L’impératif d’une sagesse partagée
Certains observateurs et acteurs politiques soupçonnent les avocats de nos martyrs et leur ceinture de soutien de saisir la conjoncture politique en cours qui voit le chef de l’etat prendre ses distances vis-à-vis d’ennahdha, pour enfoncer le clou. Même si, en fait, aucune preuve précise n’a renforcé l’intime conviction de tous ceux qui pensent qu’ennahdha était sans doute dans le coup
Certains observateurs et acteurs politiques soupçonnent les avocats de nos martyrs et leur ceinture de soutien de saisir la conjoncture politique en cours qui voit le chef de l’etat prendre ses distances vis-à-vis d’ennahdha, pour enfoncer le clou. Même si, en fait, aucune preuve précise n’a renforcé l’intime conviction de tous ceux qui pensent qu’ennahdha était sans doute dans le coup
La conférence de presse organisée, hier, par les avocats de feu Belaïd et feu Brahmi, est venue relancer, sans vraiment de nouvelles révélations, les accusations qui, depuis ces deux horribles assassinats politiques, visent le mouvement Ennahdha alors au pouvoir et complaisant à l’égard de l’activisme pro-jihadiste.
Ces deux crimes majeurs avaient d’ailleurs marqué le déclenchement d’un vaste mouvement de répréhension populaire qui conduira vite au grand sit-in du Bardo puis au départ de la Troïka au profit d’un gouvernement neutraliste cautionné par les quatre organisations ayant chapeauté le dialogue national, notamment l’ugtt et l’utica à qui reviendra le prix Nobel de la Paix.
Le fait de rappeler que les assassins restent impunis et échappent totalement à la justice est plus que légitime, justifiant pleinement que l’on revienne à la charge autant de fois que possible pour crier au scandale et interpeller une justice désormais indépendante mais qui s’avère souvent inopérante.
Mais certains observateurs et acteurs politiques soupçonnent les avocats de nos martyrs et leur ceinture de soutien de saisir la conjoncture politique en cours qui voit le chef de l’etat prendre ses distances vis-à-vis d’ennahdha, pour enfoncer le clou. Même si, en fait, aucune preuve précise n’a renforcé l’intime conviction de tous ceux qui pensent qu’ennahdha était sans doute dans le coup.
La recherche de la vérité est essentielle et doit absolument bénéficier de l’apport de tous, afin de purifier le climat politique et d’éradiquer toute velléité de recours à la violence et au crime. Mais il s’agit au même moment d’éviter les recours faciles au rappel des moments sombres de l’histoire récente du pays, laquelle est, en réalité, du ressort de l’instance vérité et dignité, qui n’en fait rien.
Financièrement et économiquement, le pays est au bord du précipice. Même si divers indicateurs annoncent une certaine reprise, l’aggravation de la crise politique serait une aventure par trop préjudiciable, pouvant mener à la catastrophe. D’où l’impératif d’une sagesse partagée. Car le groupe parlementaire d’ennahdha est et reste, quoi qu’il en soit, au centre de la décision politique des parlementaires, dont les prérogatives sont essentiels dans le régime politique actuel. Si Ennahdha voit confirmer son implication concrète dans les assassinats politiques, cela devra conduire à son isolement et l’écartera, sans doute, définitivement de la scène politique. Mais cela revient à la justice indépendante que de le prouver, et il est grand temps qu’elle se prononce clairement et définitivement sur cette question.