Entre innovation et répétition
Au-delà du concours, l’on aimerait voir ces spectacles voyager dans toute la Tunisie et être les ambassadeurs de leurs régions pour différents publics.
Cette édition des Journées musicales de Carthage aura été spéciale. Désorganisation, information qui ne circule pas, on aura tout vu. Du bon aussi et heureusement. L’un de ses points lumineux est la compétition, en différentes catégories dont « Pop.tn », consacrée à la musique tunisienne traditionnelle, sous toutes ses formes et de toutes origines. Sous la gestion de Oussama Farhat, cinq projets musicaux ont été sélectionnés par Hatem Guizani pour la compétition. Le public a pu les découvrir mardi soir à la Cité de la culture. Les premiers à apparaître sur scène ont été les membres de la troupe de Anis Melliti. Le spectacle « Djerba hkeya » (Histoire de Djerba) a très vite remporté l’adhésion du public avec ses chansons du patrimoine, revisitées dans la technique de chant comme dans la distribution musicale. Fond et forme se sont harmonisés pour une proposition complète et recherchée, avec des choix de costumes et une mise en scène pertinents. Ayant débordé sur le temps qui lui était alloué (une demi-heure pour tous les participants), la troupe a déclenché quelques mécontentements dans la salle, venant surtout de familles ou d’amis des autres compétiteurs, venus en nombre mardi soir encourager les leurs. Gabès a assuré la relève comme il se doit. Voix suaves et chants enchanteurs, avec de beaux costumes traditionnels ont aussi fait leur effet, à part un petit bémol concernant la monotonie des rythmes. La troupe de Zied Menfi est une agréable découverte. Pour le spectacle « Wallada », Mourad Toumi a misé sur la tradition savante et l’héritage du malouf, ainsi que des voix jeunes. Sa chorale composée d’enfants et d’adolescents est étonnante de synchronisation et de justesse de chant. Le résultat est plus que plaisant pour l’oreille, mais manque d’innovation. Du Nord, nous vient le spectacle « Rakch » de Ibrahim Bahloul. L’héritage musical en luimême n’est pas l’objet de l’innovation qui vient plutôt de la mise en scène du spectacle. Celui-ci propose, en effet, une recherche sur les symboles et rituels qui accompagnent la musique de la région, en intégrant par exemple le mortier en cuivre comme percussion. La clôture de la compétition s’est faite sur une touche soufie. « Hadhret tounes el aamak » de Abdallah Dhaouadi emporte et ravit quoique se basant sur une recette déjà vue et revue. Le tout donne une compétition colorée, à l’image des influences musicales du pays. Au-delà du concours, l’on aimerait voir ces spectacles voyager dans toute la Tunisie et être les ambassadeurs de leurs régions pour différents publics.