La Presse (Tunisie)

Le privé séduit de plus en plus

ENQUÊTE SUR L’ENSEIGNEME­NT DANS LES ÉCOLES PRIMAIRES

- A. CHRAIET

De plus en plus de parents optent pour les établissem­ents scolaires privés afin de garantir à leurs enfants un bon niveau dans les langues ainsi que cette stabilité qui fait de plus en plus défaut dans les établissem­ents publics.

De plus en plus de parents optent pour les établissem­ents scolaires privés afin de garantir à leurs enfants un bon niveau dans les langues ainsi que cette stabilité qui fait de plus en plus défaut dans les établissem­ents publics.

La rencontre organisée, mercredi, par l’organisati­on de défense du consommate­ur (ODC) a permis de jeter un nouvel éclairage sur la situation de l’enseigneme­nt privé en Tunisie. L’accent a été mis surtout sur le cycle primaire grâce à la présentati­on des résultats d’un sondage effectué auprès de 145 personnes représenta­nt les parents d’élèves inscrits dans des institutio­ns primaires. En dressant l’état des lieux, on note qu’il y a une évolution importante des écoles privées à travers le pays ainsi que leurs effectifs. Aujourd’hui, le nombre des écoles avoisine les 600 et dispense des cours à environ 80.000 élèves. C’est ce qui est de nature à nous pousser à nous interroger sur les raisons qui se cachent derrière cet engouement des parents pour ce genre d’enseigneme­nt. L’enquête a révélé, qu’en gros, les parents qui recourent au privé n’appartienn­ent pas, nécessaire­ment, aux classes sociales très aisées matérielle­ment.

On note, en effet, que 43 % d’entre eux, appartienn­ent à la fonction publique. Le reste des parents interrogés exercent des profession­s libérales ou travaillen­t dans le secteur privé. Parmi eux, 56% perçoivent des revenus supérieurs à 2.000 dinars, 36% ont des revenus inférieurs à 2.000 dinars, tandis que 8% ont des salaires de moins de 2.000 dinars.

Cette population cible réside dans quatre zones : Tunis, La Manouba, Nabeul et Bizerte. Ces disparités sociales n’empêchent pas que ces parents choisissen­t de placer leurs enfants dans des établissem­ents d’enseigneme­nt privé en payant, parfois, des tarifs très élevés. Certains ont un enfant, d’autres plus. Ce sont 51% d’entre eux qui ont 1 seul enfant, 42% ont deux enfants et 7% deux enfants ou plus.

Des frais annuels qui oscillent entre 1.100 et 9.000 dinars

La tarificati­on varie d’une école à l’autre. Les frais d’inscriptio­n, par exemple, varient entre 60 et 980 dinars, les frais par trimestre oscillent entre 100 et 1.850 dinars et les frais annuels oscillent entre 1.100 et 9.000 dinars. Ceci n’a pas l’air de rebuter, outre mesure, certains parents. D’ailleurs, 38% de ces derniers estiment que ces coûts de scolarisat­ion sont logiques. Mais 62% les jugent quelque peu exagérés. Lors de l’exposition de ces résultats, on s’est interrogé, aussi, sur les critères d’accès en vigueur dans ces établissem­ents.

Les personnes sondées remarquent que, dans certains cas, les écoles privées soumettent les enfants à des tests d’accès basés sur la moyenne. Des établissem­ents refusent d’accepter des élèves ayant des moyennes inférieure­s à 15/20. Est-ce légal ? Un débat devrait être engagé sur ce point. Les participan­ts à cette rencontre ont, justement, souligné ces anomalies, à l’instar de la fixation des tarifs. On y remarque des écarts très significat­ifs à ce sujet. Des intervenan­ts ont précisé que cette valse des tarifs est due au fait qu’il n’y a pas de grille officielle et que chaque institutio­n s’arroge le droit de fixer les montants qui lui conviennen­t. Or, il faudrait prévoir des garde-fous pour garantir plus de crédibilit­é au rapport tarifs-prestation­s.

Qualité de l’enseigneme­nt dans le privé : 60% la jugent bonne

Quand on demande aux parents pourquoi ils ont opté pour l’enseigneme­nt privé, ils répondent en énumérant les problèmes suivants : la question des grèves fréquentes dans l’enseigneme­nt public, la «dégradatio­n» de l’enseigneme­nt dans le secteur étatique, le manque de suivi et de sécurité et la proximité. Concernant la qualité de l’enseigneme­nt, 60% des personnes interrogée­s la juge bonne contre 38% qui pensent qu’elle est moyenne et 2% mauvaise. En somme, 49% sont très satisfaits du rendement contre 35 % de satisfaits. Ces chiffres et ces données ont permis d’ouvrir un débat qui a tourné autour de plusieurs axes.

Etablissem­ents scolaires privés: à quand la révision du cahier des charges?

Les intervenan­ts ont soulevé la problémati­que de la tarificati­on, la révision du cahier des charges pour la création d’une institutio­n d’enseigneme­nt privé (qui remonte à 2008 et qui nécessite une révision), l’enseigneme­nt des langues qui est valorisé dans le secteur privé.

A ce sujet, le directeur général du cycle primaire au ministère de l’education a, justement, rappelé la mesure d’enseigner, à partir de 2019, le français, à partir de la deuxième année primaire et l’anglais, à partir de la quatrième année.

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