Tohu-bohu...
NOTRE pays est-il condamné à perdurer dans les zones de turbulences ? Gérée depuis des mois, avec plus de mal que de bien, au gré des circonstances, des alliances et contre-alliances, la barque Tunisie, en plein océan, risque aujourd’hui de ne plus pouvoir tenir. De fait, pour les Tunisiens il est devenu routine de vivre avec les crises politique, économique, sécuritaire, qui n’arrêtent pas de les prendre en otage et devant lesquelles les gouvernements successifs se sont tous montrés impuissants.
Pour l’heure, la situation frôle le surréalisme. Une crise au sommet de l’exécutif entre le chef de l’état et le chef du gouvernement, qui bloque le fonctionnement normal des institutions et entrave la marche du pays. La situation menace d’imploser. Le chef du gouvernement, fort de l’appui du parti islamiste et du nouveau groupe parlementaire, se défend de s’accrocher au pouvoir et invoque l’impératif de la stabilité, à une année des nouvelles échéances électorales d’octobre 2019, au moment où la centrale syndicale proclame l’échec total du gouvernement et exige son départ. Pis, le pays, qui se démène avec son quotidien extrêmement difficile, est menacé par deux grèves générales dans le secteur et la fonction publics et décidées par la centrale syndicale, comme pour imposer plus que jamais sa loi. Plus grave encore, le pays vit de plus en plus avec une géométrie à plusieurs variables, ballotté qu’il est entre des volontés contradictoires, motivées pour l’essentiel par la compétition pour les prochaines élections législatives et présidentielle.
Partira, partira pas ? Le feuilleton du maintien/ départ du chef de gouvernement n’en finit pas. Le parti du Président, Nida Tounès, ayant tout simplement implosé, qu’adviendra-t-il du système politique si le président de la République se décide à mettre en oeuvre les prérogatives de l’article 99 de la Constitution, avec les risques très sérieux que cela comporte pour le système politique dans son ensemble, pour la stabilité du pays, tout comme pour son image à l’étranger, le recours à cette démarche étant une décision pleine de conséquences lourdes pour notre pays. Également, maintenu ou partant, que pèserait sur l’échiquier politique un chef de gouvernement qui s’est mis à dos la centrale syndicale, le président de la République et d’autres partis ?
De tout ce malheureux tohu-bohu qui porte gravement tort à notre pays, le peuple tunisien, toutes tendances confondues, n’a que faire. Il n’a pas fait une révolution pour se préparer pour une seconde, la première n’ayant pas réalisé l’essentiel de ses attentes. Il faut revenir à l’évidence, les enjeux sont exclusivement importants. Le peuple dans son ensemble n’a que faire des conflits d’intérêts, des différends idéologiques entre partis politiques. Ce qui l’intéresse au premier chef, c’est bien son quotidien, l’avenir de ses enfants à un moment où il demande à retrouver ses repères et aspire pleinement au droit de vivre dans la dignité...n’a-t-il pas fait une révolution à cet effet ?
Très attendu, le message (ou les messages) qu’adressera demain le président de la République à la nation sera-t-il à la mesure des attentes ? Viendra-t-il siffler la fin de la récréation et marquer le grand retour de l’etat, de l’etat de droit et du bon fonctionnement des institutions dans l’esprit et la lettre de la nouvelle Constitution, à vrai dire notre seul et véritable acquis post-révolution ? La demande de la mise en place de la Cour constitutionnelle devient à cet égard plus qu’insistante, un impératif, et sa composition décisive.
« La patrie avant les partis», les mots ont un sens et du sens. Ces mêmes mots ont aujourd’hui la force de nous faire sortir du tohu-bohu. En retrouvant leur profonde et extrême sincérité qui leur avait jusque-là quelque peu manqué, ils seront à la hauteur de l’ardent désir de tout un peuple d’avancer et de reprendre espoir. Ils seront tout simplement historiques.
très attendu, le message (ou les messages) qu’adressera demain le président de la république à la nation sera-t-il à la mesure des attentes ? Viendrat-il siffler la fin de la récréation et marquer le grand retour de l’etat, de l’etat de droit et du bon fonctionnement des institutions dans l’esprit et la lettre de la nouvelle Constitution, à vrai dire notre seul et véritable acquis postrévolution ? la demande de la mise en place de la Cour constitutionnelle devient à cet égard plus qu’insistante, un impératif, et sa composition décisive