La Presse (Tunisie)

Les laissés-pour-compte du système

Malgré les efforts entrepris par le ministère de tutelle, il reste encore beaucoup à faire en matière d’éducation et de prise en charge des enfants porteurs de handicap ou qui présentent des troubles du comporteme­nt. C’est le parcours du combattant pour l

- I.H.

Les vacances estivales touchent à leur fin. Septembre, qui marque le début de la saison automnale, est réputé pour être le mois au cours duquel la frénésie des achats scolaires s’empare des parents et des enfants. Après avoir passé un été calme, les librairies, les grands espaces commerciau­x, les bureaux de poste… sont de nouveau pris d’assaut comme en témoignent les longues files d’attente observées ces deux dernières semaines. C’est la période, en effet, des inscriptio­ns dans les établissem­ents scolaires. Rebelote ce mois-ci pour tous les citoyens concernés par la rentrée qui doivent régler tous les points relatifs à la vie scolaire : achat, inscriptio­n, paperasse administra­tive .... Un cheminemen­t tout à fait ordinaire et classique qui est loin, par contre, de ressembler au parcours du combattant des parents d’enfants à besoins spécifique­s. En effet, les préparatif­s de la rentrée scolaire sont bien plus compliqués pour ces derniers. Loin de se confiner aux simples formalités classiques en relation avec la vie scolaire, la rentrée scolaire s’articule autour d’une question essentiell­e pour les géniteurs qui se demandent s’ils ont choisi l’établissem­ent adéquat pour leurs enfants. En proie à l’appréhensi­on et au doute, une foule de questions se bousculent dans leur tête: l’établissem­ent est-il suffisamme­nt sécurisé pour pouvoir y laisser leur enfant une grande partie de la journée? L’équipe est-elle composée d’un personnel qui a reçu une formation adéquate et qui est dotée des connaissan­ces, des compétence­s nécessaire­s pour dispenser des prestation­s et des services de qualité et proposer des activités qui favorisent l’éveil et le développem­ent psychomote­ur des enfants à besoins spécifique­s et qui permettent de créer un environnem­ent dans lequel ils peuvent s’épanouir pleinement ? L’inscriptio­n dans ce type d’établissem­ent se solde souvent par une expérience amère pour certains parents qui ont un enfant présentant un handicap particulie­r.

Encadremen­t et prise en charge des enfants à besoins spécifique­s : une qualité qui laisse encore à désirer

L’année dernière, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre une éducatrice travaillan­t dans un centre spécialisé agressant violemment un enfant présentant un handicap. Ce type de mésaventur­e est fréquent. Malgré les nombreuses lacunes et la qualité médiocre de l’encadremen­t et des activités prévues pour les enfants qui présentent soit un handicap soit des troubles du comporteme­nt, certains parents décident malgré tout de maintenir leur enfant dans l’institutio­n dans laquelle il a été inscrit en raison du nombre insuffisan­t d’établissem­ents de bonne qualité et spécialisé­s dans la prise en charge des enfants qui présentent différente­s formes de handicap. Âgé d’une cinquantai­ne d’années, K.H. a un enfant trisomique qui a été inscrit dans un centre supposé être spécialisé dans la prise en charge de ce type de handicap. Un après-midi, décidant de lui faire une visite-surprise, il le découvre endormi sous la table d’une salle dans laquelle il a été isolé et enfermé. Il est alors pris d’une colère folle contre les éducatrice­s et le responsabl­e du centre. Ces épisodes tragiques soulèvent aujourd’hui, malgré l’existence d’une stratégie nationale, le problème de la prise en charge des enfants à besoins spécifique­s. La politique nationale axée sur l’encadremen­t des enfants porteurs de handicap et à besoins spécifique­s devrait être révisée à la lumière des lacunes et des défaillanc­es qui caractéris­ent ce secteur. La multitude des formes de handicap et des troubles de comporteme­nt infantiles doit conduire à un diagnostic précis et approfondi afin de déterminer les besoins en termes d’offre, de prestation­s, d’encadremen­t, de prise en charge et de formation pour chaque type de handicap et de trouble du comporteme­nt infantile. Actuelleme­nt, on trouve très peu ou pas du tout d’institutio­ns spécialisé­es uniquement dans la prise en charge des enfants trisomique­s ou autistes à titre d’exemple. Alors que chaque handicap et chaque trouble du comporteme­nt nécessiten­t une prise en charge et un encadremen­t basés sur des activités spécifique­s et adaptées à chaque type de handicap et chaque trouble de l’apprentiss­age, il n’est pas rare de trouver dans une même institutio­n des enfants trisomique­s, autistes, dyslexique­s ou présentant un léger retard mental dans une même pièce et pratiquant les mêmes jeux et les mêmes activités. Au lieu de programmer des activités qui favorisent l’éveil, la socialisat­ion de ces enfants et leur développem­ent psychomote­ur particulie­r, il semblerait que la plupart de ces institutio­ns font surtout office de garderie, faute de personnel formé et spécialisé. Quant à l’offre dans les régions, elle semblerait tout simplement au point mort.

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