Le souffle de la mémoire gonflera les voiles de l’épopée tabarquine
Dans notre livraison du mardi 2 octobre dernier, nous nous sommes fait l’écho de la démarche effectuée par un certain nombre d’acteurs institutionnels et associatifs et appuyée par les Etats tunisien, italien et espagnol en vue de l’inscription de l’identité « tabarquine » sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité.
Cette entité est fille d’un commerce deux fois séculaire qui a prospéré, avant de s’étioler et de se dissoudre, il y a plus de deux siècles et demi, sur le minuscule ilôt de Tabarque, aujourd’hui rattaché au continent par un isthme de près de 500 mètres de long. La particularité de cette longue parenthèse est qu’elle a été initiée en 1544 par la Maison des Lomellini, une noble et puissante famille de la République de Gênes, capitale de la Ligurie, sur la côte nord-ouest de l’italie, venue ici exploiter un grand gisement de corail qui leur avait été concédé par le Pacha de Tunis. Entreprise à une échelle pour ainsi dire industrielle par une communauté venue de la côte ligure pour vivre et travailler dans une semi-autarcie selon son propre mode de vie, cette activité s’est diversifiée au fil des générations pour s’étendre à toutes sortes d’échanges avec la Khroumirie voisine, échanges qui se sont même étendus au genre de vie et même au parler. C’est déjà là une grande particularité. Mais peut-être que la singularité du phénomène réside dans le fait qu’après la dispersion de cette population entre la Sardaigne (Carloforte et Calasetta) et un ilôt au large de la côte espagnole (Nueva Tabarca), suite à la récupération de Tabarque par Tunis en 1741, les « Tabarchini » ont conservé leur spécificité acquise en l’ilôt jusqu’à ce jour. Ils s’en montrent fiers et revendiquent sa reconnaissance par l’unesco en tant qu’entité devant figurer sur la liste du patrimoine immatériel mondial. L’inscription sur « la liste représentative » est un préalable en vue de cette consécration. Pour y parvenir, outre la démarche réglementaire, il faut également mener une vigoureuse campagne de lobbying pour convaincre les décideurs de la pertinence de l’initiative. Et c’est là que reparaît sur la scène un acteur majeur de cette aventure unique : les Lomellini, représentés par le marquis Enrico Ottonnello Lomellini di Tabarca.