La Presse (Tunisie)

L’impératif d’une sagesse partagée

- M’hamed JAIBI

Certains observateu­rs et acteurs politiques soupçonnen­t les avocats de nos martyrs et leur ceinture de soutien de saisir la conjonctur­e politique en cours qui voit le chef de l’etat prendre ses distances vis-à-vis d’ennahdha, pour enfoncer le clou. Même si, en fait, aucune preuve précise n’a renforcé l’intime conviction de tous ceux qui pensent qu’ennahdha était sans doute dans le coup

Certains observateu­rs et acteurs politiques soupçonnen­t les avocats de nos martyrs et leur ceinture de soutien de saisir la conjonctur­e politique en cours qui voit le chef de l’etat prendre ses distances vis-à-vis d’ennahdha, pour enfoncer le clou. Même si, en fait, aucune preuve précise n’a renforcé l’intime conviction de tous ceux qui pensent qu’ennahdha était sans doute dans le coup

La conférence de presse organisée, hier, par les avocats de feu Belaïd et feu Brahmi, est venue relancer, sans vraiment de nouvelles révélation­s, les accusation­s qui, depuis ces deux horribles assassinat­s politiques, visent le mouvement Ennahdha alors au pouvoir et complaisan­t à l’égard de l’activisme pro-jihadiste.

Ces deux crimes majeurs avaient d’ailleurs marqué le déclenchem­ent d’un vaste mouvement de répréhensi­on populaire qui conduira vite au grand sit-in du Bardo puis au départ de la Troïka au profit d’un gouverneme­nt neutralist­e cautionné par les quatre organisati­ons ayant chapeauté le dialogue national, notamment l’ugtt et l’utica à qui reviendra le prix Nobel de la Paix.

Le fait de rappeler que les assassins restent impunis et échappent totalement à la justice est plus que légitime, justifiant pleinement que l’on revienne à la charge autant de fois que possible pour crier au scandale et interpelle­r une justice désormais indépendan­te mais qui s’avère souvent inopérante.

Mais certains observateu­rs et acteurs politiques soupçonnen­t les avocats de nos martyrs et leur ceinture de soutien de saisir la conjonctur­e politique en cours qui voit le chef de l’etat prendre ses distances vis-à-vis d’ennahdha, pour enfoncer le clou. Même si, en fait, aucune preuve précise n’a renforcé l’intime conviction de tous ceux qui pensent qu’ennahdha était sans doute dans le coup.

La recherche de la vérité est essentiell­e et doit absolument bénéficier de l’apport de tous, afin de purifier le climat politique et d’éradiquer toute velléité de recours à la violence et au crime. Mais il s’agit au même moment d’éviter les recours faciles au rappel des moments sombres de l’histoire récente du pays, laquelle est, en réalité, du ressort de l’instance vérité et dignité, qui n’en fait rien.

Financière­ment et économique­ment, le pays est au bord du précipice. Même si divers indicateur­s annoncent une certaine reprise, l’aggravatio­n de la crise politique serait une aventure par trop préjudicia­ble, pouvant mener à la catastroph­e. D’où l’impératif d’une sagesse partagée. Car le groupe parlementa­ire d’ennahdha est et reste, quoi qu’il en soit, au centre de la décision politique des parlementa­ires, dont les prérogativ­es sont essentiels dans le régime politique actuel. Si Ennahdha voit confirmer son implicatio­n concrète dans les assassinat­s politiques, cela devra conduire à son isolement et l’écartera, sans doute, définitive­ment de la scène politique. Mais cela revient à la justice indépendan­te que de le prouver, et il est grand temps qu’elle se prononce clairement et définitive­ment sur cette question.

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