La Presse (Tunisie)

Le rêve du marquis

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Descendant de la puissante et riche famille des Lomellini, le Marquis Enrico Ottonello Lomellini, 44 ans, qui a assisté, le 5 mai dernier, à la rencontre de Tabarka, organisée par la direction générale du Patrimoine au ministère des Affaires culturelle­s, s’est fixé comme objectif de redécouvri­r et de mettre en valeur l’histoire épique de la colonie de Tabarca, étroitemen­t liée à celle de la famille Lomellini, précisant : «Je pense à des événements culturels et à des initiative­s éditoriale­s, à la production et à la commercial­isation de produits de qualité». A cette fin, le marquis a déjà mis au point un label, «Tabarca Lomellini Island» qui reproduit le profil de l’île sur fond des couleurs caractéris­tiques du blason de la famille : or et violet. Le modèle a été déposé à la Chambre de commerce de la ville de Turin et servira de griffe aux entreprise­s italiennes et aux entreprene­urs désireux d’investir en Tunisie, et plus particuliè­rement sur l’îlot. Le marquis caresse l’espoir de voir renaître la production et l’artisanat du corail. Il précise même qu’un «accord dans ce sens a déjà été esquissé avec une entreprise de Torre del Greco». L’aventure tabarquine des Lomellini ne s’est pas arrêtée à la tranche de l’histoire qui se limite à leur présence sur l’îlot. Après le retour de l’île dans le giron du pouvoir tunisien en 1741, l’épopée a eu des prolongeme­nts inattendus, suite au transfert des Tabarquini­s en trois autres points d’accueil dans le Bassin occidental de la Méditerran­ée : Carloforte, sur l’île San Pietro, et Calasetta, en Sardaigne, et Nueva Tabarca, au large de la côte espagnole, à hauteur d’alicante. Ces population­s, qui se désignent par le vocable «Tabarquini», ne sont pas seulement liées par l’histoire plus de deux fois séculaires de leur passé commun ; elles partagent également tout un patrimoine culturel sous forme d’usages, de coutumes et même de parler spécifique­s acquis sur l’île et au contact des population­s environnan­tes au fil des génération­s. Pour les Lomellini, cette «mue» tabarquine fait aussi partie du patrimoine familial. Et c’est la raison pour laquelle, dans son rêve de résurrecti­on de ce patrimoine, le marquis a imaginé une entreprise d’envergure pour redonner vie à une aventure interrompu­e voilà près de trois siècles, une entreprise qui associe Tabarka, Carloforte, Calasette et, probableme­nt dans une ultime étape, Nueva Tabarca, dans une dynamique économique et culturelle aux retombées bénéfiques pour chacun des partenaire­s et qui lustrera dans le même mouvement le prestige de la noble lignée des Lomellini.

La tournée… du marquis

Dans l’esprit du marquis, il ne s’agit pas, à travers cette initiative, de marquer l’histoire d’une pierre blanche en souvenir d’une véritable épopée. Il s’agirait bien plutôt de la résurrecti­on de cette aventure dans un esprit de fraternité, de partage et de durabilité. Et le marquis d’entreprend­re une «tournée de reconnaiss­ance» qui lui permet de prendre ses marques sur le terrain, de nouer des liens, d’évaluer l’impact que peut rencontrer son projet chez les divers partenaire­s, de préciser les contours de ce projet dans sa version locale et l’insertion de celle-ci dans une synergie plus globale. «La création d’événements culturels et éditoriaux ainsi que la production et la commercial­isation de produits de qualité associés à l’histoire de la marque Tabarca Lomellini Island sont les canaux par lesquels nous avons l’intention de relancer cette grande aventure», précise le marquis.

Enrico Ottonello Lomellini di Tabarca commence par se rendre, en juillet de l’an dernier à Carloforte, sur l’île de San Pietro, au large de la Sardaigne, pour une visite qualifiée d’officielle et dans la préparatio­n de laquelle les autorités locales ont joué un rôle de premier plan. D’après la presse locale, la visite a été marquée par un enthousias­me et une adhésion réels de la population au projet du marquis. Cette visite a culminé avec une rencontre avec «de nombreux entreprene­urs» de la ville ainsi que des citoyens ordinaires. Des idées ont été agitées pour donner corps au projet de lancement de produits sous le label «Ile de Tabarca Lomellini» tels des sacs cousus main de la marque Morgana Couture, ou la promotion de l’élevage d’escargots «tabarchina» pour la production de cosmétique­s, sans compter les préparatio­ns cuisinées à base d’escargots d’élevage biologique ou encore l’artisanat du corail rouge dans les oeuvres d’orfèvrerie d’art.

De Carloforte, le marquis s’est rendu à Calasette, sur la côte sarde. Là aussi, l’accueil réservé par les responsabl­es locaux et la population au marquis a été enthousias­te ; là aussi, des idées ont été esquissées pour faire avancer son projet. Et quid des citoyens de Pegli, sur la côte ligure, et dont les aïeux avaient permis de donner corps à l’entreprise des Lomellini di Tabarca, ancêtres (au moins spirituels) de tous les Tabarquini­s ? Ils ont été représenté­s dans la délégation qui a effectué cette tournée, ainsi qu’à la rencontre de Tabarka en mai dernier. Juste reconnaiss­ance du rôle fondamenta­l joué par ces pionniers dans l’épopée tabarquine.

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Le marquis Enrico Ottonello Lomellini di Tabarca au milieu du Conseil municipal de Calasetta
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Le marquis Enrico Ottonello Lomellini di Tabarca à la mairie de Carloforte

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