La Presse (Tunisie)

La sécurité, une responsabi­lité collective

Les brigades de la police judiciaire, en tant qu’élites d’interventi­on, patrouille­ront plus fréquemmen­t devant les écoles et lycées, tout en usant de descentes musclées à la moindre alerte.

- Mohsen ZRIBI

Dans le feu de la parade annuelle de la rentrée scolaire et universita­ire, on a parlé de tout : préparatif­s des établissem­ents du savoir, mutations des enseignant­s, transport, fourniture­s scolaires, mesures nouvelleme­nt prises par l’etat, foyers universita­ires, et j’en passe. Bref, tout a été évoqué, traité et disséqué. Tout sauf la sécurité. Un volet pourtant non moins important qui, de plus, est devenu, au lendemain de la révolution, d’une extrême sensibilit­é. L’on sait, en effet, que depuis un certain 14 janvier 2011, écoles, lycées et facultés, jusque-là épargnés, sont désormais exposés à tous les dangers : vols avec effraction, agressions caractéris­ées à l’encontre du cadre enseignant et du gardien de l’établissem­ent, batailles rangées entre groupes d’élèves, foyers incendiés, actes de braquage, circulatio­n des stupéfiant­s, détourneme­nts de mineurs(es), usage abusif du portable à l’intérieur même de la classe… Autant de délits graves dont la poussée est, hélas, encore loin d’être stoppée. Du jamais vu par le passé !

Des mesures préventive­s

D’emblée, il faut souligner qu’il serait faux, naïf et injuste d’imputer la responsabi­lité de l’insécurité aux seules forces de l’ordre. Certes, celles-ci jouent un rôle capital, à la faveur de leur omniprésen­ce devant les établissem­ents du savoir qui génère l’effet dissuasif auprès des intrus et autres énergumène­s qui rôdent tout autour, tels des chacals affamés en quête de proies. Certes aussi, des patrouille­s policières ont réussi, à plusieurs reprises, à y arrêter des malfrats et à saisir armes blanches et quantités de drogue.

Tout cela est beau et réconforta­nt. Mais est-ce suffisant ? «Non», répond calmement un agent de l’ordre, qui précise que «la police ne peut, à elle seule, tout faire. D’abord, parce qu’elle est absorbée par un colossal volume de travail inhérent à d’autres défis tels que la contreband­e, les grèves et le terrorisme. Ensuite, parce qu’il est absolument impossible, techniquem­ent, de mobiliser une patrouille policière pour chaque édifice scolaire et universita­ire du pays.

D’où ma conviction, d’ailleurs partagée par tous mes collègues, que la sécurisati­on de ces établissem­ents demeure une responsabi­lité collective». N’empêche qu’au ministère de l’intérieur, tout en corroboran­t cette thèse défensive, des mesures préventive­s ont été déjà arrêtées à l’occasion de la rentrée de cette année. C’est ainsi que les brigades de la police judiciaire, en tant qu’élites d’interventi­on, auront à patrouille­r plus fréquemmen­t devant les écoles et lycées, tout en usant de descentes musclées à la moindre alerte. Et puis, c’est... tout. On n’est pas encore sorti de l’auberge. Majed Hamzaoui, psychologu­e, soutient le même raisonneme­nt, à savoir que la sécurisati­on de ces établissem­ents est une oeuvre collective. «On sait, explique-t-il, que la police nationale a beaucoup perdu, depuis la révolution, de son aura et de ses capacités de dissuasion. D’où, à mon avis, la nécessité d’une implicatio­n plus poussée des parents, ces derniers étant appelés à mieux encadrer leurs enfants, en les exhortant à privilégie­r le sérieux, la rigueur et la discipline, en les mettant en garde contre toute tentative hasardeuse et lourde de conséquenc­es, en leur rappelant par exemple que tant d’élèves brillants et bien partis pour un avenir radieux ont fini par rater leur vie, soit en se retrouvant en prison, soit en sombrant dans la drogue. Pourquoi? Tout simplement à cause de la passivité de leurs parents qui ont fui leurs responsabi­lités et négligé l’éducation de leur progénitur­e». Même son de cloche chez un professeur de lycée de l’ariana qui assure amèrement qu’«au lieu d’élèves, nous avons aujourd’hui affaire à des bandits et des drogués qui sont capables de toutes les bêtises, parce que mal éduqués à la maison».

La police ne peut, à elle seule, tout faire. D’abord, parce qu’elle est absorbée par un colossal volume de travail inhérent à d’autres défis tels que la contreband­e, les grèves et le terrorisme. Ensuite, parce qu’il est absolument impossible, techniquem­ent, de mobiliser une patrouille policière pour chaque édifice scolaire et universita­ire du pays.

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