Graves accusations, mais c’est à la justice de trancher
Le comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi a fait de surprenantes révélations se rapportant à des soupçons de vol et un détournement de documents secrets sous l’ordre de l’un des anciens patrons de la Direction générale des services spécialisés (Dgss) qui a vainement tenté de les archiver sans procès-verbal et sur lequel plane des soupçons de connivence avec le parti islamiste au temps de la Troïka, selon les dires des membres du comité
Le comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi a fait de surprenantes révélations se rapportant à des soupçons de vol et un détournement de documents secrets sous l’ordre de l’un des anciens patrons de la Direction générale des services spécialisés (Dgss) qui a vainement tenté de les archiver sans procès-verbal et sur lequel plane le doute de connivence avec le parti islamiste au temps de la Troïka, selon les dires des membres du comité
Une organisation spéciale en lien étroit avec le parti Ennahdha avait préparé le terrain pour les assassinats de Belaïd et Brahmi après la révolution. L’organisation en question avait en sa possession d’importants documents de renseignement, accuse le comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi lors d’une conférence de presse tenue ce lundi à Tunis .
Si le voile a été levé sur les terroristes qui ont mis à exécution le vil plan de l’assassinat des deux martyrs, les commanditaires sont toujours libres et n’ont pas été inquiétés pour autant. Deux plaintes déposées à l’encontre de trois anciens ministres et deux hauts cadres sécuritaires n’ont pas eu de suite à ce jour, déplore Nizar Snoussi, membre dudit comité.
Documents volés et détournés
Le comité de défense a fait de surprenantes révélations se rapportant à des soupçons de vol et un détournement de documents secrets sous l’ordre de l’un des anciens patrons de la Direction générale des services spécialisés (Dgss) qui a vainement tenté de les archiver sans procès-verbal et sur lequel plane le doute de connivence avec le parti islamiste au temps de la Troïka, selon les dires des membres du comité. Ces documents ont été saisis dans le cadre de l’arrestation du dénommé Mustapha Kheder (moniteur de conduite et ancien membre du groupe Barraket Essahel) à El Mourouj en 2013 lors du règne de la Troika mais n’ont été exploités que partiellement dans l’affaire de l’assassinat des deux martyrs. Mutapaha Kheder a été présenté comme étant le chef de file de cette organisation spéciale qui s’apparenterait plutôt à une importante direction de renseignements.
Un matériel d’espionnage a été saisi à cette occasion chez la personne arrêtée Mustapha Khedr et plusieurs documents et enregistrements n’ont pas été malheureusement transférés à la justice, dont certains sont en étroite relation avec les deux affaires de Belaïd et Brahmi. Cette personne a révélé lors de son audition sa relation avec l’un des anciens membres du bureau exécutif du parti islamiste .Dans un autre enregistrement, la même personne évoque l’alliance présumée d’un ancien juge (actuellement avocat) chargé de l’affaire du martyr Belaïd avec le parti islamiste Ennahdha.
Les accusations se poursuivent et «les preuves» d’un lien présumé entre cette organisation spéciale et Ennahdha sont exposées durant la conférence, à commencer par l’inexplicable fuite d’éléments salafistes au moment où ils étaient activement recherchés et impliqués dans les assassinats politiques, à l’instar des deux terroristes du groupe interdit Ansar Al Chariaâ, Abou Yadh et Abou Bakr El Hakim.
Des activités dignes d’un important service d’intelligence
Dans ce même contexte, les avocats de la défense ont établi le lien entre le parti islamiste et l’organisation des frères musulmans en Egypte qui, selon eux, ne fait plus l’ombre d’un doute, comme en témoigne ce stage de formation organisé en 2013 au profit des membres de cette organisation dans le domaine de l’espionnage sous la houlette de l’un des hauts cadres des services techniques.
D’autres présumés vérités ont été révélées sur la relation de cette organisation spéciale et les services d’intelligences basés à l’étranger en septembre 2013 durant l’ère de la Troïka, ainsi que ses liens directs avec le président du parti Ennahdha et deux autres membres de son bureau exécutif. D’ailleurs comment expliquer la décoration de Mustapah Kheder par l’ancien président Moncef Marzouki au moment où il était encore en prison et qui a suggéré son nom ?, se sont demandé les membres du comité. Plusieurs documents attestant l’existence de cette organisation spéciale portaient le sceau du parti Ennahdha, et s’intéressaient à d’anciens hauts cadres sécuritaires issus du milieu du renseignement, des militaires, des journalistes, ainsi que des présidents d’association, reflétant cette tendance à vouloir tout contrôler et avoir une mainmise sur toutes les composantes de la société, a souligné Ridha Radaoui, membre de ce comité .
La promotion de hauts responsables sécuritaires qui ont été entendus dans le cadre de l’assassinat de Belaïd et Brahmi et l’affectation d’autres dans des postes de commandement à l’étranger, ne peuvent que témoigner de manoeuvres pour entraver la recherche de la vérité sur ses assassinats, a-t-il ajouté.
Le comité a insisté à la fin de la conférence sur l’obligation de transférer à la justice tous les documents qui se trouvent dans la présumée chambre noire au ministère de l’intérieur et la poursuite des auditions dans les deux affaires en se référant aux documents saisis et dont l’ancien juge d’instruction n’a pas tenu compte. D’autres documents sont en possession dudit comité et seront révélés au moment opportun, ont averti les membres du comité de défense des deux martyrs.