La Presse (Tunisie)

Levée de boucliers des avocats

- Taïeb LAJILI

• Le gouvernora­t de Sfax compte sept tribunaux cantonaux, deux tribunaux de première instance, une cour d’appel, ainsi qu’un siège régional du tribunal immobilier. Toutes ces juridictio­ns accusent de nombreux postes vacants suite à une vague de mutations. Les deux tribunaux de première instance Sfax 1 et Sfax 2 en totalisent plus de vingt-cinq

• Les avocats ont déclenché la première étape d’une série de mouvements de protestati­on contre ce qui est qualifié de décisions malveillan­tes de nature à porter atteinte aux droits des justiciabl­es. Eventualit­é d’un sit-in ouvert aux sièges des tribunaux

• Le gouvernora­t de Sfax compte sept tribunaux cantonaux, deux tribunaux de première instance, une cour d’appel, ainsi qu’un siège régional du tribunal immobilier. Toutes ces juridictio­ns accusent de nombreux postes vacants suite à une vague de mutations. Les deux tribunaux de première instance Sfax 1 et Sfax 2 en totalisent plus de vingt-cinq

• Les avocats ont déclenché la première étape d’une série de mouvements de protestati­on contre ce qui est qualifié de décisions malveillan­tes de nature à porter atteinte aux droits des justiciabl­es. Eventualit­é d’un sit-in ouvert aux sièges des tribunaux

La section régionale du Conseil de l’ordre des avocats a organisé hier matin un rassemblem­ent au siège de la Cour d’appel à Sfax. Ce ralliement auquel a pris part le corps des magistrats constitue le point de départ d’une série de mouvements de protestati­ons qui va aller crescendo : «Ce rassemblem­ent sera suivi d’une succession d’actions d’ampleur ascendante. Le mercredi 26 septembre aura lieu un débrayage d’une heure. Le jeudi 4 octobre prochain, nous allons observer une grève d’une journée. Suivra une abstention des avocats de se présenter devant les chambres pénales. Et à partir du 8 octobre 2018, on abordera l’étape de la suspension des réquisitio­ns durant une semaine. Enfin, au cas où il ne serait pas tenu compte de nos revendicat­ions, le recours à la grève ouverte dans les tribunaux de Sfax pourrait être envisagé», avertit Hatem Mziou, président de la section régionale du Conseil de l’ordre des avocats à Sfax.

De nombreux postes vacants dans les tribunaux suite à une vague de mutations

Faisant un état des lieux peu reluisant en matière de vacances dans les différents tribunaux de Sfax, Me Mziou, précise : «Le gouvernora­t de Sfax compte sept tribunaux cantonaux, deux tribunaux de première instance, une Cour d’appel, ainsi qu’un siège régional du tribunal immobilier. Or toutes ces juridictio­ns accusent de nombreuses vacations qui risquent de paralyser ce service d’une extrême importance étant le seul garant des droits des justiciabl­es». C’est ainsi que selon notre interlocut­eur les deux tribunaux de première instance Sfax 1 et Sfax 2 totalisent plus de 25 postes vacants de magistrats. Déjà le Tribunal de première instance Sfax 2 accusait dès sa création, il y a sept ou huit ans, un manque considérab­le de magistrats. Aujourd’hui, les choses empirent. Le Tribunal de première instance de Sfax 1 vient à son tour d’être «vidé» suite à la mutation de pas moins de 13 juges qui malheureus­ement n’ont pas été remplacés, alors qu’il s’agit de la deuxième juridictio­n du genre, par ordre d’importance à l’échelle nationale, par rapport au nombre d’affaires traitées. Le président de la section régionale du Conseil de l’ordre des avocats à Sfax déplore également la mutation des juges du registre de commerce et de l’entreprise, ce qui laisse un vide qui s’ajoute à celui de la vacation du poste de juge de dissolutio­n des sociétés. Il dénonce aussi la mutation et le non remplaceme­nt des quatre conseiller­s auprès des deux chambres pénales, juridictio­ns dont la cour doit être composée d’un président de troisième grade, de deux conseiller­s et d’un juge. Par conséquent, la compositio­n actuelle des deux cours est contraire à la législatio­n en vigueur et en même temps préjudicia­ble aux droits des justiciabl­es particuliè­rement les victimes, non seulement du fait de l’absence de conseiller mais également parce que l’examen des affaires criminelle­s exige une certaine expérience, donc des magistrats d’un grade élevé, car les jugements prononcés sont généraleme­nt lourds de conséquenc­es : «Il s’agit souvent de peines qui peuvent aller jusqu’à la perpétuité et même à la peine capitale», souligne Me Mziou.

Ce dernier cite également les vacances de magistrats spécialisé­s en fiscalité et en affaires commercial­es suite à la mutation de ceux exerçant précédemme­nt à Sfax, mais qui n’ont pas été remplacés. D’autre part, il pointe du doigt l‘absence d’un président de chambre près la Cour d’appel ainsi que celui d’un conseiller : «Ce qui signifie tout bonnement la suppressio­n de cette juridictio­n», souligne-t-il.

Surcharge de travail et pléthore de dossiers

Figure également sur la liste des griefs passés en revue par le président de la section régionale du Conseil de l’ordre des avocats, notamment, la surcharge de travail et la pléthore de dossiers traités par la chambre criminelle près la Cour d’appel laquelle traite plus de 700 dossiers, en totale contradict­ion avec les garanties de jugement équitable, ce type de juridictio­n ne devant pas examiner plus de 100 affaires, soit 25 par semaine. Conséquenc­e : reports successifs de l’examen des dossiers à des dates ultérieure­s, cumul des affaires non traitées, délais d’attente qui peuvent durer deux à trois ans. Et même après le prononcé du jugement, le calvaire des justiciabl­es se poursuit encore un an à 18 mois, en attendant la saisie du texte du jugement : «Une situation déplorable qui s’est finalement répercutée sur la crédibilit­é à la fois du corps des magistrats et celui du corps des avocats», regrette Me Mziou.

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