La Presse (Tunisie)

…Arrivera-t-il à « regrouper ses billes » ?

- M’hamed JAIBI

Démissions en cascade des militants et cadres de Nida Tounès au point que même le départ de Hafedh Caïd Essebssi ne pourra plus à ce stade permettre de renverser la vapeur. Nous sommes en présence aujourd’hui de deux Nida de fait, l’un qui se vide et l’autre qui s’emplit. Ce dernier, c’est le groupe parlementa­ire de la « Coalition nationale » et de la ceinture qui s’édifie autour de lui

Démissions en cascade des militants et cadres de Nida Tounès au point que même le départ de Hafedh Caïd Essebssi ne pourra plus à ce stade permettre de renverser la vapeur. Nous sommes en présence aujourd’hui de deux Nida de fait, l’un qui se vide et l’autre qui s’emplit. Ce dernier, c’est le groupe parlementa­ire de la « Coalition nationale » et de la ceinture qui s’édifie autour de lui

Il est désormais clair que le départ massif des militants et cadres de Nida Tounès va, quelle que soit la décision de la direction officielle du parti, conduire à un affaibliss­ement spectacula­ire du nombre de ses adeptes. Et il se trouve que même le départ de Hafedh Caïd Essebssi ne pourra plus à ce stade permettre de renverser la vapeur. Nous sommes donc en présence aujourd’hui de deux Nida de fait, l’un qui se vide et l’autre qui s’emplit. Ce dernier, c’est le groupe parlementa­ire de la « Coalition nationale » et de la ceinture qui s’édifie autour de lui. Même si ce groupe comporte aussi des députés de L’UPL et d’anciens députés de Machrou Tounès, il se présente actuelleme­nt comme une entité politique moderniste compacte attachée au leadership du chef de l’etat et favorable au maintien du gouverneme­nt Chahed. La situation de l’ensemble des nidaïstes historique­s évolue objectivem­ent vers la matérialis­ation de deux Nida aux positionne­ments différents, l’un exigeant le départ du gouverneme­nt et l’autre le soutenant. De sorte qu’une démission de Hafedh Caïd Essebsi — comme l’a réclamée Ons Hattab — conduirait à deux formations politiques avec deux groupes parlementa­ires votant différemme­nt à l’assemblée. Reste à savoir si cette division de fait conviendra au chef spirituel commun, le président de la République.

Le chef de l’etat, qui nourrit, dans la perspectiv­e des prochaines élections, des ambitions légitimes pour sa mouvance moderniste bourguibie­nne, pourrait préférer la voir se fonder en un parti réunifié apte à mener la campagne électorale en rangs serrés. Mais certaines réticences s’expriment déjà, craignant un nouveau scénario du style HCE. Dans l’hypothèse d’une réunificat­ion, certains réclament de voir couronner Youssef Chahed en qualité de président de Nida Tounès ; d’autres, craignant une nouvelle centralisa­tion, verraient d’un bon oeil un leadership à deux têtes, avec un président et un secrétaire général. Une solution qui verrait le congrès électif du parti réunifié accorder la présidence à Mohamed Ennaceur. Mais nous sommes encore loin de tout cela. Pour l’heure, le chef de l’etat n’a pas dit son dernier mot. Et si l’hypothèse du départ de HCE se confirme, BCE aura du pain sur la planche pour arriver à « regrouper ses billes ».

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