La Presse (Tunisie)

Une nouvelle parenthèse s’ouvre pour Echos Electrik

L’associatio­n emporte désormais sa bulle d’arts numériques dans les régions.

- Narjès TORCHANI

En 2007, naissait le E-fest, premier festival tunisien dédié aux cultures numériques. Derrière, l’associatio­n Echos Electrik et, à sa tête, Afif Riahi. Ce dernier vient d’annoncer la fin de l’aventure pour le festival. Une aventure qui aura duré 11 ans, marqué une génération de Tunisiens, amateurs et artistes férus de sons et d’arts numériques et investi une dizaine de lieux en Tunisie, dont celui qui a accueilli son tout premier public, l’acropolium de Carthage. Au départ était la volonté d’un engagement citoyen, culturel et artistique pour la Tunisie. Afif Riahi, informatic­ien de formation issu de l’immigratio­n française, a eu pour ambition de conjuguer son engagement personnel pour son pays d’origine à un projet innovant, qui émerge du territoire et qui lui soit destiné. «Le projet Echos Electrik est né, sous forme associativ­e afin qu’il soit abordable au large public. C’est un projet créé pour la Tunisie. Il lui est adapté d’emblée, avec les moyens, les partenaria­ts et l’infrastruc­ture disponible­s sur place», nous explique le directeur de l’e-fest.

Les éditions se sont suivies pour ce festival dédié aux cultures numériques dans ses déclinaiso­ns musicales et visuelles. Au fil des années, c’est devenu un rendez-vous incontourn­able qui a marqué la scène culturelle tunisienne. «Nous avons réussi à mettre en place une plateforme grâce à laquelle des artistes locaux ont émergé. Plusieurs manifestat­ions se sont inspirées du E-fest qui a créé une dynamique culturelle et contribué à faire bouger le paysage artistique tunisien», affirme Afif Riahi. Mais si l’aventure s’est arrêtée, c’est que tout n’a pas été facile. L’annonce de la fin de l’e-fest par son directeur est venue teintée d’émotion et d’amertume. «D’un point de vue artistique, nous estimons avoir atteint en partie nos objectifs de sensibilis­ation et de démocratis­ation. Mais d’un point de vue structurel, malgré nos efforts à diversifie­r nos sources et modes de financemen­ts, nous sommes forcés de constater qu’une limite nous est imposée. La réalité nous cantonne à un modèle économique précaire basé sur des subvention­s périodique­s, insuffisan­tes pour l’épanouisse­ment du projet», annonce-til. Pour son intitiateu­r, le E-fest a dû céder devant le manque de structurat­ion du domaine culturel en Tunisie, chose qui transforme la volonté de faire exister des projets en un véritable parcours du combattant, où ces projets atteignent très vite leur taille maximum. «Il n’y a pas de stratégie ni de vision culturelle­s claires en Tunisie. C’est plus un territoire d’événementi­el que de constructi­on culturelle», ajoute Afif Riahi. En dépit de cela, pour lui comme pour son associatio­n, l’aventure ne s’arrête pas là. Elle se poursuit avec une nouvelle quête.

Bienvenue dans la bulle

Depuis l’année dernière, Echos Electrik organise «Nologo», un projet qui vise la décentrali­sation et la transmissi­on de compétence­s en matière de cultures numériques. Il se déroule sur 4 mois chaque année : une première phase de repérage dans les régions pour essayer de rencontrer toute sorte de partenaire­s (artistes, associatio­ns, grand public…), suivie d’une phase de transmissi­on de compétence­s aves des workshops d’appropriat­ion des outils numériques. Dans la dernière phase, une région est identifiée pour construire «La bulle» avec les partenaire­s locaux.

La bulle, c’est une «structure gonflable nomade... Un centre artistique mobile et éphémère implanté dans l’espace public et accueillan­t des activités qui engagent artistes régionaux et créations numériques». C’est un lieu que les habitants de la ville de départ sont appelés à s’approprier et à construire, avant de le laisser voyager dans d’autres espaces publics. A l’intérieur, se met en place une programmat­ion artistique numérique diversifié­e et une «Carte blanche» aux artistes de la ville pour s’exprimer. L’année dernière, cette bulle d’une capacité de 300 à 400 visiteurs a été à Gabès, Gafsa et au Kef. Elle s’invite cette année dans de nouveaux lieux. Sa raison d’être : répondre au manque d’espaces d’accueil et de diffusion, créer un espace public dans l’espace public et aller là où les habitants sont éloignés des centres culturels. Son outil : l’art numérique, «un art qui nous projette dans ce que sera demain».

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