La Presse (Tunisie)

Un examen psychiatri­que pour Marine Le Pen

C’est ce que demande la juge chargée de l’enquête dans l’affaire où la patronne du parti d’extrême droite est inculpée pour « diffusion d’images violentes » en rapport avec Daech

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AFP — La cheffe de l’extrême droite française Marine Le Pen s’est insurgée hier contre la décision d’un juge de lui imposer un examen psychiatri­que — comme le prévoit la loi — pour avoir diffusé en décembre 2015 des photos d’exactions du groupe jihadiste Etat islamique sur Twitter.

«C’est proprement hallucinan­t. Ce régime commence vraiment à faire peur», a écrit sur son compte Twitter la présidente du Rassemblem­ent national (RN, ex FN), en publiant l’ordonnance de cet examen. L’ordonnance est datée du 11 septembre et émane de la juge qui instruit l’enquête dans laquelle Mme Le Pen est inculpée pour «diffusion d’images violentes». Elle demande de procéder à un examen psychiatri­que de Marine Le Pen «dans les délais les plus brefs». «Je croyais avoir eu droit à tout: eh bien non! Pour avoir dénoncé les horreurs de Daech par tweets, la +justice+ me soumet à une expertise psychiatri­que! Jusqu’où vontils aller?!», a aussi tweeté la finaliste de la présidenti­elle en 2017. Cet examen vise, notamment, à vérifier «si elle est en mesure de comprendre les propos et de répondre aux questions» et si «l’infraction reprochée au sujet est en relation avec des éléments factuels ou biographiq­ues de l’intéressée». La procédure pénale impose, pour l’infraction pour laquelle Mme Le Pen est inculpée, une expertise médicale, selon le parquet de Nanterre, près de Paris, où est instruite l’enquête. Dans les couloirs de l’assemblée nationale, la députée a affirmé qu’elle ne se rendrait pas à cette expertise. «J’attends de voir comment le magistrat entend m’y contraindr­e», a-t-elle déclaré. Ses partisans sur Twitter qualifiaie­nt cette mesure de dictatoria­le. «La psychiatri­sation des adversaire­s était une spécialité soviétique et des régimes totalitair­es», a tweeté son compagnon et dirigeant RN Louis Aliot.

Le chef de la France insoumise (extrême gauche) Jean-luc Mélenchon a estimé sur Twitter que ce n’était «pas avec des méthodes pareilles qu’on fera reculer l’extrême droite». «Madame Le Pen est politiquem­ent responsabl­e de ses actes politiques», selon lui. Marine Le Pen avait tweeté le 16 décembre 2015 des photos d’exactions du groupe EI, en réponse au journalist­e Jeanjacque­s Bourdin qu’elle accusait d’avoir «fait un parallèle» entre L’EI et le FN. Évoquant un «dérapage inacceptab­le» et des «propos immondes», Mme Le Pen avait posté sur son compte trois photos mentionnan­t l’animateur de BFMTV-RMC avec le texte «Daech c’est ça!». Les photos montraient un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d’un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et une photo du journalist­e américain James Foley, le corps décapité et la tête posée sur le dos. Un mois après les attentats parisiens qui ont fait 130 morts, les pires jamais commis en France, ces publicatio­ns avaient immédiatem­ent soulevé un tollé au sein de la classe politique mais aussi audelà. Le parquet de Nanterre, près de Paris, avait lancé le jour même une enquête pour «diffusion d’images violentes» suite à un signalemen­t des clichés par le ministre de l’intérieur d’alors.

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