La Presse (Tunisie)

Le personnel qualifié et spécialisé fait défaut

- Jamel TAIBI

Les géologues appellent l’etat à investir dans la recherche minière, au moins jusqu’aux premiers sondages de reconnaiss­ance. Certaines régions de la zone regorgent de zones minières encore inexploité­es

Naguère considéré comme le moteur de l’activité socioécono­mique dans la région du Kef, le secteur minier est aujourd’hui en phase de régression, suite à l’épuisement des quelque 20 sites miniers de la région et qui ont commencé, à partir de 1960, à fermer l’un après l’autre, jusqu’en 1990 où, seules les deux mines de Bougrine et de Boujabeur ont continué à fonctionne­r jusqu’à 2005 , date de leur fermeture définitive, la première pour épuisement de réserves et la seconde pour raisons socioécono­miques. En effet, selon le présidentd­irecteur général de la société de la mine de Jbel Jérissa, Mongi Chikhaoui, 70% de la population active du Kef travaillai­t dans les mines jusqu’à 1960, et les métaux extraits dans les 20 mines, qui remontent toutes, selon lui, à l’époque romaine, étaient le fer, le plomb, le zinc, la barytine et le phosphate.

Méthodes d’exploitati­on inadaptées

La fermeture des mines de la région a été dictée, toujours selon la même source, par cinq raisons principale­s; d’abord, par le coût très élevé de l’exploitati­on minière et la masse salariale très importante, mais aussi par la baisse des cours sur le marché internatio­nal, l’épuisement des réserves et les méthodes d’exploitati­on jugées inadaptées.

En dépit de cette situation de crise dans laquelle a été plongé le secteur minier, plusieurs travaux de recherche ont été menés par l’office des mines, et des partenaire­s privés et ont touché les activités de la gîtologie, la géochimie stratégiqu­e, semi-stratégiqu­e et tactique et l’inventaire géophysiqu­e.

Il a fallu, cependant, des études cartograph­iques détaillées, des études géophysiqu­es et des sondages sur 25 km pour la découverte de la nouvelle mine de Bougrine au sud du Kef, dont les réserves s’élevaient à l’époque à 12 millions de tonnes avec une teneur de 12% Aujourd’hui, il a été transformé en usine de traitement des minéraux (Sotramine) établie par un promoteur privé tunisien, Taoufik Mansouri, le seul dans le pays qui a osé investir dans le secteur minier.

Recours à des formateurs étrangers

Selon lui, le secteur minier est dispensate­ur de bienfaits pour l’économie nationale, mais il souffre d’un manque cruel en personnel qualifié et spécialisé, notamment au niveau de l’extraction et l’exploitati­on des mines nouvelles, ce qui l’a poussé à recourir à des spécialist­es étrangers pour former le personnel dans opérant de la mine de Kbouch, au Kef-est. La Sotramine a déjà produit, cette année, près de 3.000 tonnes de minerai de plomb et de zinc qui ont été exportés vers les deux marchés français et hollandais, et projette d’atteindre les 5.000 tonnes d’ici la fin de l’année. Mais elle devrait atteindre sa vitesse de croisière en 2020 avec une production annuelle de 33 mille tonnes par année, répartis entre zinc (25 mille tonnes) et plomb (8.000 tonnes), le tout à exporter vers le marché européen. Le montage de cette usine a créé une dynamique socioécono­mique importante dans la région d’autant que de nouveaux postes d’emploi seront pourvus au fur et à mesure de l’accroissem­ent de la production et de l’extension des activités de l’usine

Autant dire que le secteur minier a, encore, de beaux jours devant lui dans la région du Kef, mais cela requiert d’abord la multiplica­tion par l’etat et, par l’office des mines, des recherches minières dans la région et dans toute la région du nord-ouest où le potentiel minier serait, toujours, selon plusieurs experts, encore conséquent et prometteur à bien des égards

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