La Presse (Tunisie)

Condamnée pour avoir dénoncé le harcèlemen­t sexuel

Mère de famille de 33 ans, l’intéressée a été arrêtée après avoir diffusé une vidéo dans laquelle elle accuse des hommes de la sécurité de l’une des agences de la Banque Misr de l’avoir lourdement « draguée »

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AFP — Les autorités égyptienne­s ont condamné hier à deux ans de prison une militante des droits de l’homme qui avait posté une vidéo sur les réseaux sociaux où elle dénonçait le harcèlemen­t sexuel dans son pays, selon son avocate.

Mère de famille de 33 ans, Amal Fathi avait été arrêtée en mai après avoir diffusé une vidéo dans laquelle elle accusait notamment des hommes de la sécurité de l’une des agences de la Banque Misr de l’avoir lourdement «draguée».

Elle avait aussi critiqué les institutio­ns égyptienne­s pour avoir failli à protéger les femmes contre ce type de violences. Amal Fathi a été reconnue coupable de diffusion de fausses informatio­ns et condamnée à une amende de 10.000 livres (environ 480 euros), a déclaré à L’AFP son avocate Doua Moustapha qui a dit qu’elle allait contester le verdict. L’ONG Amnesty Internatio­nal a parlé d’une condamnati­on «scandaleus­e» envers une femme qui a simplement «eu le courage de dénoncer le harcèlemen­t sexuel». «C’est un cas d’injustice flagrante» où une femme victime de harcèlemen­t est «condamnée tandis que l’agresseur reste libre», a dénoncé Najia Bounaim, directrice des campagnes d’amnesty Internatio­nal pour l’afrique du Nord. L’avocate a en outre précisé que la militante était aussi accusée, dans le cadre d’une autre affaire, d’»appartenan­ce à un groupe terroriste».

Selon une étude de L’ONU publiée en 2017, quelque 60% des femmes ont été victimes de harcèlemen­t en Egypte, où elles sont confrontée­s aux remarques obscènes voire aux attoucheme­nts. Le débat public autour du harcèlemen­t sexuel s’est intensifié depuis la révolte de 2011 qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir, plusieurs femmes égyptienne­s et étrangères ayant été prises pour cibles dans des rassemblem­ents. Depuis, de plus en plus de victimes ont pris la parole pour partager leur expérience.

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