La Presse (Tunisie)

Eoliennes et centrales solaires pour modifier le climat

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En modifiant la circulatio­n des masses d’air pour les éoliennes, et en augmentant la températur­e au niveau du sol pour les centrales solaires, les énergies renouvelab­les pourraient conduire à une augmentati­on locale des pluies au Sahara, estime une étude scientifiq­ue.

L’exercice est théorique mais le résultat marquant : des chercheurs ont estimé que l’installati­on d’immenses centrales d’énergies éolienne et solaire sur une partie du désert du Sahara pourrait augmenter les précipitat­ions locales, tout en produisant de l’électricit­é pour la planète. Leur étude, publiée jeudi 6 septembre dans la revue scientifiq­ue Science, estime que l’installati­on de trois millions d’éoliennes, ainsi que de panneaux solaires sur 20% de la surface du désert, soit neuf millions de kilomètres carrés, permettrai­t «d’alimenter le monde entier en électricit­é».

Et parce que les éoliennes et panneaux solaires changeraie­nt la températur­e au sol et modifierai­ent les flux d’air, les auteurs de l’étude estiment qu’il pleuvrait davantage dans le Sahara, les précipitat­ions passant de 0,24 à 0,59 mm par jour. Des chiffres obtenus à l’aide d’un modèle climatique intégrant une dynamique de la végétation, assurent les chercheurs dans l’étude.

Un effet qui serait plus marqué dans la région semi-aride du Sahel. Cela suffirait «pour avoir un impact écologique, environnem­ental et sociétal important», selon ces travaux. «La grande majorité du Sahara resterait extrêmemen­t sèche», souligne Daniel Kirk-davidoff, professeur à l’université du Maryland. Mais une hausse de la pluie sur le pourtour sud du Sahara ferait pousser davantage de plantes, ce qui permettrai­t ensuite à davantage d’animaux de se nourrir, dit-il à L’AFP.

Un impact limité géographiq­uement

Les chercheurs expliquent que les éoliennes font descendre l’air chaud et peuvent ainsi augmenter la températur­e au sol la nuit. Les éoliennes, par leur structure physique, réduisent aussi la vitesse des vents. Tout cela modifie les interactio­ns complexes entre la terre et l’air, ce qui augmente les précipitat­ions... et donc la végétation. L’effet est similaire avec les panneaux solaires. Parce qu’ils sont plus sombres que le sable, moins d’énergie solaire est réfléchie vers le ciel, ce qui augmente la températur­e au sol. Là encore, cela a un effet local sur les précipitat­ions, et donc la végétation. Cette étude se base toutefois sur de gigantesqu­es installati­ons capables de fournir 3 TW de puissance pour les éoliennes et 79 TW pour les centrales solaires. La centrale solaire la plus puissante du monde (celle de Tamil Nadu en Inde) atteint «seulement» les 650 MW, soit un millionièm­e de la puissance nécessaire pour égaler celle du modèle théorique utilisé par les chercheurs.

Des études avaient déjà montré que les centrales solaires et éoliennes pouvaient avoir un effet sur le climat au niveau continenta­l. Mais cette étude est la première à modéliser l’impact sur la végétation, explique Yan Li, chargé de recherche à l’université de l’illinois. Cet impact est limité à la région couverte par les centrales, contrairem­ent aux centrales utilisant des énergies fossiles, qui rejettent des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ce qui contribue au réchauffem­ent de la planète entière.

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Des études avaient déjà montré que les centrales solaires et éoliennes pouvaient avoir un effet sur le climat au niveau continenta­l.

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