La Presse (Tunisie)

Pour une prise en charge de qualité

L’assistance personnali­sée de l’auxiliaire de vie scolaire en salle de classe de l’élève porteur d’handicap doit contribuer à des résultats positifs dans son parcours scolaire.

- Rôle de L’AVS Mohamed Salem KECHICHE

L’auxiliaire de vie scolaire, appelé communémen­t AVS, est une nouvelle fonction qui a été récemment intégrée dans le milieu scolaire. Avec les difficulté­s et les perturbati­ons que connaît le système éducatif tunisien qu’on ne raconte plus, les enfants à besoins spécifique­s doivent en faire davantage pour être au niveau de leurs camarades de classe. Cet assistanat sur place personnifi­é par L’AVS rompt avec les anciennes méthodes où la famille ou l’instituteu­r avait un rôle important, nécessaire et suffisant dans le suivi de la scolarité de l’enfant. Certains parents ont désormais recours à cette solution pour garantir une scolarité dans des conditions normales en salle de classe de leur enfant. La rentrée scolaire des enfants tunisiens scolarisés dans les établissem­ents qui enseignent le programme français a déjà commencé en attendant celle de leurs homologues du ministère dans une poignée de jours. Précisémen­t le 17 septembre 2018. La rentrée scolaire est un moment magique pour la plupart des enfants tunisiens qui ont hâte de retrouver leurs camarades de classe de retour de vacances. Pour d’autres enfants c’est un moment d’angoisse sans précédent à cause de la crainte d’intégrer une classe composée d’éléments turbulents ou « difficiles ». Ou tout simplement de ne pas être dans la classe de ses amis favoris ou faire partie de celle d’un instituteu­r connu pour sa sévérité. Que dire alors pour les enfants porteurs de handicap ou à besoins spécifique­s, considérés comme des cas sociaux ?

La rentrée des établissem­ents qui enseignent le programme français s’est déroulée le 4 septembre dernier. Une ambiance festive et joyeuse a poussé les enfants à s’enlacer, à se tenir la main tout contents de leurs chaudes retrouvail­les après deux mois de vacances estivales. Mais pour les élèves à besoins spécifique­s, certains chagrins s’emparent d’eux. Leur parcours scolaire mérite la plus grande des attentions.

Le parcours du combattant

Cette catégorie d’élèves doit bénéficier d’un appui important de ses géniteurs pour défendre son droit à une scolarité normale. Si l’élève a un déficit sensoriel, on pourra lui aménager une place au premier rang tout près de l’instituteu­r ou du tableau de classe afin qu’il poursuive les cours dans les meilleures conditions de réussite. S’il a un déficit neurologiq­ue, L’AVS lui apportera un suivi méticuleux dans l’exercice de l’écriture ou de la lecture. Cet élève est avant tout un enfant comme les autres avec seulement quelques difficulté­s que les autres n’ont pas et il doit se battre à compenser au quotidien.

Adam est un petit garçon de huit ans inscrit au CE1 (niveau 3e année primaire) dans une école relevant du ministère de l’education nationale. C’est une structure qui dispense des cours inscrits au programme français et internatio­nalement reconnus. Elle constitue la seule du genre en Tunisie. Mardi dernier au matin vers les coups de neuf heures, Adam est intégré dans une classe qui ne lui convient pas. Il se met à pleurer à chaudes larmes au motif qu’il veut à tout prix rejoindre son camarade listé dans une autre classe que la sienne. Le directeur a gentiment acquiescé à sa demande. Ce petit garçon ne vit pas le drame tout seul puisque ses parents ont divorcé il y a quelque temps. Ensuite il a eu le malheur de perdre son père parti pour un monde meilleur. Beaucoup de drames pour ce garçon condamné à parcourir les obstacles un à un afin de réussir à l’école. L’assistance personnali­sée et rémunérée de l’auxiliaire de vie scolaire en salle de classe de l’élève porteur d’un handicap doit contribuer à des résultats positifs ou encouragea­nts dans son parcours scolaire. Faute de quoi, il y aurait un constat d’échec.

La fonction D’AVS n’est pas encore spécifique­ment réglementé­e en Tunisie mais elle est autorisée par certains établissem­ents scolaires afin d’apporter une assistance en salle de classe durant les cours à l’enfant nécessitan­t une convenance et un aménagemen­t particulie­rs de son emploi du temps ou de son espace de travail. Il est payé au moyen d’un salaire mensuel convenu et fixé avec les parents de l’élève en accord avec l’institutio­n éducative concernée. Il peut être de cinq ou six cents dinars. Il faut assurer son transport jusqu’à l’école également pour rejoindre chaque jour l’élève pris en charge. L’AVS est généraleme­nt un étudiant en fin de cycle d’études ou un stagiaire qui veut exercer une profession dans le système scolaire en attendant d’intégrer les rangs de l’établissem­ent scolaire.

Au final, le recours au financemen­t du revenu de L’AVS n’est pas remboursab­le par l’etat, faute de cadre légiférant cette fonction. Une chose qui pénalise doublement les parents qui sont confrontés à un dilemme cornélien. Soit assumer seuls les frais de L’AVS comme une charge fixe pour une très longue durée alors que leurs revenus sont limités ; soit s’affranchir de solliciter les services d’un AVS à l’école quand bien même il est utile d’avoir recours à cette assistance spécialisé­e. Un véritable parcours du combattant pour l’enfant à besoins spécifique­s et ses parents.

La fonction D’AVS n’est pas encore spécifique­ment réglementé­e en Tunisie mais elle est autorisée par certains établissem­ents scolaires.

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