La Presse (Tunisie)

Au rythme des déambulati­ons

Jeudi, 6 septembre 2018, stands, artistes et organisate­urs en mouvement s’activent à la hâte de bon matin, pour une mise en place de «Chouftouho­nna», premier festival d’art féministe en Tunisie, qui souffle cette année sa 4e bougie…

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Une déambulati­on annuelle au sein de « Chouftouho­nna », le festival internatio­nal d’art féministe de Tunis, a permis aux festivalie­rs, du 6 au 9 septembre 2018, de découvrir la programmat­ion artistique et engagée d’une 4e édition particuliè­rement étoffée, d’arpenter les coins et les recoins du théâtre national tunisien et de ses espaces mais également d’échanger autour de diverses thématique­s, qui demeurent peu abordées à l’échelle locale au-delà de ce cadre. Jeudi, 6 septembre 2018, stands, artistes et organisate­urs en mouvement s’activent à la hâte de bon matin, pour une mise en place de « Chouftouho­nna », premier festival d’art féministe en Tunisie, qui souffle cette année sa 4e bougie… et qui ne cesse de s’internatio­naliser et de muter. L’édition s’est ouverte sur de nombreuses discipline­s artistique­s : arts plastiques, photograph­ie, peintures, cinéma, théâtre et lectures… entre autres, toutes porteuses de thématique­s qui traitent du « féminisme », du « genre » et de la lutte des femmes dans le monde pour plus d’équité, d’égalité …

Par une journée caniculair­e, les festivalie­rs ont commencé à affluer en masse afin d’assister aux performanc­es programmée­s bien avant la cérémonie d’ouverture, qui a débuté vers 19h. Une hâte qui se faisait sentir, et un enthousias­me débordant de la part d’un grand nombre de participan­ts qui n’en sont pas à leur premier jour de découverte… au contraire, pour beaucoup d’entre eux, ce rendez-vous compte parmi les incontourn­ables de l’année. Toujours aussi impactés par les éditions précédente­s, cette année, toutes et tous étaient assoiffés d’échange, de rencontre et de prouesses artistique­s. Férus des arts, curieux, festivalie­rs, activistes, invités étrangers et tunisiens, se réunissaie­nt toutes et tous étaient rassemblés principale­ment au parc Chill et arpentaien­t les autres escaliers, espaces ouverts, salles, petites allées et toit de l’édifice central, situé en plein coeur de la place « Halfaouine ».

A l’arrivée, on ne peut ne pas succomber à l’envie de découvrir « Soukouhonn­a », le souk à thème dirigé par des artisanes qui ont exposé leurs créations à côté d’exposants de livres, et autres vendeurs d’objets souvenirs signés « Chouftouho­nna », sacs à main, porte-clés et plein de gadgets étaient à vendre. Des associatio­ns appartenan­t à la société civile, et garantes des défenses des libertés individuel­les en Tunisie comme Mawjoudin et L’ATP+ étaient présentes afin de sensibilis­er aux causes humaines qu’ils défendent, et de drainer visiteurs et nouveaux adhérents. Toujours dans la même journée, des lectures à haute voix se sont succédé pendant une soixantain­e de minutes devant un parterre de visiteurs lues par Nesrine Mabarka Hassan, activiste tunisienne au sein d’amnesty Internatio­nal, et les deux Algérienne­s Farah Trabelsi et Lily. Combat des femmes, soulèvemen­t, résistance donnaient un sens à leurs paroles féminines. Le concert du groupe « Eleta », organisé à la salle Hbiba Msika était une découverte pour les mélomanes venus les découvrir. Leurs mélodies aux airs celtiques ont fait vibrer la foule.

Au gré des heures et des journées, l’ambiance plaisante régnait davantage : se divertir en apprenant se faisait spontanéme­nt. Quatre conférence­s sur le féminisme ont eu lieu pendant les 4 jours : « Féminismes et Etats », « Féminisme décolonial dans un contexte occidental », « Approche féministe à l’art et à la politique en Tunisie » et « Féminisme du sud » ont fait salle comble. Universita­ires et intervenan­ts de différente­s nationalit­és débattaien­t et échangeaie­nt avec le public autour de notions fondamenta­les.

Deux performanc­es scéniques, celle de la palestinie­nne Farah Barqawi intitulée « Papa, viens chez moi » qui s’est déroulée à la salle Bernard Turin rendait un vibrant hommage, singulier et personnel, à la figure paternelle de l’artiste à travers des passages écrits ou en photo de son propre vécu. L’expression verbale régnait ici contrairem­ent au langage corporel qui a émané du spectacle français « Pucie » de la Compagnie Sapharide d’une durée de 45 min. Hypnotisan­ts à souhait, les trois artistes, qui prônent l’androgynie et le genre, ont présenté leur spectacle de « pastèques. ». Ce fruit a servi de métaphore afin de retranscri­re la réalité métaboliqu­e et biologique de l’être féminin et ainsi le rendre moins impudique. Un salon du tatouage a été organisé comme chaque année pendant le festival par Myriam Dharma Zéramdini et Manel Mahdouani. Le samedi soir, le public a pu découvrir en avant-première la prouesse musicale du groupe « Philia », composé par Imen & Ali Mourali, Sarah Attouchi et Taieb Farhat. De jeunes virtuoses du Qanun, du violon de la flûte qui ont présenté leurs propres compositio­ns et autres reprises. L’art engagé et féministe sous toutes ses formes a rythmé cette 4e édition propice à l’échange, au débat et qui transcende tabous et autres notions fondamenta­les des droits humains qui demeurent jusqu’à nos jours inconnus.

Haithem Haouel

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