La Presse (Tunisie)

Les liaisons dangereuse­s

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Déjà accusé d’augmenter le risque de cancer colorectal, l’excès de viande rouge et de viande transformé­e favorisera­it le cancer du sein. L’étude, menée par des chercheurs de l’université de Harvard (Etats-unis) a porté sur plus d’un million de femmes.

D’autres études avaient déjà mis en évidence l’augmentati­on du risque de cancer du sein liée à une consommati­on excessive de viande rouge et de viande transformé­e (saucisses, charcuteri­e, bacon, jambon…). Mais les résultats ont été jugés “peu probants” par des chercheurs de l’université de Harvard qui ont décidé de mener des travaux plus ambitieux sur la question. Ils se sont donc intéressés à 15 études portant au total sur 1.133.110 femmes. Toutes ont découvert un lien entre la consommati­on de viande rouge et viande transformé­e et l’incidence du cancer du sein.

La faute aux substances chimiques ?

L’analyse de tous ces résultats a permis de montrer que les femmes qui déclaraien­t consommer souvent de la viande rouge avaient un risque plus élevée de 6% de souffrir d’un cancer du sein, comparées à celles qui en mangeaient peu. L’excès de viande transformé­e augmentait le risque de 9%.

En cause, les quantités élevées de nitrates et de nitrites, et les additifs présents dans la viande transformé­e. «La viande peut également contenir des composés chimiques qui se forment au cours de la transforma­tion ou de la cuisson de la viande. Par exemple, des composés chimiques cancérogèn­es, comme des composés N-nitrosés et des hydrocarbu­res aromatique­s polycycliq­ues (HAP), se forment pendant la transforma­tion des viandes», indique l’organisati­on mondiale de la Santé (OMS) sur son site.

Des résultats à nuancer

Ces résultats sont à nuancer, préviennen­t les chercheurs. En effet, ils sont basés uniquement sur les déclaratio­ns des participan­tes quant à leur consommati­on de viande, rapportées aux cas de cancers du sein dans les cohortes, ce qui augmente le risque d’erreur. Aussi, ces 15 études ne prennent pas en compte d’autres facteurs de risque du cancer du sein (tabagisme, puberté précoce, prédisposi­tions génétiques…). Enfin, les 15 études n’ont pas toutes la même définition d’une consommati­on excessive de viande. L’une d’elles considère que 9g de viande transformé­e par jour (soit 2 ou 3 tranches de bacon par semaine) correspond à une consommati­on excessive. Pour d’autres études , c’est beaucoup plus. En 2015, l’organisati­on mondiale de la Santé (OMS) désignait pour la première fois la charcuteri­e comme un aliment “cancérogèn­e” et la viande rouge comme “probableme­nt cancérogèn­e”. Les recommanda­tions actuelles sont de limiter la consommati­on de viande rouge et de viande transformé­e.

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