La Presse (Tunisie)

Le cap de bonne Espérance

- Khaled KHOUINI

Moins de possession, mais plus d’actions. C’est sans doute là l’une des manifestat­ions les plus visibles de la patte de Ben Yahia. Il veut de l’efficacité et du réalisme. L’EST les a eus jusqu’à satiété !

L’espérance Sportive de Tunis a donc réussi un coup monumental en damant le pion à l’etoile du Sahel dans son fief. C’est bel et bien l’incroyable réalité. L’ESS battue dans son antre dans les derniers instants d’un choc disputé et engagé. Les locaux promettaie­nt pourtant l’enfer à L’EST.

Mais l’enfer, c’est bien l’etoile qui l’a vécu en ¼ de finale retour de la C1. Un après-midi magique pour les « Sang et Or ». Pour Fousseiny Coulibaly, auteur d’une chevauchée fantastiqu­e ponctuée d’un but tout en finesse et plein de sang-froid. Pour Ben Mohamed, un jeune audacieux et ambitieux. Pour Chammam qui, à 31 ans accomplis, retrouve une seconde jeunesse. Pour Khaled Ben Yahia qui a su apporter les correctifs nécessaire­s pour en fin de compte vaincre et convaincre. Pour L’EST tout court, qui ne pouvait pas combler davantage tous ses inconditio­nnels en cette année du centenaire.

Du côté de l’olimpico, sans être flamboyant, le collectif de l’espérance a empêché l’etoile d’avancer, de percer et de s’engouffrer. Et cet incroyable phénomène porte incontesta­blement la marque de Ben Yahia. Ce chef-d’oeuvre face à un grand d’afrique, c’est d’abord celui du technicien « sang et or », tant sa mise en place tactique a totalement neutralisé les « Diables Rouges ».

Et ses joueurs ont fait le reste, sous l’impulsion d’un Blaïli insaisissa­ble et d’un Coulibaly intenable. Franck Kom, tel une sentinelle en alerte, a, quant à lui, brillé de tout son éclat.

Son sens de l’anticipati­on et son marquage à la culotte, comme on dit, ont cloué l’etoile au pilori. Un travail au corps à corps, un projet de jeu musclé avec tous les ingrédient­s qui vont avec, tels que cette vivacité axiale, ce repli éclair, cette projection rapide et cette bonne occupation du terrain. Le triomphe de l’espérance à Sousse, c’est d’abord celui d’un collectif. Les visiteurs ont affiché une déterminat­ion, une concentrat­ion et une solidarité de tous les instants pour concrétise­r le plan du staff technique.

Au milieu, l’etoile n’a pas vu le jour. En clair, elle n’a pratiqueme­nt pas existé avec ces passes pas toujours bien dosées et cette recherche tardive de la profondeur. Après son raté en Coupe arabe, L’EST retrouve de l’ambition. Cette équipe a enfin le mérite de réciter sa partition jusqu’au bout. Son abnégation, illustrée par le novice Ben Mohamed et par le tandem Chammam-dhaouadi, à préserver leur but inviolé jusqu’au bout, à protéger un Rami Jeridi serein et confiant.

Du tout bon pour Ben Yahia, du tout flou pour Ellili !

Si déterminé dans sa tâche défensive qui consistait à harceler son vis-à-vis, Coulibaly a par la suite trouvé la récompense idéale à son remarquabl­e travail de sape. Il perfore le rideau défensif étoilé et s’en va sanctionne­r Achraf Krir. Oui, c’était la copie parfaite. Sans tache. Sans une situation litigieuse tel un penalty non accordé à l’etoile ou une domination stérile des locaux pour laisser planer un semblant de suspense avant le coup de sifflet final. Les astres étaient alignés pour que le jeu de L’EST soit couronné de succès. C’était une performanc­e remarquabl­e pour un club qui entend écrire l’histoire de la C1 cette saison.

De l’engagement au cours de ce match, il y en a eu avec au final des « Sang et Or » remontés et des Etoilés déboussolé­s. L’etoile aurait dû s’en douter. Avec cette Espérance qui exerce un pressing haut tout en mettant une intensité folle dans les duels, il faut ramer pour trouver la parade. Une percée, un but et un match ficelé à la 86’ minute. Au final, les « Sang et Or » étaient morts de faim face à des Etoilés bien trop tendres. Et même volet plan de jeu, les tactiques se résument à du tout bon pour Ben Yahia, du tout flou pour Chiheb Ellili ! Ben Yahia a aligné un milieu de terrain accrocheur et «ratisseur». Ses médians ont fait la loi, intercepta­nt plusieurs ballons et coupant les lignes de transmissi­on adverses. En face, le coach étoilé n’a à aucun moment trouvé la solution pour faire tomber la forteresse adverse. Même volet efficacité, il n’y a pas photo. Moins de possession, mais plus d’actions pour L’EST.

C’est sans doute là l’une des manifestat­ions les plus visibles de la patte de Ben Yahia. Cet entraîneur­là se fiche de la possession. Il veut de l’efficacité et du réalisme. L’EST les a eus, vendredi soir, jusqu’à satiété.

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Aymen Ben Mohamed, du panache et de l’audace à revendre

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