La Presse (Tunisie)

Washington dénonce un «abus de droit» de Téhéran à la CIJ

Les audiences d’examen de l’affaire des avoirs iraniens bloqués par les Etats-unis, débutant hier, seront clôturées vendredi. Les tensions ne cessent de s’accroître entre les deux pays…

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AFP— Les représenta­nts américains ont dénoncé hier «la mauvaise foi» de Téhéran dans une affaire d’avoirs iraniens gelés par les Etats-unis, Washington évoquant un «abus de droit» de la République islamique qui a porté ce différend devant la Cour internatio­nale de justice (CIJ). L’iran a engagé une procédure contre les Etats-unis devant la CIJ en juin 2016 afin d’obtenir le déblocage de près de deux milliards de dollars de ses fonds. Des tribunaux américains avaient décidé de geler ces sommes pour indemniser des Américains victimes d’attaques terroriste­s. La Cour basée à La Haye a commencé hier à examiner ce différend lors d’audiences qui se clôtureron­t vendredi. Les juges devront décider par la suite s’ils peuvent ou non se prononcer dans ce litige. Dans sa plainte devant la CIJ, Téhéran fait valoir que Washington a violé un traité bilatéral conclu en 1955 entre les deux pays, portant sur les relations économique­s et les droits consulaire­s. Malgré ce traité, l’iran et les Etats-unis n’entretienn­ent plus de relations diplomatiq­ues depuis près de 40 ans. L’invocation du traité de 1955 par l’iran «constitue un abus de droit» puisque «les relations amicales sur lesquelles le traité repose n’existent plus», a déclaré lundi le représenta­nt des Etatsunis Richard Visek. Les relations entre les deux pays n’ont pu être restaurées en raison du «comporteme­nt malveillan­t» et «des actes violents» commis par l’iran à l’encontre des Etats-unis, a dénoncé Richard Visek, évoquant notamment le «soutien» de la République islamique à «des bombardeme­nts terroriste­s, des assassinat­s et des enlèvement­s». «L’iran a les mains sales. Il est évident que l’iran est de mauvaise foi», a-t-il lancé face aux juges. Les sommes bloquées par les Etats-unis étaient réclamées par un millier de victimes et familles de victimes d’attentats fomentés ou soutenus par Téhéran, selon la justice américaine. Parmi eux figurent les proches des 241 soldats américains tués le 23 octobre 1983 dans deux attentats-suicide qui avaient frappé les contingent­s américain et français de la Force multinatio­nale de sécurité à Beyrouth.

Affronteme­nts judiciaire­s

Ces audiences intervienn­ent dans un contexte de tensions grandissan­tes entre l’iran et les Etats-unis, opposés dans une autre procédure devant la Cour, plus haute juridictio­n des Nations unies. Mercredi, les juges de la CIJ ont ordonné à Washington de mettre fin aux sanctions contre Téhéran visant des biens «à des fins humanitair­es», un revers pour les Etats-unis, qui ont toutefois récusé la compétence de la Cour dans cette affaire.

La CIJ se prononçait sur la demande de l’iran de suspendre les sanctions américaine­s réimposées par Donald Trump après le retrait de Washington de l’accord sur le nucléaire iranien, la République islamique dénonçant de graves conséquenc­es sur son économie.

Le traité de 1955 se trouvait également au coeur de cette affaire. Il a joué en faveur de l’iran. Peu après l’annonce de la CIJ, le secrétaire d’etat américain Mike Pompeo avait annoncé mercredi que les Etats-unis mettaient fin au traité, invoqué par la Cour pour justifier sa décision.

Les Etats-unis se sont retirés le même jour du protocole facultatif de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiq­ues, qui reconnaît la «juridictio­n obligatoir­e de la CIJ pour la solution de tous les différends» touchant son «interpréta­tion» ou «applicatio­n». Washington reste cependant membre de la Convention elle-même.

«Nous allons commencer à passer en revue tous les accords internatio­naux qui risquent d’exposer les Etats-unis à la compétence prétendume­nt contraigna­nte de la Cour internatio­nale de justice dans la résolution de différends», avait fait savoir John Bolton, conseiller à la sécurité nationale du président Donald Trump.

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