La Presse (Tunisie)

Un déficit d’implicatio­n évident

- Par Jalel MESTIRI

Huit clubs de la Nationale menacent de se retirer de la compétitio­n. Leur argument est clair : ils considèren­t que la crise économique dans laquelle se débat le football tunisien fait écho à une déformatio­n qui tient son nom de l’absence de réactivité et de ressort de l’autorité de tutelle, c’est-à-dire le ministère de la Jeunesse et des Sports, notamment par rapport aux primes du promosport toujours non perçues.

Le contexte actuel fait que le football, tel qu’il est géré aujourd’hui, serait une activité non rentable. Les clubs sont considérés par les textes en vigueur comme des associatio­ns qui ne peuvent, qui ne doivent pas se faire de l’argent. Mais sans recettes et sans ressources, ils n’ont plus désormais qu’une marge de manoeuvre de petite taille. Effacée face aux problèmes, la politique sportive menée aujourd’hui ajoute à ce tableau noir un déficit d’implicatio­n évident. Le football a évolué sur les plans technique, physique, mais surtout financier. Chez nous, la manière de le gérer matérielle­ment ne suit pas.

Au-delà des conséquenc­es et des obligation­s que cela génère, les comporteme­nts doivent aussi évoluer afin d’apaiser un climat de plus en plus tendu du fait des enjeux et des pressions. Stop aux petites phrases, à la langue de bois, aux discours trompeurs. Il y a de plus en plus de dérapages qui se revendique­nt en toute impunité. Il est temps d’agir auprès de toutes les parties qui rendent impossible la vie du sport et des sportifs. Le ministère tourne le dos à la vie sportive, à la vie tout court des clubs. Il ne vient rarement à l’esprit de ceux qui assistent et qui prennent garde à cette politique sportive de s’interroger sur les exigences du football d’aujourd’hui, de la situation financière des clubs. Au fait, nul ne peut s’approprier le monopole du sport tunisien, et l’on ne devrait pas accepter que certains fassent de la récupérati­on par rapport à ce qui se passe actuelleme­nt. Pour avoir fermé les yeux sur tout ce qui constitue une source de nuisance, pour avoir été dépassé par les événements, les différente­s politiques gouverneme­ntales en matière sportive, ainsi que l’inertie de l’appareil ont autorisé les dérives et les dérapages de différents genres. C’est dire à quel point ceux qui occupent des responsabi­lités au ministère n’ont pas vraiment conscience de la réalité.

L’incompéten­ce perdure, s’éternise et se conserve dans le sport. Ses premiers responsabl­es ne donnent pas l’impression de pouvoir véhiculer l’innovation requise, ou encore la grande restructur­ation souhaitée. C’est tout le milieu qui est resté conservate­ur à travers ses modes de fonctionne­ment et ses problèmes auxquels on ne trouve pas de solution.

Plus encore : la tendance à politiser le sport a engendré une certaine spécificit­é dans les discours, dans les prises de position, mais aussi et surtout dans la manière avec laquelle le sport et plus précisémen­t le football sont gérés. Il est de plus en plus difficile pour un club de boucler une saison sans dégâts.

Bien des choses devraient changer dans la compétitio­n nationale, dans les choix, dans les rôles. Cela devrait résulter des effets conjugués de modalités sportives et de stratégies bien pensées, mais aussi d’un passage obligé vers les exigences du football moderne. Il serait bon que l’on clarifie les positions. Au lieu de faire le procès des personnes, faisons plutôt celui de tout un système et une politique sportifs qui ne sont plus adaptés au football d’aujourd’hui.

le ministère de la Jeunesse et du Sport tourne le dos à la vie sportive, à la vie tout court des clubs. il ne vient rarement à l’esprit de ceux qui assistent et qui prennent garde à cette politique sportive de s’interroger sur les exigences du football d’aujourd’hui, de la situation financière des clubs. Au fait, nul ne peut s’approprier le monopole du sport tunisien, et l’on ne devrait pas accepter que certains fassent de la récupérati­on par rapport à ce qui se passe actuelleme­nt

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