Une si rude inclusion scolaire et sociale
Si, dans certains pays, on a commencé à faire sortir les autistes des institutions médicales pour les réinsérer dans le système éducatif, il n’en est pas de même dans notre pays qui peine à respecter ses engagements en matière de droits de l’enfant
Il est plus facile de traiter l’autisme, de repousser les limites de ce handicap, que de traiter la bêtise humaine qui refuse de le considérer comme un défi à relever grâce aux multiples interventions éducatives spécifiques qui ont fait leurs preuves dans plusieurs contrées. Le diagnostic d’autisme est le plus
souvent très mal accueilli par les parents et les proches en raison de l’ignorance des avancées enregistrées en termes de traitement de ce trouble du développement mais aussi à cause des difficultés rencontrées sur le plan de l’inclusion scolaire et de la ridicule stigmatisation et de la discrimination.
Il est plus facile de traiter l’autisme, de repousser les limites de ce handicap, que de traiter la bêtise humaine qui refuse de le considérer comme un défi à relever grâce aux multiples interventions éducatives spécifiques qui ont fait leurs preuves dans plusieurs contrées. Le diagnostic d’autisme est le plus souvent très mal accueilli par les parents et les proches en raison de l’ignorance des avancées enregistrées en termes de traitement de ce trouble du développement mais aussi à cause des difficultés rencontrées sur le plan de l’inclusion scolaire et de la ridicule stigmatisation et de la discrimination.
Le droit à l’intégration scolaire bafoué
Pour les personnes atteintes d’autisme, les interventions doivent aller de pair avec des mesures plus générales visant à rendre l’environnement physique plus accessible, le milieu social plus accueillant et les mentalités plus solidaires, souligne l’organisation mondiale de la Santé (OMS). Ceci frise le ridicule quand on sait que certaines écoles publiques refusent inexplicablement l’intégration scolaire des enfants atteints de troubles du spectre autistique même en présence d’un auxiliaire de vie scolaire (AVS).
Si, dans certains pays, on a commencé à faire sortir les autistes des institutions médicales pour les réinsérer dans le système éducatif, il n’en est pas de même dans notre pays qui peine à respecter ses engagements en matière de droits de l’enfant après avoir signé et ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant (CIDE), et à mettre en application l’article 48 de la Constitution qui dispose que l’état protège les personnes handicapées contre toute discrimination et que tout citoyen handicapé a le droit, en fonction de la nature de son handicap, de bénéficier de toutes les mesures propres à lui garantir une entière intégration au sein de la société .
Des institutions privées très coûteuses
La scolarisation en milieu ordinaire des élèves atteints d’autisme a toujours suscité des controverses en Tunisie, d’où le recours aux orthophonistes et institutions privées qui coûtent aux parents les yeux de la tête. Mais en dépit de ces hospitalisations onéreuses et parfois traumatisantes, les parents ne reculent devant rien. L’action menée ces dernières années du côté de la société civile, quoique salutaire, demeure en deçà des attentes des parents et le parcours du combattant n’est plus à démontrer pour ces derniers. Le chemin de l’intégration scolaire et sociale reste semé d’embûches.
H.D, père d’un enfant de trois ans, ne cache pas sa consternation en raison de la cherté des traitements .Tiraillé entre l’orthophoniste, l’ergothérapeute et le pédopsychiatre et déboursant chaque mois pas moins de 600 dinars, il attend toujours pour assurer une place à son enfant dans une école publique pour cette année.
Ecoles publiques sous conditions
Certaines de ces écoles n’hésitent pas à accepter les enfants autistes dans leurs classes à condition qu’ils soient en bonne compagnie. En effet, la présence d’un auxiliaire de vie scolaire (AVS) est obligatoire dans pareilles situations .Ce dernier aidera l’enfant autiste à faire face aux difficultés d’adaptation, optimiser son autonomie dans les apprentissages et faciliter sa participation aux activités collectives.
Le père de Seif s’estime heureux en dépit du coût élevé du suivi médical .Il doit débourser chaque mois 160 dinars pour l’ergothérapeute et 350 dinars pour L’AVS sans aucune prise en charge, mais ceci ne l’empêche pas d’envisager le futur avec optimisme en raison de l’inscription de son fils autiste dans une école primaire publique à Carthage. « C’est une grande victoire et une reconnais- sance bien méritée après tant d’années de suivi », nous confie-t-il.
On diagnostique et on traite moins dans les régions
Il va sans dire que les dépassements enregistrés ces derniers temps dans certains centres pour autistes ont encore plus compliqué la donne. Punitions corporelles, plaquage contre le mur, conduite agressive et maltraitance à l’égard des enfants autistes. Ces exactions enregistrées à La Manouba comme à l’ariana, et bien d’autres ont choqué l’opinion publique. Les parents ne font plus confiance à certains centres spécialisés mais ne savent pas également à quel saint se vouer devant la faible mobilisation autour de cette question et le désengagement de l’etat. Le problème majeur est qu’on parle peu d’enfants autistes dans les régions de l’intérieur où les centres habilités à les accueillir font le plus souvent défaut. Une iniquité flagrante aussi bien au niveau de la détection des troubles de développement chez l’enfant que sur le plan des services à offrir en raison notamment du déséquilibre économique qui se fait sentir de plus en plus . Le résultat est inéluctable, on diagnostique moins dans les régions de l’intérieur du pays où les centres spécialisés et le personnel qualifié manquent terriblement et où, avouonsle, les gens n’ont pas les moyens pour assurer un suivi à leurs enfants autistes.