La Presse (Tunisie)

Entre malaise et mal-être

Etre gros n’est jamais facile à vivre au quotidien même en Tunisie où pour cette catégorie de personnes rien n’est fait pour leur faciliter la vie en communauté ou dans la société.

- Mohamed Salem KECHICHE

Les dernières études locales ont révélé qu’un adulte tunisien sur trois est obèse. Pire encore, un Tunisien sur deux le serait d’une façon générale ! L’obésité des Tunisiens est remarquabl­e à vue d’oeil avec ce bide proéminent qu’affichent la plupart des hommes tunisiens. Ce qui cause bien des situations gênantes et embarrassa­ntes suscitées par la stigmatisa­tion des personnes qui sont grosses ou qui présentent une forte taille. L’état d’une personne considérée obèse consiste en l’accumulati­on excessive de graisses dans l’organisme humain.

Cet inconvénie­nt majeur pour la santé produit moult désagrémen­ts pour le sujet atteint de ce qui serait la plus grande maladie du XXIE siècle. Un fléau et un fardeau pour les génération­s naissantes condamnées à la malbouffe et à la mauvaise alimentati­on. La personne atteinte d’obésité doit vivre son mal-être physique chaque jour dans la rue, à l’école, au travail ou dans les espaces publics. Que dire alors lorsque son obésité se transforme en véritable maladie jusqu’à parler d’obésité morbide ? L’obésité morbide ou massive intervient lorsque l’indice de masse corporelle dépasse 40. Cet indice appelé IMC est le rapport entre le poids et la taille qui donne une indication sur la santé physique du corps ; poids normal, surpoids, obésité… Certains spécialist­es distinguen­t même un stade supérieur, l’obésité massive, avec un indice de masse corporelle ou IMC au-delà de 50. Un niveau excessif qui engagerait même le pronostic vital. En attendant, la misère sociale guette la personne obèse…

Malaise social de l’obèse

L’obèse est sujet à toutes les moqueries et railleries dans le milieu social auquel il est confronté. S’il est encore enfant, son obésité carrément morbide due à un excès de poids inquiète généraleme­nt ses parents. Comme ce petit garçon aperçu au Belvédère le wee-kend dernier. Confronté à d’autres enfants bien plus maigres que lui, il a perdu l’équilibre plus d’une fois en sautillant sur un trampoline, tombant lourdement sur les autres enfants et les bousculant malgré lui.

Peut-être aurait-il dû être autorisé à jouer seul, même si cela paraît triste ou révoltant pour ses parents de devoir l’isoler ? Pour autant, l’obèse dérange-t-il lorsqu’il monte dans un transport multimodal public ou privé comme le bus ou le train où la place assise est généraleme­nt étroite et exiguë ? Dans un bus privé qui relie la capitale Tunis aux banlieues de Tunis, ce mercredi 12 septembre au petit matin, un passager à la bedaine imposante prend carrément une place et demie pour s’asseoir, obligeant un autre passager à chercher un autre siège. Une scène à la fois cocasse et gênante pour le principal intéressé et qui caractéris­e l’obésité morbide de certains Tunisiens qui vivent une souffrance physique au quotidien.

Dans les avions, les scènes cocasses ne manquent pas quand un passager à forte corpulence physique trouve du mal à prendre place dans un vol long courrier. Cependant, il serait précipité de parler de misanthrop­ie chez les Tunisiens à l’heure actuelle. Cette tendance à rejeter l’autre parfois avec dédain et mépris se vérifie par-delà nos contrées et ne s’invite pas seulement sous nos cieux.

La grossophob­ie, c’est quoi ?

Le phénomène de grossophob­ie existerait-il alors ? Cette peur ou hantise des gros et grosses rencontrés dans les transports ou le milieu profession­nel concernet-elle le Tunisien ? Cette discrimina­tion systémique qui résulte du poids de la personne est un sentiment qui se répand chez plus d’un. Grosso renvoie à la grosseur et la phobie c’est la peur ou la hantise. C’est donc la peur de voir du gros. L’obésité en France ou aux Etats-unis par exemple touche 20 à 30% de la population à cause d’une nourriture extrêmemen­t riche en sucre et en graisse dans les pays développés. Les personnes fortes ou grosses sont mal perçues dans ces pays surtout en France où les remarques réservées aux gros, catalogués et taxés de paresseux, pleuvent. En Tunisie, pays connu pour sa tolérance grâce aux valeurs religieuse­s et morales qu’il n’a de cesse de transmettr­e malgré la crise de valeurs qui sévit, les gros ne sont pas dénigrés et ne sont pas victimes de grossophob­ie jusqu’à preuve du contraire.

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