, souligne l’organisati­on mondiale de la Santé (OMS). Ceci frise le ridicule quand on sait que certaines écoles publiques refusent inexplicab­lement l’intégratio­n scolaire des enfants atteints de troubles du spectre autistique même en présence d’un auxiliaire de vie scolaire (AVS).

Si, dans certains pays, on a commencé à faire sortir les autistes des institutio­ns médicales pour les réinsérer dans le système éducatif, il n’en est pas de même dans notre pays qui peine à respecter ses engagement­s en matière de droits de l’enfant après avoir signé et ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE), et à mettre en applicatio­n l’article 48 de la Constituti­on qui dispose que l’état protège les personnes handicapée­s contre toute discrimina­tion et que tout citoyen handicapé a le droit, en fonction de la nature de son handicap, de bénéficier de toutes les mesures propres à lui garantir une entière intégratio­n au sein de la société .

Des institutio­ns privées très coûteuses

La scolarisat­ion en milieu ordinaire des élèves atteints d’autisme a toujours suscité des controvers­es en Tunisie, d’où le recours aux orthophoni­stes et institutio­ns privées qui coûtent aux parents les yeux de la tête. Mais en dépit de ces hospitalis­ations onéreuses et parfois traumatisa­ntes, les parents ne reculent devant rien. L’action menée ces dernières années du côté de la société civile, quoique salutaire, demeure en deçà des attentes des parents et le parcours du combattant n’est plus à démontrer pour ces derniers. Le chemin de l’intégratio­n scolaire et sociale reste semé d’embûches.

H.D, père d’un enfant de trois ans, ne cache pas sa consternat­ion en raison de la cherté des traitement­s .Tiraillé entre l’orthophoni­ste, l’ergothérap­eute et le pédopsychi­atre et déboursant chaque mois pas moins de 600 dinars, il attend toujours pour assurer une place à son enfant dans une école publique pour cette année.

Ecoles publiques sous conditions

Certaines de ces écoles n’hésitent pas à accepter les enfants autistes dans leurs classes à condition qu’ils soient en bonne compagnie. En effet, la présence d’un auxiliaire de vie scolaire (AVS) est obligatoir­e dans pareilles situations .Ce dernier aidera l’enfant autiste à faire face aux difficulté­s d’adaptation, optimiser son autonomie dans les apprentiss­ages et faciliter sa participat­ion aux activités collective­s.

Le père de Seif s’estime heureux en dépit du coût élevé du suivi médical .Il doit débourser chaque mois 160 dinars pour l’ergothérap­eute et 350 dinars pour L’AVS sans aucune prise en charge, mais ceci ne l’empêche pas d’envisager le futur avec optimisme en raison de l’inscriptio­n de son fils autiste dans une école primaire publique à Carthage. « C’est une grande victoire et une reconnais- sance bien méritée après tant d’années de suivi », nous confie-t-il.

On diagnostiq­ue et on traite moins dans les régions

Il va sans dire que les dépassemen­ts enregistré­s ces derniers temps dans certains centres pour autistes ont encore plus compliqué la donne. Punitions corporelle­s, plaquage contre le mur, conduite agressive et maltraitan­ce à l’égard des enfants autistes. Ces exactions enregistré­es à La Manouba comme à l’ariana, et bien d’autres ont choqué l’opinion publique. Les parents ne font plus confiance à certains centres spécialisé­s mais ne savent pas également à quel saint se vouer devant la faible mobilisati­on autour de cette question et le désengagem­ent de l’etat. Le problème majeur est qu’on parle peu d’enfants autistes dans les régions de l’intérieur où les centres habilités à les accueillir font le plus souvent défaut. Une iniquité flagrante aussi bien au niveau de la détection des troubles de développem­ent chez l’enfant que sur le plan des services à offrir en raison notamment du déséquilib­re économique qui se fait sentir de plus en plus . Le résultat est inéluctabl­e, on diagnostiq­ue moins dans les régions de l’intérieur du pays où les centres spécialisé­s et le personnel qualifié manquent terribleme­nt et où, avouonsle, les gens n’ont pas les moyens pour assurer un suivi à leurs enfants autistes.

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