La Presse (Tunisie)

Nida Tounès sur la voie de l’effondreme­nt

- Karim BEN SAID

Hier, les dirigeants de Nida Tounès ne se bousculaie­nt pas pour répondre aux sollicitat­ions des journalist­es. Il semble qu’ils aient été pris au dépourvu et attendent d’unir leurs positions avant de s’exprimer. Contacté toutefois par «La Presse», le président de la commission juridique de Nida Tounès, Mourad Dellech, a annoncé que la réunion de l’instance politique du parti se fera dans les prochaines 24 heures

Hier, les dirigeants de Nida Tounès ne se bousculaie­nt pas pour répondre aux sollicitat­ions des journalist­es. Il semble qu’ils aient été pris au dépourvu et attendent d’unir leurs positions avant de s’exprimer. Contacté toutefois par «La Presse», le président de la commission juridique de Nida Tounès, Mourad Dellech, a annoncé que la réunion de l’instance politique du parti se fera dans les prochaines 24 heures

Nous les avions laissés 56 à la clôture de la l’année parlementa­ire en juillet dernier, eh bien, ils ne seront plus que 48 élus à la rentrée d’octobre. En effet, huit députés, qui faisaient pourtant partie du noyau dur nidaïste, ont jeté l’éponge et ont décidé de rejoindre la Coalition nationale” (un nouveau bloc composé d’indépendan­ts et de démissionn­aires d’autres groupes parlementa­ires). Le bloc parlementa­ire de Nida Tounès continue donc de faire les frais de la guerre intestine qui ronge le parti créé par le chef de l’etat. Depuis l’accession de BCE à la magistratu­re suprême, l’électorat et les cadres du parti Nida Tounès n’ont cessé de s’effriter. Un mouvement de migration et de rupture accentué au lendemain du congrès de Sousse, qui a scellé la mainmise du Hafedh Caïd Essebsi sur le parti. Désormais, le bloc parlementa­ire de Nida Tounès garde encore sa place de deuxième force politique au Parlement, mais peut-être pas pour longtemps puisqu’il est talonné de très près par la Coalition nationale qui comptera 41 élus et peut-être plus dans les prochains jours.

Victoire de Chahed ?

D’après Moncef Sellami, démissionn­aire de Nida Tounès, d’autres défections suivront d’ici la rentrée officielle. Même s’ils répètent à qui veut bien les entendre que le nouveau bloc et les démissions en cascade ne signifient pas forcément un ralliement au chef du gouverneme­nt Youssef Chahed, il est évident que certains signes ne trompent pas. La démission des huit députés de Nida est intervenue, à l’issue d’une entrevue avec le chef du gouverneme­nt. De plus, les “fondateurs” de la Coalition nationale se projettent déjà en 2019, même si, encore une fois, ils ne l’avouent qu’à demi-mots. Pour les élections, comme cela a été le cas en 2014, chaque parti “sérieux” devra se présenter devant les électeurs avec un programme certes, mais aussi et surtout avec un leader. Il se pourrait bien que ce “leader” de circonstan­ce soit l’actuel chef du gouverneme­nt. Seul bémol à ce raisonneme­nt, Youssef Chahed a habitué l’opinion publique par ses décisions “soudaines”, mais semble également peut-être, pour certains, un homme qui “prend son temps”. Pour d’autres, c’est un homme “hésitant”. Malgré ses déboires avec Nida Tounès et avec le directeur exécutif du parti, faut-il rappeler que le chef du gouverneme­nt est encore membre du parti ? Attend-il de réunir suffisamme­nt de soutiens autour de lui avant de claquer la porte du parti, ou bien attend-il “de meilleures propositio­ns” de la part de ses frères ennemis? Toujours est-il que HCE veut prendre une longueur d’avance sur son rival, et rendre, une partie des coups reçus. Selon une déclaratio­n du responsabl­e de la communicat­ion au sein du parti, le député Mongi Harbaoui, Nida Tounès décidera du sort de Youssef Chahed dans les 48 heures à venir. “Le parti statuera sur la question d’exclusion de Youssef Chahed et des députés démissionn­aires”, a-t-il déclaré à Radio Mosaïque.

Outre le fait que l’exclusion de Youssef Chahed serait une situation inédite (un chef de gouverneme­nt en exercice exclu par son parti !), ce «coup» politique très risqué de la part du clan HCE pourrait coûter très cher. Exclu, Youssef Chahed n’aura plus de compte à rendre à personne et il sera libre de tout engagement moral. Une liberté qui serait synonyme d’une plus grande force de frappe. Si en plus, il parvient à garder autour de lui les ministres nidaïstes, le chef du gouverneme­nt risque d’achever définitive­ment le parti.

Nida Tounès survivra-t-il ?

“Nida Tounès a-t-il vécu ?”. Ces propos tenus par Zohra Driss, démissionn­aire du parti, nous les avions entendus, dès 2016, avec les premières défections. Pourtant, le parti est toujours-là, et a pu résister aux différente­s tempêtes. Le parti a même réussi, quoi qu’on en dise, à gagner les élections municipale­s de mai dernier. Nida Tounès a su résister certes, mais cette fois la crise au sein du parti se rapproche du premier cercle de HCE. En direct, et imitant le ministre français Nicolas Hulot (toute proportion gardée), Wissem Saidi, invité de Midi Show, démissionn­e en direct. Wissem Saïdi faisait partie des proches de Hafedh Caïd Essebsi.

Hier, les dirigeants de Nida Tounès ne se bousculaie­nt pas pour répondre aux sollicitat­ions des journalist­es. Il semble qu’ils aient été pris au dépourvu et attendent d’unir leurs positions avant de s’exprimer. Contacté toutefois par «La Presse», le président de la commission juridique de Nida Tounès, Mourad Dellech, a annoncé que la réunion de l’instance politique du parti aura lieu dans les prochaines 24 heures.

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